Jerôme a écrit :
Superficiel certainement car j'avoue ne pas bien connaître l'Allemagne nazie.
Je crois bien cependant que les grands procès à grand spectacle étaient plus une spécialité stalinienne (soviétique au début puis étendue à l'Europe centrale après 1945). Je ne vois que le procès du 20 juillet pour avoir été aussi spectaculaire (avec de nombreuses peines de mort à la clef).
Les affaires Blomberg et Fristch sont assez dérisoires. Mais on notera que là aussi le procès concerne des généraux nobles ! Une caste, selon moi, attachée aux apparences !
Les philosophes nazis dont j'ai oublié le nom avaient d'ailleurs inventé une théorie sur la toute puissance du Führer qui était non seulement législateur suprême mais aussi juge suprême.
L'affaire des longs couteaux n'a pas concerné des sous hommes !
Et en 1944-45 des milliers de déserteurs "aryens" ont été pendus sans jugement !
Mais encore une fois je peux me tromper n'étant pas un expert !
Vous prenez des faits très spécifiques, uniques dans le parcours météoritique du nazisme - la "nuit des longs couteaux", les procès post-"Walküre" - pour en faire des généralités, ce qu'ils ne sont absolument pas. Dans le premier cas, Hitler avait la bénédiction de tout ce qui avait une once de pouvoir en Allemagne, sans aucune opposition si ce n'est celle, très minoritaire, de l'aile gauche de son propre parti ; il ne risquait donc pas d'être désavoué ! Dans le second cas, la peur ressentie lors de l'attentat manqué du 20 juillet qui a fait osciller le régime comme jamais, et la crainte de le voir s'effondrer sous le poids des défaites et de l'invasion, ont conduit à des mesures d'exception drastiques, dont font aussi partie les exécutions sommaires de "déserteurs" dans les derniers mois du conflit ; mais c'est à la mesure de la crainte qu'inspirait une défection massive des militaires, et de la terreur nécessaire pour leur donner l'envie de combattre jusqu'au bout.
Pour le reste, le nazisme a toujours cherché à revêtir sinon le droit (et pour cause !), au moins l'apparence du droit. Dans un pays dans lequel le respect qui lui est dû est sacré, ce n'est pas étonnant.
Quant à l'affaire Blomberg et Fritsch, elle n'est en rien dérisoire. C'est peut-être le coup tordu politique le plus fructueux d'Hitler, qui fait tomber définitivement sans violence aucune toute l'armée allemande dans son escarcelle. Elle ne vise pas des nobles - une victime collatérale en est le général Ludwig Beck, qui n'est pas noble - mais des militaires influents, décidés à conserver à l'armée allemande son indépendance politique défendue becs et ongles même au cours de la Novemberrevolution. Il s'agit de les remplacer par des généraux plus dociles voire fidèles. Et c'est pourtant là que le droit est le plus violé, puisque le dossier monté contre les deux principaux protagonistes est selon toute vraisemblance un faux forgé par les services de sécurité nazis - ce qui illustre d'ailleurs bien l'importance de l'affaire, pour que même les apparences du droit soient maltraitées et qu'on lui substitue une morale par nature fluctuante.
Question : combien de généraux allemands ont été exécutés par Hitler pour incompétence (la grande spécialité de Staline) ? Je ne parle pas de trahison ou de complot.
Difficile à admettre pour un homme qui à l'écume à la bouche, totalement sous l'empire de son propre arbitraire, méprisant du droit le plus élémentaire et qui ne rêve, ronfle et respire que massacres, n'est-ce pas ?
CEN EdG