Bonjour
Je vais préciser mon opinion, ayant lancé la discussion.
D'abord, si ce magazine en particulier m'a énervé, ce n'est pas parce qu'il est de droite/conservateur - enfin, pas que, je dois l'avouer
. Sauf que dans le camp d'en face (parce qu'apparemment, camps il y a), on a les mêmes biais sur l'Histoire qui m'énervent autant. Dit de façon très schématique, ce n'est pas parce que MM. Buisson et de Villiers vomissent la Révolution française et le répètent ad nauseam que j'applaudis M. Mélenchon qui fait une crise dès qu'on ose toucher à Sa Sainteté Robespierre (cf. sa réaction outrée vis-à-vis du jeu vidéo "Assassin's Creed" - même si le fait qu'il ai réagi était en soi intéressant par rapport à la place du jeu vidéo en tant que média et véhiculant des idées, mais c'est un autre sujet)
Je rêve de vulgarisateurs médiatiques qui présenteraient les faits et qui exposeraient les diverses explications existantes et théories, en prenant partie ou pas, mais en ayant l’honnêteté de préciser que des discussions existent. Je suis sûr que ça serait passionnant. Si si.
Ce numéro du Figaro Mag' pose pour moi 2 soucis, un véniel et un plus grave.
Le véniel, c'est la "une" accrocheuse qui promet moult révélations et remise en cause de mythes. Pour moi (avis perso), ce n'est pas très grave du moment que le fond est juste. J'ai passé l'âge de m'illusionner sur la nature humaine, surtout quand il s'agit de vendre du papier.
On s'agace tous de ce genre de promesse car c'est bidon, il n'y a pas de révélations, de secrets cachés ou autres, et ce genre d'articles méprisent allégrement ceux qui travaillent sur ces sujets sérieusement et n'ont pas ou peu droit à la parole. Alors que la "vraie" Histoire est tout aussi passionnante que les schématisation faites pour le grand public qui, bien entendu, est trop bête pour comprendre si on ne simplifie pas à l'extrême et si on ne fait pas de titre sensationnaliste
Mais je vois ça comme un problème plus large de la presse : celui des "marronniers". Les révélations historiques sont du même niveau dans les hebdo d'actualité que le classement des lycées, des hôpitaux, le rôle des francs-maçons, le sexe, etc. Il faut remplir les pages, l'Histoire ultra-grand public est un sujet qui le permet. Si on peut ajouter une signature connue, c'est encore mieux.
Le grave, c'est l'interview de M. Buisson qui suit ce "dossier". Cela n'a rien à voir avec l'Histoire mais bien avec la politique et même l'idéologie. M. Buisson, comme M. de Villiers, pour ne citer que ces deux-là qui sont mis en avant ici, ont comme objectif de trouver une machine à voyager dans le temps pour arriver avant 1789 et empêcher la Révolution française.
C'est presque schizophrénique dans ce magazine : de l'Histoire grand public sensationnaliste, comme tous les magazines le font (hélas) et vlan ! on nous assène une interview qui pue l'idéologie et qui veut nous faire croire que réécrire ce qui s'est passé il y a 2 siècles changera nos vies en bien aujourd'hui (l'interview porte sur les Guerres de Vendée, pour rappel).
Non, désolé, mais savoir que les Guerres de Vendée sont un génocide ou de "simples" massacres, ça ne changera en rien ma vie, là, tout de suite, contrairement à ce que la presse tente de me vendre.
Ah, et pour finir, pour répondre à Jérôme qui soulève un point important :
Citer :
Je me permets de mettre en avant quelques considérations générales en réponse au message introductif.
je pense que l'éthique d'un bibliothécaire d'un établissement public repose sur la diversité des propositions de lecture. Lorsqu'il voit des titres qui vont à l'opposé de ses convictions, il doit se féliciter de ne pas succomber à la facilité du repli sur soi !...
Je crois aussi que l Histoire comme toutes les sciences et en particulier comme toutes les sciences humaines connaît des diversités d'analyse (voire d'opinion) très marquées. Non seulement il est légitime qu'une bibliothèque publique reflète cette diversité (voir le paragraphe précédent) mais il aussi légitime d accepter cette diversité parmi les historiens car la confrontation de points de vue différents permet d'approfondir notre connaissance du passé .
Oui, évidemment, les bibliothèques se doivent d'être pluralistes, c'est dans notre déontologie et, sans vérifier, ça doit même figurer en toutes lettres dans notre règlement intérieur, comme dans celui de la quasi-totalité des bibliothèques.
Proposer le Figaro et Libé à nos lecteurs est une évidence, ou d'autres titres aux opinions différentes voire opposées.
Mais "opinions diverses" ça n'est pas la même chose que "raconter n'importe quoi". L'Histoire est une science, ce qui implique une méthodologie et du sérieux - ce qui ne veut pas dire qu'on doit le raconter de façon chiante, si vous me permettez le mot. Ca implique par contre que le fond doit être sérieux.
C'est pour ça que "Hexagone" de Lorant Deutsch (exemple pris totalement au hasard
) n'a pas droit de cité dans nos rayons. Pas parce qu'il est monarchiste (si on vire tous les auteurs monarchistes de nos rayons, ça va faire de gros trous !), mais parce quand on écrit un livre d'Histoire, on évite de zapper un siècle de travaux historiques et qu'on évite de se contenter des historiens de la fin XIXe-début XXe.