Hugues de Hador a écrit :
Pierma a écrit :
je vous donne le point. Sachant ce qu'était la France colonialiste, il était clair que la réponse de celle-ci serait... musclée.
Ben dites donc, j'ai été lire l'article de wiki sur l'OAS !! c'étaient pas des rigolos
Attention, je suis en train de parler de la France (colonialiste, certes) et vous me parlez de l'OAS.
l'OAS n'a rien à voir avec le gouvernement français. Au contraire, elle voulait la peau de De Gaulle, et les services de l'état, tant bien que mal, essayaient d'arrêter ses membres. (je dis "tant bien que mal", parce que pratiquement toute la partie européenne d'Alger lui était favorable et lui rendait service, de sorte que les flics restés du côté de la légalité avaient le plus grand mal à enquêter... sans se faire tirer comme des lapins. La situation était pire à Oran et au moins identique à Constantine. - Il s'agit des 3 préfectures des 3 départements français.)
Le 4e tome d'Yves Courrière sur la guerre d'Algérie s'appelle : Les feux du désespoir. On comprend bien les causes de la naissance de l'OAS : les pieds-noirs rendus fous par la perte de tout qui se profilait à l'horizon - "la valise ou le cercueil" - ont généré un mouvement destiné à empêcher l'application des accords d'Evian.
Mais l'OAS c'était des salauds, je vous le confirme. Un mouvement terroriste dont la férocité égalait bien celle du FLN.
Il n'y a pas une saloperie que l'OAS n'ait pas faite :
- interdire la ville européenne aux Arabes. Et les fatmas qui vont faire le ménage chez des Européens, ou les Arabes qui doivent la traverser pour aller bosser, se prennent une balle dans la tête.
D'ailleurs dans Alger en folie, on ramasse les morts sur les trottoirs, dans l'indifférence des passants, sans trop savoir finalement qui tue qui. (parce que le FLN riposte, aussi, mais allez savoir... Le père de l'animateur Jean-Pierre Foucault s'est ainsi fait tuer sans que sa famille ait la moindre idée de la motivation du tueur.)
- rafaler les terrasses des café arabes. (C'est là que le FLN fait l'inverse, en représailles.)
- bombarder la Kasbah au lance-roquettes. Essayer - ça n'a pas explosé - de lancer dans une de ses ruelles en pente un camion-citerne plein d'essence.
- Faire exploser une bombe au milieu des manoeuvres arabes qui chaque matin attendent sur le port une embauche éventuelle à la journée, comme aide-docker. 77 morts, des blessés partout, une boucherie de pauvres gens.
- Qu'est-ce que j'oublie ? Chaque jour explose une maison réputée gaulliste ou un service public. Slogan : "l'OAS frappe où elle veut, quand elle veut". Et c'est vrai !
- un beau matin, des gens de l'OAS décident que les facteurs renseignent la police sur qui appartient ou pas à l'OAS (Une rumeur idiote) On commence donc à abattre des facteurs sur les trottoirs. La grève est immédiate. Jusqu'à leur départ, les Algérois devront aller chercher eux-mêmes leur courrier dans des centres de distribution installés pour cela.
bref une terrible atmosphère de fin du monde (de fin d'un monde, en tous cas.) La police et les militaires qui enquêtent sur l'OAS acceptent volontiers les renseignements fournis par le FLN, c'est le monde à l'envers.
Peu avant l'exode, l'OAS entame sa politique de la terre brûlée : ne rien laisser aux Arabes des installations techniques qui pourraient être utiles à l'Algérie future. Les Oranais quittant la ville en bateau, pour toujours, le feront dans la fumée des réservoirs d'essence en feu.
Et le pompon à Alger : FLN et OAS finissent par négocier entre eux un cessez-le-feu !
Une idée raisonnable, enfin, qui vaut aux Algérois quelques jours d'un calme qu'on avait fini par oublier.
Mais il est trop tard. Trop de sang a coulé pour qu'une réconciliation soit possible.
L'armée française n'ayant plus le droit d'intervenir sur le sol algérien, l'arrivée des soldats du FLN depuis l'extérieur (Maroc et Tunisie) va se solder par des massacres sanglants, en particulier à Oran, où il y aura une pleine journée de massacre des quartiers européens, avant que le commandant militaire sur place, le colonel Katz, ne daigne faire intervenir ses troupes pour y mettre un terme.
j'ai fait long, mais je voulais vous donner une idée de l'ambiance de la fin de l'Algérie française.