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Jerôme a écrit :
Mais il me semble que ... N'est ce pas ce que Louis XV et Marie Thérèse avaient en tête en "renversant les alliances"?
Berlin sera occupée durant 4 jours par les troupes russes et autrichiennes, il y aura pillage de l'Arsenal, de Charlottenbourg et actes de violences de la soldatesque, pillage de certains quartiers.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Raid_sur_BerlinPour le déséquilibre des forces, FII est un habitué qui a eu aussi de gros coups de chance (décès d'Elisabeth Ière de Russie,
Miracle de la Maison de Brandebourg etc.). A noter que certains belligérants passeront des paix séparées.
L'armée petite ? Peut-être mais efficace devant des coalisés qui ne sauront s'entendre pour donner une cohérence d'actions.
La Saxe envahie, l'armée prussienne se verra abondé de 20 000 Saxons.
Le choix de l'Angleterre comme allié était un choix sûr. George II plus souvent sur le continent en tant que prince électeur de Hanovre ne lâcherait rien quitte parfois à avoir des frictions avec son Parlement. De plus c'était un allié, en cas de victoire, qui ne réclamerait pas sur le continent mais au niveau colonial afin d'établir sa position elle aussi montante et de grignoter les possessions françaises.
Le renversement des alliancesLa guerre de SA se termine en 1748 et dès 49, Kaunitz pousse déjà l'archiduchesse vers la France. Pour lui, la Prusse est un ennemi bien plus à craindre. Il y a des échanges. M-Thérèse n'est pas convaincue. La France est entièrement plongée dans une rivalité coloniale et maritime face à l'Angleterre.
Au final, les choses vont se faire assez vite. Chaque Cour sait que la fin du conflit de SA n'est qu'une trêve. La Silésie vaut son poids. L'Autriche a une armée réformée par le comte Haugwitz. Chacun oeuvre pour le choix d'alliés plus fiables -surtout l'Autriche-. L'Angleterre lui demande des renforts aux Pays-Bas ? Réponse dilatoire de l'Autriche. Londres se tourne vers la Prusse, ce qui aboutit au traité de Westminster (1756) : engagement à rester neutre en cas de conflit initié par l'une des deux parties.
Louis XV mis au courant met fin à l'alliance franco-prussienne et accueille avec bienveillance Kaunitz. C'est le traité de Versailles (mai 1756) : alliance défensive entre les deux pays et convention de neutralité en cas de conflit avec des tiers.
La France a des relations exécrables avec Londres. Ceci ne pouvait que le rapprocher de la Cour d'Autriche. Désormais la Prusse en cas de conflit avec l'Autriche devrait combattre sur trois fronts (Est/Russie ; Sud/Autriche ; Ouest/France) ce qui ne semble poser aucun problème car dès août 1756, F. II envahit la Saxe.
F. II avait eu vent du rapprochement de 1749 mais restait convaincu du choix de Richelieu, toujours suivi : abaisser la Maison d'Autriche, il ne croit donc pas à une possibilité d'alliance.
Si chacun savait être en trêve, personne ne pouvait prévoir que la Saxe serait envahie à l'été 1756. Le renversement d'alliances ayant eu lieu avant, je ne pense pas que la France ait eu une vue si acérée niveau diplomatie sur la longueur.
On a beaucoup évoqué le rôle de Mme de Pompadour parce-que c'était à elle que l'impératrice s'était adressée et surtout parce-que ce seront ses créatures qui finaliseront cette alliance.
C'est donc une évaluation
a posteriori à prendre pour ce qu'elle vaut sachant que Louis XV ne laissait à personne le soin de sa politique extérieure.
Maintenant, j'ai toujours eu du mal à suivre la diplomatie française dans ses choix qui me laisse perplexe.
Pour la suite du conflit engagé en 1757- en mai, 2nd traité de Versailles, offensif.
Les Suédois s'allient aux Russes. Là aussi il y a eu du changement. L'alliance passée par Elisabeth Ière avec l'Autriche et l'Angleterre a été renouvelée sans l'Angleterre. Décembre voit la victoire de Leuthen : les Autrichiens perdent le tiers de leur armée.
1758 est une année difficile pour les Prussiens qui ont sous-estimés les Russes. 1759 pire encore, la coalition est plus soudée que jamais, IIIème traité de Versailles (mars). 1760 Berlin est occupé (octobre) durant 4 jours, 2 millions de thalers sont exigés et Voltaire chante sa joie sur la musique de
Me voilà vengé après avoir claironné
Je désire beaucoup sa profonde humiliation précédé du
Les Russes s'avancent, Luc sera maté (
Luc : en inversant les lettres, ce sobriquet donné par Voltaire à F. II est une allusion aux tendances homosexuelles du roi, apprécie l'humour de Voltaire qui veut...)
Le roi remboursera les Berlinois. 1761 les deux côtés sont essorés. Pierre III conclut une paix séparée (mai) et rétrocède à la Prusse tous les territoires occupés, la Suède fait de même (paix de Hambourg) et évacue ses conquêtes en Poméranie.
Deux années plus tard (21 juillet), c'est le traité d'Hubertsburg avec l'Autriche et la Saxe. L'Autriche confirme sa renonciation à la Silésie qui récupère également les provinces rhénanes. F. II s'engage -en tant qu'électeur de Brandebourg- à soutenir le fils de M-Thérèse lors de la prochaine élection impériale... Malgré tout, la situation de l'Autriche est meilleure qu'en 1748 et surtout F. II est très affaibli. Prusse et Brandebourg sont dévastés, l'économie ruinée. Désormais F. II évitera tout conflit avec l'Autriche.
L'Angleterre sort grande gagnante de ce conflit.
Peut-être faut-il prendre un peu de recul face à Voltaire et son fameux
travailler pour le roi de Prusse et avoir une vision un peu moins franco-centrée, tout en ayant à l'esprit que Louis XV ne s'inscrit pas dans le lignage de Louis XIV -qui d'ailleurs le lui avait demandé concernant la chose militaire-.
J'espère que ce conflit vous est plus lisible.
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