Nous sommes actuellement le 28 Mars 2024 19:35

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 32 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message :
Message Publié : 29 Jan 2006 0:59 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 23 Mai 2002 23:54
Message(s) : 601
Localisation : N France / Haute-Normandie / Seine-Maritime / Rouen
Bonsoir,

La campagne d'Ulm, en 1805, est aussi un exemple des difficultés que peut éprouver Napoléon à deviner les intentions de son adversaire direct, surtout si ci ce dernier est illogique et d'une médiocrité affligeante.

Contrairement à un mythe bien établi, l'encerclement des Autrichiens de Mack dans Ulm n'était pas prévu à l'avance dans un plan de campagne imaginé juste avant d'entrer en Allemagne. L'idée d'encercler Mack dans Ulm est venu en pleine campagne de Bavière et quelques jours à peine avant l'exécution.

Sa stratégie de guerre est bonne. La guerre de la troisième coalition oppose sur le papier 250 000 Français à 500 000 coalisés. Cependant, les coalisés sont bien trop divisés dans toute l'Europe, du nord jusqu'à Naples, les Russes ne sont pas encore arrivés en Allemagne. Dès lors, Napoléon décide de frapper les coalisés en détails, il décide d'attaquer tout d'abord les 80 000 Autrichiens de Mack avec une masse de 160 000 Français, s'assurant ainsi une supériorité numérique de deux contre un. Une fois Mack éliminé, Napoléon pourrait se lancer avec sa masse de manoeuvre contre un autre adversaire.

Sachant les Autrichiens de Mack établis sur la rive sud du Danube, Napoléon imagine tout d'abord le plan suivant. Après avoir traversé le Rhin, Napoléon fera descendre ses corps Français vers le Danube, en arrivant par la rive nord. Ses communications pouvant alors être menacés si Napoléon passe sur la rive sud du Danube, Mack pourrait être pris d'inquiétude et ferai alors exécuter une retraite vers l'est. Dans ce cas là, Napoléon ferait descendre ses troupes sur la rive sud et, via une offensive générale, attaquerait les Autrichiens de Mack sur leur flanc gauche découvert pour finalement les anéantir sur les montagnes noires.

Ce premier plan, si bon qu'il était, ne sera jamais réalisé.

En effet, voyant pourtant les Français au bord du Danube par la rive nord, Mack ne semble pas s'inquiéter et décide de rester à l'intérieur et aux alentours d'Ulm. Napoléon change alors de plan. Il fait traverser le Danube à ses corps Français et s'établi sur la rive sud. S'installant ainsi sur les communications des Autrichiens avec Vienne et les Russes, Napoléon pense que Mack sera donc tenté à venir livrer une bataille adéquate à se rouvrir ses communications. Au départ, Mack va justement chercher à se rouvrir ses communications en passant sur Napoléon. Pour cela, le généralissime Autrichien fait n'importe quoi. Au lieu de faire manoeuvrer toute son armée vers l'est, il envoie juste un détachement de cinq milles Autrichiens à l'attaque. Condamné évidemment à être écrasé par la masse de Napoléon, ce détachement sera finalement anéantie par les forces de Murat à la bataille de Wertingen, c'est-à-dire par des forces Françaises égales en nombre, cinq milles Français anéantissent les cinq milles Autrichiens. La victoire Française de Wertingen ne coûta que cent tués et six cent blessés aux Français.

Déçu par la défaite Autrichienne de Wertingen et se rendant compte de la supériorité numérique de Napoléon sur la rive sud du Danube, Mack se décide à changer de plan. Afin de se rouvrir ses communications et afin de prendre à revers Napoléon, Mack se décide à faire passer son armée sur la rive nord du Danube. C'est là que Napoléon va commencer à ne plus trop discerner les intentions de l'ennemi. Au moment où Mack est décidé à repasser sur la rive nord du Danube, Napoléon pense que les Autrichiens vont se retenter à une percée vers l'est par la rive sud du Danube. Le chef Français à tout simplement pensé que les troupes Autrichiennes battues à Wertingen n'étaient qu'une avant-garde précédant toute l'armée de Mack se dirigeant vers l'est. Ney se trouvant sur la rive nord du Danube, Napoléon va donc ordonner au futur duc d'Elchingen de passer sur la rive sud du Danube et d'attaquer le flanc d'un Mack qui, dans l'esprit de l'Empereur Français, manoeuvrait vers l'est. L'erreur d'interprétation de Napoléon va entraîner une première bataille du hasard. Devant passer sur la rive sud du Danube, Ney se prépare à s'emparer des ponts de Gunzburg. Il a finalement la surprise de prendre contact avec toute l'armée de Mack qui, ne voulant pas aller vers l'est mais cherchant à passer sur la rive nord du Danube, occupe déjà la ville de Gunzburg. Ney réussit à s'emparer des ponts de Gunzburg et gagne un peu de terrain sur la rive sud malgré des combats opiniâtre. Possédant pourtant des forces très supérieures en nombre, Mack se décourage sans raisons et abandonne Gunzburg pour se replier sur Ulm.

S'étant replié sur Ulm après avoir abandonné trop facilement le combat de Gunzburg, Mack est tout de même décidé à tenter un passage sur la rive nord du Danube, mais via la ville d'Ulm. Apprenant la tournure du combat de Gunzburg, Napoléon pense logiquement que ce combat ne devait être qu'une diversion adéquate à faire croire un faux passage vers la rive nord du Danube. Tout en continuant à penser que Mack pourrait être tenté à percer par l'est sur la rive sud du Danube, Napoléon imagine que son adversaire pourrait être aussi tenté à s'échapper vers les montagnes du Tyrol, via une marche vers le sud, dans ce cas Mack ne rétablirai pas ses communications mais aurait l'avantage d'échapper aux Français. Tout en conservant des corps avec lui pour contrer une éventuel percée de Mack par l'est, Napoléon ordonne donc à plusieurs de ses corps de se préparer à poursuivre les Autrichiens si ces derniers s'en vont vers les montagnes du Tyrol. Faisant partie de ses corps, celui de Ney doit descendre de la rive nord à la rive sud du Danube. Cependant, avant de faire cela, Ney reçoit de Napoléon l'ordre de s'emparer d'Ulm en peu de temps. Évidemment, pensant que Mack est en train de manoeuver par l'est sur la rive sud ou qu'il se dirige vers les montagnes du Tyrol, Napoléon s'imagine qu'il n'y a pratiquement plus de troupes Autrichiennes dans Ulm. Hors, comme je l'ai évoqué plus haut, Mack n'a nullement l'intention d'aller vers l'est par la rive sud du Danube ou vers les montagnes du Tyrol, son intention est de faire passer son armée de la rive sud du Danube vers la rive nord via la ville d'Ulm. Napoléon s'est donc trompé car Ulm ne se compose pas de quelques troupes Autrichiennes, mais de toute l'armée Autrichienne de Mack. Pour ne rien arranger, Ney se décide à s'emparer d'Ulm par une attaque par les rives nord et sud du Danube, deux divisions de son corps attaqueront par la rive sud pendant que la division Dupont, suivi de la division Baraguey d'Hilliers, devront attaquer Ulm par la rive nord. Baraguey d'Hilliers ne venant pas en aide à Dupont, ce dernier va se retrouver à lutter avec sa division contre la majorité des troupes Autrichiennes. C'est la bataille d'Alasch. L'héroïque division Dupont résiste superbement et réussie à éviter l'anéantissement de sa division en se frayant un passage à travers les masses nettement supérieures des Autrichiens.

On s'est imaginé que c'est la bataille d'Alasch qui aurait fait comprendre à Napoléon l'intention de Mack à s'aventurer sur la rive nord du Danube. Évidemment, ca serait logique. Mais la réalité est autre. C'est Lannes qui a compris en premier l'intention de Mack. Il envoya deux lettres, l'une à Murat, l'autre à Napoléon. Murat ne prit pas les informations de Lannes au sérieux, Napoléon oui. En fait, juste avant l'engagement de la bataille d'Alsach, Lannes, puis Napoléon, avaient finalement compris que la majorité des troupes Autrichiennes se trouvait dans Ulm et que Mack n'avait d'autres objectifs que de s'évaporer sur la rive nord du Danube. Dès lors, à partir de ce moment, Mack n'échappera plus à Napoléon.

Sachant son adversaire dans Ulm, Napoléon va lancer son filet pour anéantir l'armée Autrichienne. Il va imaginer, tout simplement, une manoeuvre consistant à encercler les troupes Autrichiennes de Mack dans Ulm, cela via les rives sud et nord du Danube. Les troupes Françaises étant déjà présentes sur la rive sud, là n'est pas le soucis, le problème vient que les Français ne sont pas encore présents sur la rive nord du Danube. Napoléon va donc devoir forcer un passage sur la rive nord du Danube, retour à la case de départ. Mais tout en se frayant un passage vers la rive nord, Napoléon veut faire en sorte que ce passage soit le plus proche possible d'Ulm. Ainsi, Napoléon pourrait encercler l'ennemi par la rive nord sans que Mack n'ai beaucoup de temps pour s'échapper d'Ulm. Napoléon vise une tête de pont par Elchingen. Ney y livre une bataille mémorable, y bat sévèrement les Autrichiens, ce qui lui vaudra le titre de duc d'Elchingen. La victoire Française d'Elchingen opposa des troupes Françaises égales en nombre à celles des Autrichiens, les Français perdirent pas plus de cent cinquante tués et sept cent blessés, les Autrichiens perdirent quatre milles hommes.

Fort de la victoire d'Elchingen, Napoléon s'offre donc un passage sur la rive nord du Danube tout en étant très proche d'Ulm. Son plan prend forme. Dorénavant, Mack dispose de peu de temps pour organiser une sortie d'Ulm avant que Napoléon ne déploie son filet d'encerclement sur la rive nord du Danube. Napoléon n'a pas d'inquiétude à se faire. Mack imagine n'importe quoi sur les intentions des Français. Mack a appris, d'une source Allemande, une fausse information : les Britanniques auraient réussi à s'emparer de Boulogne et ils auraient ainsi fait éclater une révolution en France. L'information est délirante, mais Mack y croit dur comme fer. Fort de cette fausse information, Mack va même croire que Napoléon ne manoeuvre pas pour l'encercler mais que le chef Français se dirige vers le Rhin avec ses troupes pour rentrer en France et, ainsi, mater la révolution...qui n'existe que dans la tête de Mack. Face à un tel adversaire, Napoléon a en fait tout le temps pour terminer l'encerclement d'Ulm par la rive nord du Danube. Ney attaque les hauteurs d'Ulm et, suite à un vif combat, en expulse les Autrichiens. L'encerclement est terminé. La Garde, Ney, Lannes par la rive nord, Soult et Marmont par la rive sud, encerclent parfaitement les vingt-cinq milles Autrichiens de Mack dans Ulm.

Cette fois, Mack a compris qu'il était encerclé. Ces généraux lui proposent d'effectuer une sortie de nuit et de rompre l'encerclement Français. Trop prudent, Mack s'y refuse. Mack pense à une autre solution, bien plus simple mais bien naïve. Il est persuadé que les Russes ne tarderont pas à arriver et qu'ils jéteront les Français sur le Rhin, dégageant ainsi la place d'Ulm. Les Russes sont bien trop loin pour cela, Mack n'a pas les vivres nécessaires pour tenir dans Ulm jusqu'à l'arrivée des Russes. Mack s'imagine aussi que la ville d'Ulm possède des murailles adéquates à résister à un siège. C'est encore un faux calcul de sa part. Napoléon peut s'emparer d'Ulm quand il le désire. Les murailles d'Ulm datant du Moyen-Age, elles n'ont aucunes chances de résister au feu de l'artillerie Française positionnée sur les hauteurs conquises par Ney. Une fois les murailles détruites, 80 000 Français confiants et sur-motivés n'auront aucun mal à réduire, par un assaut général, 25 000 Autrichiens au moral affaibli. Cependant, voulant éviter un effusion de sang, Napoléon cherche à faire capituler Mack par la négociation. Après de multiples échanges, Napoléon réussit à faire comprendre à Mack que les Russes, étant trop loin, les Autrichiens n'auront pas les vivres nécessaires pour tenir jusqu'à l'arrivée de leurs allié. Mack se décide donc à capituler, 25 000 Autrichiens, ainsi que bon nombre de canons, de chevaux, de drapeaux tombent aux mains des Français avec la place d'Ulm. Juste après la bataille d'Alasch, Mack avait fait partir d'Ulm la colonne de Wermeck pour effectuer une reconnaissance. Cette colonne Autrichienne menaçant les arrières de l'encerclement Français autour d'Ulm, Napoléon avait ordonné à Murat d'attaquer Wermeck et d'anéantir ses troupes. Via une série de victoires, Murat réussit à anéantir entièrement les 10 000 Autrichiens de Wermeck. Ainsi, avec les victoires de Wertingen, d'Elchingen, la destruction des troupes de Wermeck, la capitulation d'Ulm, ce sont 50 000 Autrichiens qui sont anéantis en deux semaines. Napoléon a réalisé là une de ses plus belle campagnes.

L'on constate donc qu'à l'instar de la campagne d'Italie de 1800, la campagne d'Allemagne de 1805 marque encore des difficultés de Napoléon à savoir les intentions réels de son adversaire direct. Avec un général comme Mack, ce n'est pas très étonnant. Napoléon considère le général Allemand comme beaucoup trop doué que le général Allemand ne l'est vraiment. Ce qui n'arrange rien, c'est que le général Allemand fait souvent des manoeuvres totalement contradictoires, comme l'épisode de Gunzburg où il renonce à se frayer un passage vers la rive nord du Danube alors que Ney est en infériorité numérique pour finalement se décider quand même à se frayer un passage sur la rive nord du Danube mais via Ulm. Comment Napoléon aurait pu comprendre, dès le début, les intentions d'un ennemi aussi étrange ?

Bonne fin de week end.

_________________
Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.

Charles Baudelaire


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Mars 2011 20:02 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
Message(s) : 2683
Le 11 septembre 1802, Bonaparte réunit le Piémont à la République française, après une brève expérience de "république subalpine". Pourquoi ?

Cette décision est particulièrement mal reçue en Europe car elle semble signifier que malgré la paix d'Amiens la France ne renonce pas à s'étendre. Elle indique aussi que le Premier Consul ne compte pas limiter le territoire de la république aux frontières naturelles de la France (les Alpes, le Rhin). Bref l'impact diplomatique est négatif.

Quant aux patriotes italiens, ils ne peuvent qu'être déçus par une décision qui éloigne Turin de Milan - et réduit la république italienne au seul Milanais.

Quel est l'intérêt militaire d'une telle initiative ? bien faible puisque de toutes façons l'armée française est largement présente en Italie du Nord depuis Marengo et que l'armée de la république italienne lui est subordonnée.

Faut il penser que napoléon ne croyait pas en la solidité de la république itélienne et qu'il n'excluait pas de rendre le Milanais à l'Auttriche en cas de besoin mais souhaitait conserver le versant oriental des Alpes pour couvrir le sud de la France ?

je suis en attente de votre avis.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 08 Mars 2011 21:16 
Hors-ligne
Georges Duby
Georges Duby
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
L'idée de Napoléon est probablement d'attacher définitivement le Piémont à la France, alors qu'une présence française ne suffit pas à garantir les intérêts français. Le Piémont assure un surplomb de l' Italie du nord et aussi un bon point de départ pour attaquer l' Autriche, plus proche. Il construit une grande France, en l'étendant de la Belgique au Piémont par le Rhin et la Suisse.
Le futur empereur a dû penser aussi à son origine italienne.
A t-il devançé par un pressentiment une future nation italienne, en lui enlevant un morceau de choix ? Pas impossible, Napoléon avait une remarquable intuition sur l'avenir des peuples , comme il l'a démontré en allant en Egypte sur la route de l' orient ( déjà) et en s'attaquant à son tour à l'empire ottoman, après Catherine et Joseph II.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 13 Mars 2011 18:59 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
L'annexion du Piémont permettait à la France d'assoir plus concrètement sa domination à l'est de la chaîne alpine, le Piémont devenant dès lors un boulevard offrant à la fois à la France une position ferme dans le cadre d'un soutien potentiel à la république italienne et une assise puissante face à la Vénétie autrichienne.
A ces considérations stratégiques, il ne faut pas non plus oublier les données économiques, le Piémont étant une région particulièrement riche sur laquelle lorgnait Paris bien avant que Bonaparte ne prenne le pouvoir en France.

L'annexion fit bien sûr grincer des dents, mais Bonaparte ne se considérait engagé en rien vis à vis de ces territoires par rapport aux autres puissances européennes. De plus, il pouvait toujours arguer du fait qu'il se basait ici sur le référendum (fort douteux) que le gouvernement provisoire piémontais avait lancé sur la question en février 1799.
Quand Whitworth vint lui reprocher cette expension, "bagatelle" fut sa réponse...

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 13 Mars 2011 19:00 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
L'annexion du Piémont permettait à la France d'assoir plus concrètement sa domination à l'est de la chaîne alpine, le Piémont devenant dès lors un boulevard offrant à la fois à la France une position ferme dans le cadre d'un soutien potentiel à la république italienne et une assise puissante face à la Vénétie autrichienne.
A ces considérations stratégiques, il ne faut pas non plus oublier les données économiques, le Piémont étant une région particulièrement riche sur laquelle lorgnait Paris bien avant que Bonaparte ne prenne le pouvoir en France.

L'annexion fit bien sûr grincer des dents, mais Bonaparte ne se considérait engagé en rien vis à vis de ces territoires par rapport aux autres puissances européennes. De plus, il pouvait toujours arguer du fait qu'il se basait ici sur le référendum (fort douteux) que le gouvernement provisoire piémontais avait lancé sur la question en février 1799.
Quand Whitworth vint lui reprocher cette expension, "bagatelle" fut sa réponse...

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 14 Mars 2011 15:07 
Hors-ligne
Salluste
Salluste

Inscription : 11 Mai 2008 19:00
Message(s) : 296
Le dictionnaire Napoléon mentionne les raisons données par Cyril Drouet et en ajoute une autre (qui tient plus du pretexte) : l'annexion de la Vénétie par l'Autriche en 1797 aurait exigé par un rééquilibrage à l'ouest du territoire italien ...

Plus sérieusement, l'article "Gênes" (qui fut annexée en 1805) du même dictionnaire donne deux autres raisons qui peuvent sans doute être transposées au Pémont : en premier lieu, l'"esprit de clocher" très fort en Italie, même de nos jours, et le sentiment anti-milanais auraient rendus plus aceptable le rattachement direct à l'empire plus qu'à la république italienne. En second lieu, l'intérêt (notamment économique) de ces régions auraient justifié un rattachement à la France qui par exemple ouvrait son marché intérieur aux importations piémontaiese et finnaçait les liaisons routières transalpines.

Mais en 1802 comme en juin 1805, nul ne pouvait prédire Austerlitz et la suite : il n'était pas certain que la république italienne vive bien longtemps ni qu'elle devienne aussi étroitement vassale de la France qu'elle le fut. Il n'était pas impossible que les Autricichiens reviennent à Milan ou que la République italienne vive une vie plus autonome entre les deux blocs français et autrichiens...


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Mai 2011 7:57 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
Message(s) : 2683
E de Waresquiel dans son Talleyrand évoque le sujet de façon très superficielle : le ministre était contre car il craignait que cela n'inquiète les autres puissances en laissant penser que la France voulait s'étendre malgré les signatures données à Luneville et Amiens (que Talleyrand interprétait comme un accord global impliquant la stabilisation définitive des frontières de chacun des partenaires). Les Anglais ont été choqués.

Cela dit, les traités n'excluaient pas formellement une nouvelle extension de la France - et le Piémont pouvait peut-être être vu comme le prolongement naturel de la Savoie et de Nice (même si c'est un peu tiré par les cheveux) ?

A noter que les biens de l'Eglise ne furent pas nationalisés en Piémont et donc que le clergé n'y fut pas semble-t-il payé par l'Etat ...


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Mai 2011 13:18 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Voici ce que l'on trouve à ce sujet dans les Mémoires de Talleyrand :

"Le Piémont aurait dû être restitué au roi de Sardaigne immédiatement après la paix de Lunéville : il n'était qu'en dépôt entre les mains de la France. Le restituer aurait été à la fois un acte de justice rigoureuse et de très sage politique. Bonaparte, au contraire, le réunit à la France. Je fis de vains efforts pour le détourner de cette mesure. Il croyait qu'elle était dans son intérêt personnel, son amour-propre lui paraissait la réclamer, et il prévalut contre tous les conseils de la prudence,.
Quoiqu'il eût par ses victoires contribué à l'agrandissement de la France, aucun des territoires dont elle s'était récemment agrandie n'avait pourtant été conquis par les armées qu'il avait commandées. C'était sous la Convention que le comtat d'Avignon, la Savoie, la Belgique, la rive gauche du Rhin avaient été réunis à la France ; et Bonaparte ne pouvait personnellement réclamer aucune de ces conquêtes comme venant de lui. Régner, et régner héréditairement, comme il aspirait à le faire sur un pays agrandi par des chefs autrefois ses égaux, et qu'il voulait avoir pour sujets, lui paraissait presque humiliant, et pouvait d'ailleurs amener des oppositions qu'il tenait à éviter. C'est ainsi que, pour justifier ses prétentions au titre souverain, il jugea nécessaire d'ajouter à la France des possessions qu'elle tînt de lui. Il avait été le conquérant du Piémont en 1796, ce qui lui semblait désigner ce pays comme propre à remplir ses vues. Il en fit donc prononcer par le Sénat la réunion à la France, n'imaginant pas que personne lui demandât raison d'une violation aussi monstrueuse de ce que le droit des gens a de plus sacré. Son illusion ne devait pas être de longue durée."

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Août 2017 13:08 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2012 18:05
Message(s) : 343
Je me demande si Marengo n'est pas sous-évalué dans la légende Napoléonienne.
Alors que selon moi, avec Austerlitz, Leipzig et Waterloo, elle est l'une des batailles les plus décisives de la geste Napoléonienne.

Elle survient après le 18 Brumaire, où après un coup de force difficile, Bonaparte s'est imposé à la tête du pays. Mais il sait que son pouvoir est encore mal installé et qu'il a besoin d'un succès militaire éclatant pour confirmer son pouvoir.

La 2e campagne d'Italie est en plus difficile... Masséna bloqué dans Gêne et obligé de capituler, Napoléon qui passe par le Saint-Gottard dans des conditions éprouvantes pour surprendre l'ennemi. Un 1er succès disputé de Lannes à Montbello.

Et la bataille qui s'engage dans les pires conditions. Napoléon commentant une grave erreur en dispersant ses forces... A 17h00, tout semble perdu... A tels points que certains observateurs sont déjà parti en France annoncer la défaite de Bonaparte. Et le miracle Desaix qui transforme la défaite en victoire. La dramaturgie est d'ailleurs assez incroyable, on aurait voulu faire une tragédie de cette bataille qu'on ne serait pas pris autrement.

La victoire au final va permettre à Bonaparte de consolider son pouvoir et d'avancer vers le Consulat à vie.
En cas de défaite par contre... Je lisais le roman de Balzac la Ténèbreuse affaire hier soir... Alors bien sûr compte tenu du fait que c'est du Balzac donc très romancé, mais il en fait le sous-texte de son intrigue avec les manoeuvres de Fouché et du diable boiteux pour pallier à une défaite de Bonaparte. Je sais que cette hypothèse que n'est que littéraire... Mais j'imagine bien que Napoléon revenant d'Italie la queue entre les jambes, les poignards seraient ressorti à son retour. Surtout vu les zigottos qui soutenaient son pouvoir à l'époque, et vu les rancoeurs accumulées depuis Brumaire.

Après je sais que Napoléon a souvent joué son va-tout dans beaucoup de batailles- Sans Arcole et Rivoli, la légende n'aurait jamais pu commencer. Sans Austerlitz, est-ce que l'empire aurait survécu à une issue négative ?

Marengo n'aura jamais l'éclat glorieux d'Austerlitz- et en terme d'action militaire pur, elle n'est pas vraiment glorieuse pour Napoléon puis qu'il n'est pas passé loin de la défaite à cause d'une d'une grave erreur de sa part... Mais elle est presque pour moi la plus décisive de toutes.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Août 2017 14:29 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 01 Avr 2014 15:29
Message(s) : 5
Bonjour,

Je ne suis pas très au point en histoire militaire, mais il ne m'a jamais semblé que Marengo ait été sous-évaluée par les historiens, tout au moins pour son versant politique. Pour ce qui est de la bataille proprement dite, je ne saurais dire, mais en terme de politique intérieure, c'est une affaire majeure : elle consolide, comme vous le soulignez, et définitivement, la situation auparavant mal assurée de Bonaparte à la tête de l'Etat français.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Août 2017 18:06 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Lordblackadder a écrit :
Mais elle est presque pour moi la plus décisive de toutes.


Marengo eut une grande importance tant sur les plans militaire que politique et diplomatique ; cependant, si la bataille avait eu un caractère aussi décisif, il n'y aurait pas eu besoin d'Hohenlinden.

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Août 2017 19:33 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2012 18:05
Message(s) : 343
Drouet Cyril a écrit :
Lordblackadder a écrit :
Mais elle est presque pour moi la plus décisive de toutes.


Marengo eut une grande importance tant sur les plans militaire que politique et diplomatique ; cependant, si la bataille avait eu un caractère aussi décisif, il n'y aurait pas eu besoin d'Hohenlinden.


Hohenlinden est la bataille qui met fin à la 2e coalition, mais je suis pas sûr qu'une défaite de Moreau à ce moment aurait le même retentissement sur le destin de la France que Marengo. Pas de Napoléon sans Marengo.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Août 2017 19:46 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Lordblackadder a écrit :
Pas de Napoléon sans Marengo.


C'est du "what-if ?"... :rool:

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 01 Août 2017 22:57 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
Message(s) : 2195
Napoléon n'y est pour rien, c'est Kellermann qui lui sauve la mise !

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Sep 2017 11:53 
Hors-ligne
Thucydide
Thucydide

Inscription : 02 Nov 2006 21:00
Message(s) : 55
?????? 8-|


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 32 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 12 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB