Jerôme a écrit :
Chacun sait que le milieu éditorial est petit et que les jurés connaissent bien les éditeurs et réciproquement.
Et pour finir : Nul n'ignore le nom et la fonction de l'éditeur d Eric Vuillard !
Vous vous trompez, Jérôme. C'est justement parce que personne n'ignore le nom et la fonction de l'éditeur de Vuillard que l'on n'imaginait pas qu'il puisse avoir le Goncourt. Ne pas l'avoir disqualifié pour cette raison est justement une preuve de l'honnêteté intellectuelle du jury. C'est intéressant, d'ailleurs, parce qu'on aurait pu penser qu'ils ouvraient le flanc pour ce genre d'attaque en dessous de la ceinture. Rien. Les critiques comme les libraires sont unanimes : c'est un bon choix. Et personne n'y a vu la main de notre ministre de la culture. Le seul truc que regrettent les libraires, c'est qu'il ne coûte que 16 euros !
Quant à dire que les jurés connaissent bien les éditeurs, c'est une évidence. Sous entendre qu'il y a des collusions pour favoriser l'un ou l'autre, c'est en revanche une méconnaissance du milieu aujourd'hui. On peut parler d'un effet d'œillères, ou de loupe si vous préférez, avec un jury de Goncourt qui récompense trop souvent la production de trois ou quatre gros éditeurs de littérature - pour l'essentiel Gallimard, Grasset, Seuil et Actes Sud - mais sous-entendre des magouilles en sous-main, c'est un jugement a l'emporte-pièce.
Il y a eu des bévues importante, des ratages mémorables, des pressions éditoriales, et sans doute quelques "affaires", bien sûr, mais ce sont là des pratiques du passé. Le jury aujourd'hui peut se tromper, mais il est honnête.
On peut ne pas aimer ce qu'a fait Vuillard, mais il mérite son prix. Et c'est un type extrêmement gentil, en plus. Ca ne gâche rien.
Pour ce qui est des salauds et du Goncourt, je vous rejoins sur la nuance à apporter entre l'homme ou la femme et son œuvre, mais les jurés sont aussi des citoyens. Ils ne voteront sans doute pas pour un type effroyablement antipathique. Est-ce une mauvaise chose ? Je n'ai pas d'avis. Chaque prix est le résultat d'une myriade de choix. La personnalité de l'auteur est sans doute un paramètre à prendre en compte, mais seulement à la marge, à mon avis.