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Message Publié : 11 Nov 2017 16:12 
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Hérodote
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Je suis depuis tout petit très intéréssé par cette intrigante confrérie musulmane qui opérait au temps des croisades. La connaissez-vous ? Lorsqu'on sait son histoire, on comprend qu'il s'agit d'un microcosme du terrorisme moderne!

Voilà les écrits rapportés par des chroniqueurs croisés, au sujet des Assassins :

Lÿexistence des Assassins est rapportée en Europe par les Croisés plusieurs décennies plus tard, bien après la mort de Hassan.
Cÿest seulement en 1175 que le rapport dÿun émissaire en Egypte de lÿEmpereur Barberousse en fait mention :
« (ý) il existe une certaine race de Sarrasins qui, dans leur dialecte, sÿappellent Heyssessini, et en romain, segnors de montana. Cette race dÿhommes vit sans lois ; ils mangent de la chair de porc contre la loi des Sarrasins et disposent de toutes les femmes, sans distinction, y compris leurs mères et leurs sþurs. Ils vivent dans la montagne et sont pratiquement inexpugnables car ils sÿabritent dans des châteaux bien fortifiés. (ý) Ils ont un maître qui frappe dÿune immense terreur tous les princes sarrasins proches ou éloignés, ainsi que les seigneurs chrétiens voisins, car il a coutume de les tuer dÿétonnante manière. (ý) Dans ces palais, il fait venir, dès leur enfance, nombre de fils de paysans. Il leur fait enseigner diverses langues, comme le latin, le grec, le romain, le sarrasin et bien dÿautres encore.
(ý) on apprend à ses jeunes gens à obéir à tous les ordres et à toutes les paroles du seigneur de leur terre qui leur donnera alors les joies du paradis parce quÿil a pouvoir sur tous les dieux vivants. (..) Le prince donne alors à chacun un poignard dÿor et les envoie tuer quelque princes de son choix. »

Voilà une autre description faite par un autre chroniqueur

: « Ce Vieux a, par sa magie, tellement obnubilé les hommes de son pays quÿils ne vénèrent ni nÿadorent dÿautres Dieu que lui. Il les séduit dÿune étrange manière par de telles espérances et la promesse de tels plaisirs dans une jouissance éternelle quÿils préfèrent mourir plutôt que vivre. Nombre dÿentre eux sont même prêts, sur un ordre ou un simple signe de lui, à sauter du haut dÿune grande muraille et à périr dÿune mort atroce en se fracassant le crâne. Les plus heureux, affirme-t-il, sont ceux qui versent le sang humain et qui, en contre partie, trouvent eux- mêmes la mort. (ý) il (le Vieux de la montagne) leur fait voir par sa magie certains rêves fantastiques, pleins de délices et de plaisirs, plutôt dÿimposture, et leur promet la possession éternelle de ces biens en récompense de tels actes. "

L'assassinat de Conrad de Montferat, chevalier et Prince de Jérusalem :

Dÿaprès les recherches effectuées par lÿuniversitaire Bernard Lewis, cÿest le 28 avril 1192 que la secte frappe sa première victime chrétienne : Le marquis Conrad de Montferrat, Prince de Jérusalem. Débarqué en Palestine quelqueS années auparavant, celui que les chroniqueurs arabes appellent « al
Markich » est un adversaire particulièrement tenace face à Saladin. Conrad vient dÿêtre élu roi de Jérusalem. Il est lÿhôte de lÿévêque de Tyr en compagnie duquel il vient de prendre un repas. Joyeux et insouciant, il fait amener son cheval et monte en selle. Lÿescorte dont il a pris la tête sÿenfile dans les étroites ruelles de la ville et passe le long des boutiques. Soudain, deux hommes jaillissent, sÿaccrochent à lÿarçon de la selle et se jettent sur lui, poignard en main. Conrad est frappé de plusieurs coups et tombe de sa monture. Un des deux assaillants est aussitôt capturé mais lÿautre parvient à sÿenfuir et à se réfugier dans une église. Conrad est grièvement blessé mais nÿest pas mort. Il a la force de parler et demande quÿon le porte jusquÿà lÿéglise toute proche. Le groupe pénètre à lÿintérieur de lÿédifice plongé dans une semi-obscurité. Sortant de sa cachette, le fugitif se jette sur le blessé et le larde de coups de poignards avant que les soldats nÿaient le temps de le maîtriser. Les deux hommes sont activement interrogés. Ils avouent sÿêtre convertis au christianisme six mois plus tôt et avoir agi sur les ordre du roi dÿAngleterre Richard Cüur de Lion ! Ils sÿétaient mis au service de seigneurs locaux afin de pouvoir approcher le marquis de Montferrat sans difficulté. Les deux assassins sont suppliciés. Quant à la culpabilité de Richard Cüur de Lion dans cette affaire, il faudra plusieurs mois pour quÿelle disparaisse et que soit établi le rôle de la secte dÿAlamut. En effet, Conrad et Richard étaient des rivaux politiques pour ne pas dire des ennemis. Dès la mort de Conrad, Richard assume le gouvernement de Tyr et le confie à Henri de Champagne qui épouse dans la foulée la jeune veuve enceinte dÿun enfant du défunt !

Dÿaprès les recherches effectuées par lÿuniversitaire Bernard Lewis, cÿest le 28 avril 1192 que la secte frappe sa première victime chrétienne : Le marquis Conrad de Montferrat, Prince de Jérusalem. Débarqué en Palestine quelques

En quelques lignes, il s'agit d'une secte fondée par un vieil homme, Hassan al-i-Sabbah, particulièrement malin et sournois, qui a réussi à s'entourer de disciples prêt à se sacrifier pour lui en pratiquant une vision ésotérique de l'islam, et en leur promettant le paradis. Je connais cette histoire depuis très longtemps, mais je remarque que l'on commence à en parler de plus en plus vu les récents événements, c'est très intéressant et ça montre bien que le terrorisme prend sa racine dans une déformation des écritures sacrées, du moins, dans une falsification des interprétations.


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Message Publié : 11 Nov 2017 18:10 
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Philippe de Commines
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Et c'est les Mongols d'Iran (les Il-Khan) qui vont nous en débarrasser !!!!

Les Nizârites, Hashâchines, ou Assassins, étaient une secte militante musulmane (Chiite Ismaliens) active du VIIIe au XIVe siècles.
Mais c'est surtout à partir du XIème s (en 1094, à la suite d'une scission importante dans le courant ismaélite) que se firent le plus remarquer les Hashâchines nommés ainsi par les Croisés), sous l'influence de leur chef Hassan al Sabah(aussi appelé le « Vieux de la Montagne », ou le « Vieil Homme de la Montagne »), à partir de la citadelle d' Alamut, au Sud-ouest de la Mer Caspienne.

Ceux qu'on appellera les Nizârites ne sont que les adeptes de l'ismaélisme en Iran, c'est-à-dire une secte chiite minoritaire dans un pays alors sunnite.

En 1094 donc, à la mort du calife ismaélite Al Mustansiral au Caire, une guerre de succession éclate entre ses deux fils Nizar et Mustali. Hassan al Sabbah prend le parti de Nizar. Mais les partisans de Nizar sont défaits en Égypte et c'est la rupture entre ceux d'Alamut et la majorité des ismaéliens. De là vient l'usage du terme Nizârites.

Quoiqu'il en soit, les Nizârites prospèrent sous le règne sévère de Hassan. Cependant les Türks seldjoukides qui règnent sur l'Iran sunnite représentent une menace constante.

Ils montent plusieurs campagnes militaires contre les Nizârites, mais sans succès majeur. En réaction, Hassan inaugure les assassinats ciblés contre des dirigeants politiques ou militaires.

Une des premières victimes est le vizir Nizam al-Mulken 1092.
Hassan al Sabbah meurt en 1124 à Alamut. Son second Bozorg-Ummid ("Grand Espoir") lui succède, puis le fils de celui ci, Mohammed I, en 1138. La lutte contre les türks se poursuit de manière intermittente, avec d'autres assassinats dont le calife abbasside Al-Mustarshid, et plus tard son fils Al-Rashid.

En 1162, Hassan II succède à son père Mohammed I. Il va totalement bouleverser les conceptions religieuses des nizârites. Lors du ramadan de 1164, il annonce au nom de l’Imam caché la « Résurrection » (qiyama), et abroge la loi islamique, notamment l’interdiction de boire du vin et le carême. Son règne sera bref, il est assassiné dix-huit mois plus tard par un opposant à la nouvelle doctrine.

Son fils Mohammed II va consolider la nouvelle foi; il ira même plus loin en se proclamant descendant direct de Nizar, ce qui ferait de lui un Imam (qui est le "vrai guide spirituel et temporel de toute la communauté islamique").
Hassan III met fin à cette hérésie et réinstaure la charia dès la mort de son père en 1210.
Toutefois, à la différence de l'époque de son père, les nizârites se conforment désormais au rite sunnite, et abandonne le chiisme.

En Iran, après le règne insignifiant de l'instable et violent Imam Mohammed III jusqu’en 1255, son fils Khur Shah est confronté à un ennemi redoutable : l'armée mongole, menée par Hülegu Khan, petit-fils de Gengis Khan, en route pour conquérir le Moyen-Orient.

En effet, si le monde chrétien a eu vis à vis de la secte une attitude neutre et même parfois une certaine collaboration (il faut dire que la secte a éliminé beaucoup plus de musulmans que de chrétiens), les Mongols ne vont faire aucune concession et décident d’éliminer totalement la secte.

Malgré plusieurs tentatives d'assassinats infructueuses contre lui , Hülegu Khan et ses troupes assiègent le château où Khur Shah s'est réfugié. Il finit par se rendre et mourra sur le chemin de la Mongolie.

Malgré une résistance sporadique, les autres places fortes tombent ou déposent les armes. Alamut est rasée et sa précieuse bibliothèque détruite. De nombreux nizârites sont massacrés, y compris toute la famille de l'Imam; sauf un fils de Khur Shah qui aurait été mis à l'abri à temps pour assurer la succession de l'Imamat.

À la fin du Moyen-Âge, leur quasi-disparition a coïncidé avec l'essor de la branche principale (quinze millions de fidèles de nos jours) de l'ismaélisme.

Leurs descendants actuels sont les Khojas en Inde, avec à leur tête l'Aga Khan.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 11 Nov 2017 18:25 
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Antropos a écrit :
En quelques lignes, il s'agit d'une secte fondée par un vieil homme, Hassan al-i-Sabbah, particulièrement malin et sournois, qui a réussi à s'entourer de disciples prêt à se sacrifier pour lui en pratiquant une vision ésotérique de l'islam, et en leur promettant le paradis. Je connais cette histoire depuis très longtemps, mais je remarque que l'on commence à en parler de plus en plus vu les récents événements, c'est très intéressant et ça montre bien que le terrorisme prend sa racine dans une déformation des écritures sacrées, du moins, dans une falsification des interprétations.

Savoir quelles sont les causes du terrorisme islamiste actuel est une question qui dépasse largement la limite chronologique de ce forum (fixée à fin 1991) Si vous souhaitez développer cette question, vous pouvez fréquenter le Salon Géopolitique, où ce débat est largement ouvert.

Je pense aussi que c'est un anachronisme que de voir dans la secte des Hassichins les précurseurs du terrorisme moderne. il faut les replacer dans leur contexte. (Edit : je vois que Hugues de Hador vient de le faire de façon très complète.)

Il me semble qu'en termes de pratique guerrière, on pourrait davantage les comparer avec les différents mouvements révolutionnaires ayant pratiqué exclusivement l'assassinat individuel : les anarchistes de la fin du 19e, par exemple. (je compte sur Hugues de Hador pour dire si cette comparaison a un sens...)

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Message Publié : 11 Nov 2017 18:31 
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Philippe de Commines
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Pierma a écrit :
Il me semble qu'en termes de pratique guerrière, on pourrait davantage les comparer avec les différents mouvements révolutionnaires ayant pratiqué exclusivement l'assassinat individuel : les anarchistes de la fin du 19e, par exemple. (je compte sur Hugues de Hador pour dire si cette comparaison a un sens...)


Je ne m'y connais pas trop sur ce sujet mais je serais plutôt d'accord avec Pierma.
Les assassinats étaient ciblés et donc, ne visaient pas une personne (ou un groupe de personnes) à l'aveugle.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 11 Nov 2017 18:55 
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Hérodote
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Parallèle avec le terrorisme islamique actuel supprimé.
Merci de respecter la limite chronologique de Passion-Histoire.
Pierma


nb : je vous ai retransmis par MP le texte de votre intervention.


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Message Publié : 11 Nov 2017 20:50 
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Jean Froissart
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--
Pierma a écrit :
Il me semble qu'en termes de pratique guerrière, on pourrait davantage les comparer avec les différents mouvements révolutionnaires ayant pratiqué exclusivement l'assassinat individuel : les anarchistes de la fin du 19e, par exemple.

Vu la définition de l'anarchisme et les formes différentes que ce mouvement a pris, j'ai un peu de mal dans la comparaison.
L'assassinat de symboles du/des pouvoir(s) en place n'est pas vu comme une "pratique guerrière" mais comme un acte bien souvent personnel (anarchisme individualiste) et revendiqué (avec plus ou moins de cohérence) ; je songe à l'assassinat de l'impératrice Elisabeth d'Autriche qui, au départ, n'était pas la cible privilégiée.
Il est souvent écrit que F-Ferdinand et son épouse furent les victimes d'un anarchiste nationaliste serbe : ceci aussi m'interroge. Etre nationaliste n'embrasse pas la définition de l'anarchie et s'il faut voir dans tout assassinat de personnes connue un acte anarchiste, de S. Carnot à JFK il faudrait voir la main d'anarchistes, ceci semble très anachronique car l'adjectif a vite été galvaudé.
Tout assassinat de personnages en vue était le fruit d'un groupuscule anarchiste ou d'un anarchiste maintenant que ceci coïncide avec la définition de l'idéologie, on en est parfois très loin : Ravaillac anarchiste ? Damien anarchiste ? Non, ils sont classés dans les régicides.
Si à la place du roi, la victime avait été un prince de sang ou encore un Richelieu, un Mazarin, un Colbert etc. la victime, comment qualifier l'assassin ? Un fou ? La main armée de quelque complot sans doute mais un anarchiste...
Il semblerait que la secte des Assassins soient justement astreinte à un pouvoir hiérarchisé et l'égalité autant que la liberté de pensée ne semble pas tellement au goût du jour.
Les nihilistes aussi ont fait le choix d'abattre des personnes de pouvoir : peut-on pour autant y voir des héritiers -dans le combat- des Assassins ?

--

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"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
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Message Publié : 11 Nov 2017 22:06 
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Hérodote
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voici donc je prends posté le message dépourvu de toute référence à la non-charte

Les piliers des Assassins sont :

-une vision ésotérique de l'Islam c'est-à-dire que les écritures sont volontairement falsifiées par l'autorité suprême, avant d'être diffusée par des imams

-la motivation principale des disciples "soldats" est d'atteindre le Firqaw (plus haut degré du paradis) promis par Hassan

-l'ambition des Assassins est d'instaurer un califat islamique fatimide. Les assassinats sont un moyen d'étendre leur pouvoir par la terreur

-pour étendre leur pouvoir, ils mettent la pression sur les grandes puissances en cherchant à semer la terreur par des assassinats ciblés. Effectivement à l'époque il aurait été difficile de faire des assassinats de masse.


Concernant les descendants, il n'y en a plus du tout aujourd'hui, l'Aga Khan ne reconnaît pas cette descendance, la branche ismaélite qu'il représente est dissociée de celle des Nizarites qui a disparu avec l'invasion mongole :)


Je pense la même chose Rebbeca ! Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de comparaison avec l'exemple cité par Pierma.


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Message Publié : 11 Nov 2017 22:47 
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Marc Bloch
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La théorie comme quoi ils tenaient leur ardeur guerrière grâce à la consommation de haschich, tient elle toujours :?: C'est ce que l'on disait dans le temps en le justifiant par la ressemblance des deux termes. :rool:

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Message Publié : 12 Nov 2017 0:08 
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Rebecca West a écrit :
--
Etre nationaliste n'embrasse pas la définition de l'anarchie et s'il faut voir dans tout assassinat de personnes connue un acte anarchiste, de S. Carnot à JFK il faudrait voir la main d'anarchistes, ceci semble très anachronique car l'adjectif a vite été galvaudé.


Sadi Carnot a été assassiné par Casério, qui était anarchiste. Point. J'ai parlé des anarchistes de la fin 19e, vous aurez du mal à y inclure Lee Harvey Oswald.

Citer :
Les nihilistes aussi ont fait le choix d'abattre des personnes de pouvoir : peut-on pour autant y voir des héritiers -dans le combat- des Assassins ?

--

Mon propos était de mettre en avant le procédé de combat que constitue l'assassinat individuel, pour le différencier de la pratique du terrorisme. Je ne cherche pas à établir des filiations historiques.

D'ailleurs les anarchistes sont un mauvais exemple, parce qu'ils étaient aussi terroristes : ils posaient des bombes. Ravachol dans un commissariat, Villain à la Chambre des députés, Emile Henry a même posé une bombe dans un café, ce qui devait être une innovation, à l'époque. Les nihilistes russes utilisaient aussi des bombes, mais sauf erreur c'était un moyen d'assassinat parmi d'autres. Ils seraient donc plus proche du modèle.

Cela dit je ne trouve pas d'exemple parfait certifié, il semble que les Assassins soient en quelque sorte uniques dans leur genre.

@Antropos : si j'ai bien compris l'exposé de Hugues de Hador, le combat des Assassins était plutôt défensif.

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Message Publié : 12 Nov 2017 1:37 
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Tiens, la lecture au hasard de Wiki à propos de l'armistice du 11 novembre me donne l'occasion de trouver une organisation qui correspond parfaitement. :mrgreen:

(Le lien est l'assassinat de Matthias Erzberger, ciblé pour avoir été le signataire civil allemand de l'armistice.)

Il s'agit de l'organisation Consul, une organisation secrète allemande composée à partir de membres de corps-francs, et qui s'était donné comme objectif de déstabiliser, et si possible de détruire, la république de Weimar.

Un seul procédé : l'assassinat politique. 354 assassinats en trois ans, de 1919 à 1922. (Ils laissaient la propagande et le renversement effectif du régime à d'autres.)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_Consul

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Message Publié : 12 Nov 2017 9:24 
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Faget a écrit :
La théorie comme quoi ils tenaient leur ardeur guerrière grâce à la consommation de haschich, tient elle toujours :?: C'est ce que l'on disait dans le temps en le justifiant par la ressemblance des deux termes. :rool:

A priori non. Je vous colle l'article de Lewis dans l'Encyclopédie de l'Islam à ce sujet, car c'est compliqué à résumer.
Citer :
A l’origine, le mot semble avoir été employé au sens de «dévot» ou «zélateur» correspondant à fidāʾī [q.v.]. Dès le XIIe siècle, des poètes provençaux se comparent aux Assassins pour leur dévotion à leur dame allant jusqu’au sacrifice total (F. M. Chambers, The troubadours and the Assassins, dans Modem Language notes, LXIV (1949), 245 sqq.; D. Scheludko, Über die arabischen Lehnwörter im altprovenzalischen, dans Zeitschrift für romanische Philologie, XLVII (1927), 423). Mais bientôt, ce furent les pratiques meurtrières des Nizārites, plutôt que leur dévouement total, qui fascinèrent les Européens visitant l’Orient et donnèrent au mot un sens nouveau. Après avoir été le nom d’une secte mystérieuse en Syrie, «assassin» devient un nom commun signifiant meurtrier. Il est déjà employé par Dante («lo perfido assassin ... », Enfer, XIX, 49-50), et son commentateur Francesco da Buti l’explique, dans la deuxième moitié du XIVe siècle, par «celui qui tue autrui pour de l’argent».

Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, le nom d’assassin — et la secte qui s’appelait ainsi à l’origine —furent l’objet d’une grande attention de la part de savants européens qui émirent de nombreuses théories, la plupart extravagantes, pour expliquer son origine et sa signification. Le mystère fut enfin résolu par Silvestre de Sacy dans son Mémoire sur la dynastie des Assassins et sur l’origine de leur nom, lu à l’Institut en 1809 et publié dans Mémoires de l’Institut Royal, IV (1818), 1-85 ( = Mémoires d’histoire et de littérature orientales, Paris 1818, 322-403). Se servant de sources manuscrites arabes et notamment de la chronique d’Abū S̲h̲āma, il étudie et rejette les explications antérieures et démontre que le mot «assassin» est en relation avec l’arabe ḥas̲h̲īs̲h̲ [q.v.]; il propose de rattacher les différentes formes = Assassini, Assissini, Heyssissini, etc. attestées dans les sources relatives aux Croisades, aux formes arabes ḥas̲h̲īs̲h̲ī (pl ḥas̲h̲īs̲h̲iyya ou ḥas̲h̲īs̲h̲iyyīn) et ḥas̲h̲s̲h̲ās̲h̲ (pl ḥas̲h̲s̲h̲ās̲h̲īn); pour confirmer son hypothèse, il fut en mesure de produire plusieurs textes arabes dans lesquels les fidèles de la secte sont appelés ḥas̲h̲īs̲h̲ī, mais aucun dans lequel ils fussent nommés ḥas̲h̲s̲h̲ās̲h̲. Depuis lors, la forme ḥas̲h̲īs̲h̲ī a largement été confirmée par de nouveaux textes qui ont été mis au ¶ jour — mais l’on ne connaît toujours pas de textes dans lesquels les gens de la secte soient appelés ḥas̲h̲s̲h̲ās̲h̲. Il semblerait donc que cette partie de l’explication de S. de Sacy doive être abandonnée et qu’il faille considérer que toutes les variantes européennes dérivent de l’arabe ḥas̲h̲īs̲h̲ī.

Cette revision soulève de nouveau la question de la signification du terme, Ḥas̲h̲īs̲h̲ est certainement le nom arabe du chanvre indien — cannabis sativa — et ḥas̲h̲s̲h̲ās̲h̲ est le mot courant pour le fumeur de ḥas̲h̲īs̲h̲. Quoique n’acceptant pas l’opinion soutenue par de nombreux auteurs postérieurs selon laquelle les Assassins devaient leur nom au fait qu’ils fumaient du ḥas̲h̲īs̲h̲, S. de Sacy explique néanmoins le nom comme étant dû à l’usage secret de ḥas̲h̲īs̲h̲ par les chefs de la secte pour donner à leurs émissaires un avant-goût des délices paradisiaques qui les attendaient à l’accomplissement de leurs missions. Il associe cette interprétation à l’histoire racontée par Marco Polo, et que l’on trouve également dans d’autres sources orientales et occidentales, des «jardins du paradis» secrets dans lesquels les dévots drogués étaient introduits (Marco Polo, éd. A. C. Moule et P. Pelliot, Londres 1938, I, 40 sqq.; cf. Arnold de Lùbeck, Chronicon Slavorum, IV, 16; J. von Hammer, Sur le paradis du Vieux de la Montagne, dans Fundgruben des Orients, III (1813), 201-6 — citant un roman arabe dans lequel la drogue employée est appelée band̲j̲). Cette histoire remonte loin; sa plus ancienne version, celle d’Arnold de Lûbeck, doit dater de la fin du XIIe siècle. Leur chef, dit-il, leur donne lui-même les poignards qui sont, pour ainsi dire, consacrés à cette tâche, «et tune poculo eos quodam, quo in extasiam vel amentiam rapiantur, inebriat, et eis magicis suis quedam sompnia in fantastica, gaudiis et deliciis, immo nugis plena, ostendit, et hec eternaliter pro tali opère eos habere contendit» (Monumenta Germaniae historica, XXI, Hanovre 1869, 179). Cette histoire qui peut bien être la plus ancienne description des rêves de ḥas̲h̲īs̲h̲, est reprise avec des variantes par des écrivains postérieurs. C’est, toutefois, très certainement un conte populaire, peut-être même un résultat plutôt qu’une cause du nom de ḥas̲h̲īs̲h̲iyya. L’emploi et les effets du ḥas̲h̲īs̲h̲ étaient connus à l’époque et n’étaient pas secrets; l’usage de la drogue par les membres de la secte, avec ou sans jardins secrets, n’est attesté ni par des auteurs ismāʿīliens ni par des auteurs sunnites sérieux. Même le terme ḥas̲h̲īs̲h̲iyya est propre à la Syrie (cf. Houtsma, Recueil, I, 195; Ibn Muyassar, Annales, 68) et probablement abusif. Il n’était jamais employé par les contemporains des Ismāʿīliens persans ou autres non syriens; même en Syrie, il n’était pas employé par les Ismāʿīliens eux-mêmes (sauf dans un traité de polémique provenant du calife fāṭimide al-Āmir contre ses adversaires nizārites; A. A. A. Fyzee, al-Hidāyatu ‘l-āmirīya, Londres-Bombay 1938, 27), et rarement même par des écrivains non ismāʿīliens. Ainsi al-Maḳrīzī, dans une assez longue discussion sur les origines et l’emploi du ḥas̲h̲īs̲h̲, cite un mulḥid persan (probablement ismāʿīlien) qui viiit au Caire vers la fin du VIIIe/XIVe siècle, prépara et vendit son propre mélange de ḥas̲h̲īs̲h̲ — mais il n’appelle pas les Ismā’īliens ḥas̲h̲īs̲h̲iyya et n’établit aucun rapport entre la secte et la drogue (Ḵh̲iṭaṭ. Būlāḳ, II126-9). Ainsi donc, ḥas̲h̲īs̲h̲ī semblerait avoir été une épithète purement syrienne pour les Ismāʾīliens, probablement un terme de mépris, une critique de leur conduite plutôt qu’une description de leurs pratiques.


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Message Publié : 12 Nov 2017 16:57 
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Pierma a écrit :

@Antropos : si j'ai bien compris l'exposé de Hugues de Hador, le combat des Assassins était plutôt défensif.


Leur combat visait à l'instauration d'un califat Fatimide. La secte fondée par Hassan I Sabbah n'était qu'un moyen de parvenir à ses fins personnelles, qui étaient purement religieuses. Les attentats qu'il téléguidait ont très souvent été défensif puisqu'ils ont rencontré des problèmes avec des seigneurs chrétiens et musulmans. Mais l'ontologie des Assassins est bien l'instauration d'un califat Islamique.


Le haschisch n'est pas relié à l'ardeur guerrière, on les appelle Haschichioun parce ce que durant leur endoctrinement élémentaire, on les droguait en les faisant ingurgiter des galettes de haschich qui les plongeaient dans les vappes. On les transportait dans des jardins secrets dissimulées derrière Alamut où ils se réveillaient au milieu de courtisanes et du grand maître qui leur expliquait que c'était le paradis, et que s'ils désiraient connaître éternellement cet état, ils devaient obéir aveuglément à leurs supérieurs. On leur donnait de nouveaux une galette de haschich, qui les plongaient de nouveau dans les vapes, et on les transportait à l'extérieur des jardins.


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Message Publié : 12 Nov 2017 18:01 
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Antropos a écrit :
Le haschisch n'est pas relié à l'ardeur guerrière, on les appelle Haschichioun parce ce que durant leur endoctrinement élémentaire, on les droguait en les faisant ingurgiter des galettes de haschich qui les plongeaient dans les vappes. On les transportait dans des jardins secrets dissimulées derrière Alamut où ils se réveillaient au milieu de courtisanes et du grand maître qui leur expliquait que c'était le paradis, et que s'ils désiraient connaître éternellement cet état, ils devaient obéir aveuglément à leurs supérieurs. On leur donnait de nouveaux une galette de haschich, qui les plongaient de nouveau dans les vapes, et on les transportait à l'extérieur des jardins.


Il semble que ce soit une légende véhiculée par leurs opposants ... DU moins, à ce que j'ai lu assez récemment

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 12 Nov 2017 18:06 
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Inscription : 23 Jan 2009 15:49
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Et ce que rappelle l'article que j'ai posté juste avant...


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Message Publié : 12 Nov 2017 18:22 
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Inscription : 27 Oct 2017 20:29
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Une ethnographie des villages ruraux de la région d'Alborz en Iran met en exergue la consommation de haschich par les autochtones encore de nos jours.

De plus, le témoignage recueillit par Marco Polo concernant l'endoctrinement par le haschich s'inscrit seulement quelques années après la chute des Nizarîtes. Le témoignage était tout frais quand des locaux le lui ont raconté !


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