J'ai pu reprendre un peu la maquette, car d'autres obligations se sont imposées ces derniers temps.
Les documents permettant de les évoquer de manière assez précise, j'ai réalisé les "derrières".
Une fois n'est pas coutume, une vue "en écorché". On repérera facilement le cabinet de toilette, et en bas à droite de l'image le tracé des murs du cabinet voûté du cabinet de travail de l'impératrice. Un passage étroit et sans fenêtre assure la communication entre les deux pièces. Il correspond à la grande fenêtre qui éclairait l'escalier "du pétard" et qui s'ouvrait sur la terrasse sud du palais jusqu'en 1857-1858. Ce passage donne accès également à l'escalier et au couloir qui a été logé entre le cabinet et le mur de la salle du trône, à gauche de l'image.
Cette vue "prise" depuis la porte du cabinet voûté montre la faible épaisseur de la cloison du mur du fond du cabinet de toilette (à droite) qui dissimule l'escalier (à gauche) et l'étroitesse du passage. De plus, le sens d'ouverture des portes (que montre un plan du cabinet en 1860) ne facilite pas l'accès à cet escalier. On comprend pourquoi le mécanisme de descente des robes par la rosace a été installé!
L'escalier et le couloir sont très étirés. On trouve à cet emplacement jusqu'en 1860 les armoires de chêne servant aux atours de l'impératrice, l'espace étant alors plus large d'environ 2 mètres à droite. Ces armoires occupaient les deux côtés de la pièce, comme le montre le plan posté plus haut. Les murs sont tendus de papier marbre blanc satiné vernis peint à la main et sur le sol "un tapis de pied flammé rouge et noir". Dans le fond, la porte correspond à la porte dans l'antichambre du cabinet de toilette qui ouvrait sur la chambre de l'empereur sous le Premier Empire et jusqu'en 1833. Cette porte dessert, de 1854 à 1871, un couloir qui longe la chambre de l'impératrice et le salon Louis XIV, et débouche dans l'escalier "à la rampe d'acajou" qui permet de gagner tous les étages du palais, et notamment les logements des femmes de la suite de l'impératrice. La porte à gauche correspond au renfoncement d'une porte sous lambris donnant dans la salle du trône.
Etat sous le Premier Empire et la Restauration (antichambre du cabinet de toilette) du même point de vue
L'escalier permettait à l'impératrice de descendre directement chez l'empereur, dont le cabinet de travail se trouvait sous le sien, et à l'appartement que le Prince impérial occupe également au rez-de-chaussée, mais côté cour, jusqu'en 1868. C'est cet escalier que l'impératrice a emprunté au matin du 4 septembre 1870 pour rejoindre la salle du conseil et y tenir son dernier conseil en tant qu'impératrice-régente. Les 42 marches en chêne sont recouvertes d'un tapis de pied flammé rouge et noir (ici un modèle équivalent) et la rampe est conforme à la description connue par le mémoire de 1860 (rampe à pitons à col de cygne en fonte avec chapiteau à boucle). La cage est tendue du même papier peint. Pour pouvoir loger l'escalier dans cet espace réduit, les premières marches (70 cm de large) sont constituées par une rampe droite puis elles forment un escalier en vis qui descend jusqu'au rez de chaussée.
J'ai pu également trouver des documents aux archives qui vont permettre d'évoquer précisément les atours de l'impératrice, je les réaliserai prochainement.
J'ai profité de la souplesse qu'offre le logiciel 3D pour remplacer le damas bleu par "Une tenture en reps cramoisie doublée en toile forte orné de cablé en soie et cartisanes cramoisies, haut 4,33, cours 26,75" qui recouvre les murs à partir du 31 décembre 1866, après la transformation du cabinet de toilette en cabinet-bibliothèque et ainsi en faire une première ébauche. Cette pièce est notamment meublée de trois grandes bibliothèques Boulle réalisées en partie avec les meubles du salon de Mars. On possède une photographie de l'une de ces bibliothèques, qui a été présentée par Frédéric Dassas lors d'une conférence sur les vestiges subsistant du démontage de ces meubles sous le Second Empire :
Elle semble correspondre à la description de la petite bibliothèque du registre d'entrée :
"13743 une bibliothèque semblable, 4 vantaux à glace et 2 pilastres en marqueterie, intérieur en bois noir avec 14 tablettes, haut 1,80, larg 3,30". Les proportions hauteur-longueur correspondent en tout cas exactement à ce meuble.
Vue d'ensemble depuis la porte du nouveau cabinet de toilette (ancienne chambre de l'impératrice) La niche de la baignoire a été supprimée dans ce nouvel aménagement. Le salon mérite bien son nom, on ne voit que les bibliothèques! Le tableau sur le mur du fond, "le lac des quatre cantons" par Calame a été ramené de Saint Cloud en 1866 et présenté sans doute dans cette pièce.
La grande bibliothèque en retour d'angle. Elle rentre juste dans l'espace! A noter qu'il y avait un motif entre les portes, que je n'ai pas réalisé pour le moment (j'ai un peu étiré le meuble pour qu'il fasse les 6,20m indiqués...) ; c'est du moins ce que je comprends dans le texte "encadrements à filets en cuivre au milieu des portes, pilastres en cuivre avec chutes et entrées", qui me rappelle la séparation verticale entre les portes dans les médailliers aux Philosophes. Tels quels, sans les "pilastres en cuivre", il manque presque 40 cm de longueur!
Ce qui ne laisse que cet espace entre les portes pour la bibliothèque illustrée plus haut de 3,30m de long, qui elle aussi rentre "juste", ce qui laisse à penser qu'elle a été recomposée pour s'adapter exactement à ce lieu
et les entre fenêtres pour les petites bibliothèques de 75cm ; j'ai respecté les indications de l'inventaire pour leur structure et leur décor : 13744 deux bibliothèques semblables aux précédentes, 1 vantail à glaces, les côtés en marqueterie intérieur en bois noir avec 6 tablettes haut 1,80, larg 075