Les contingents nationaux disposaient de leurs propres écoles de formation d'officiers (Kriegsschulen) : - pour le royaume de Prusse : Potsdam, Glogau, Neiße, Engers, Hannover, Kassel, Anklam, Metz, Hersfeld, Danzig ; - pour le royaume de Bavière : Munich ; - pour le royaume de Wurttemberg : Ludwigsburg ; - pour le royaume de Saxe : Erfurt.
Il y avait d'autres écoles de formation spécialisée, telles que les Feld- et Fussartillerie-Schiessschulen de Jüterbog par exemple.
En revanche, seul le royaume de Prusse et celui de Bavière disposaient d'une "école supérieure de guerre" (Kriegsakademie), à Berlin et Munich respectivement, pour la formation des officiers d'état-major (Generalstäbler).
Pour moi, chaque régiment n'avait qu'un seul drapeau qui rappelait généralement les couleurs nationales, c'est-à-dire prussiennes, bavaroises, saxonnes, wurttembergeoises, mais aussi des petits Etats dont les forces armées étaient fondues dans celles de la Prusse. Ma connaissance du sujet étant faible, je peux toutefois me tromper sur ce point.
Des deux "innovations" dont vous parlez, seule la première constitue un avantage matériel absolu. En effet, la France a fait le choix d'un canon de campagne à tir rapide, excellent au demeurant, le 75 modèle 1897 de Puteaux. Hélas, c'était considérer l'artillerie sous le seul angle de l'appui en tir direct de l'infanterie, et pas vraiment de la contrebatterie, encore moins de la guerre des places. En effet, un canon, comme ce nom l'indiquait encore à l'époque, à (pour faire simple) un tube plus long que les autres catégories de pièces (obusiers et mortiers). Cela offre une vitesse initiale à l'obus plus rapide, donc une stabilité de la trajectoire du projectile plus importante, et cette trajectoire est tendue (globalement rectiligne même s'il y a toujours ce qu'on appelle une flèche). Il permet donc des tirs à vue meurtriers, mais sa portée pratique est limitée à 6500 mètres (8500 mètres de portée maximale, ce qui le rendra de moins en moins performant au fur et à mesure que la guerre avance) et il est peu performant voire carrément inefficace dans les trajectoires courbes, pour "taper" des objectifs dissimulés derrière un mouvement de terrain par exemple. L'obusier, au tube plus court, utilise une trajectoire plus parabolique qui lui permet de frapper des objectifs à contrepente. Le 10,5cm Feldhaubitze 98/09 allemand, s'il n'a qu'une portée de 6300 mètres, peut ainsi réaliser un tir de contrebatterie sur des 75 français tout en étant virtuellement invulnérable à leurs coups directs, à condition qu'il soit positionné derrière une pente ou un obstacle. Je ne parle pas des mortiers qui ont des trajectoires encore plus paraboliques et en contrepartie des portées plus courtes.
Les Allemands, outre de disposer de pièces plus variées qui leur permettent une plus grande flexibilité tactique (une plus grande "offre" d'emploi, si vous préférez), ont en plus fait le choix de disposer de pièces de siège lourdes, même si elles ne sont guère nombreuses au début du conflit (je pense au 42cm Haubitze M.14 austro-hongrois qui participe au siège de Liège notamment, les Austro-Hongrois déployant aussi une gamme de mortiers lourds comme les Mörser 24cm M.98 ou 30,5cm M.11).
Les Allemands disposent donc d'un avantage très net face à des Français qui disposent d'une artillerie de pièce statique et désuète (comprenant notamment de vénérables canons de 90mm de Bange modèle 1877 !), et ils tireront le meilleur de leur artillerie lourde jusqu'en 1916-1917. Heureusement que leur canon de 7,7cm était nettement inférieur au 75 !
Pour les mitrailleuses, ce n'est pas une innovation, ni même un avantage puisque la compagnie d'infanterie allemande comprend le même nombre de mitrailleuses que la française en 1914 (deux). C'est uniquement la disposition et l'utilisation tactique de ces armes, poussées au plus près de la ligne de contact, qui leur procurent un avantage immédiat qui disparaît d'ailleurs rapidement (avec la fin de la guerre de mouvement). Ici, c'est leur doctrine qui est meilleure. Mais on notera qu'ils prennent le risque d'exposer des armes particulièrement vulnérables et cruciales à l'action tactique, quand nous choisissons de les protéger en les mettant en retrait. Cela est donc surtout révélateur de leur capacité à risquer pour vaincre, et de la confiance qu'ils ont dans les échelons tactiques pour emporter la décision.
En ce qui me concerne, je pense qu'ils disposent d'une armée plus équilibrée, mieux encadrée et plus capable de manoeuvrer que la nôtre, avantage contrebalancé par le fait qu'ils sont obligés de la diviser sur deux théâtres d'opérations très distants.
CEN EMB
_________________ "Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"
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