Tolan a écrit :
Vous faîtes sans doute partie de ceux qui croient que depuis que l'homme est sortie d'Afrique, les migrations n'ont cesser de se passer dans tous les sens?
Exactement. Les grandes routes migratoires existent depuis l'aube des temps et n'ont cessé d'être empruntées, dans les deux sens, depuis aussi longtemps. D'où les momies caucasiennes du Tarim datant d'il y a plus de deux mille ans et qui, vraisemblablement, ont pourtant bien le jour en Chine, loin de la terre de leurs ancêtres. Et d'où les questions qui planent encore sur les origines des Amérindiens qui ne descendent pas uniquement des Béringiens.
Certes, les migrations n'ont pas toujours été massives et beaucoup ont procédé de la simple circulation des hommes et de leurs marchandises, mais elles ont été, de toutes les époques, et pas si minimes que vous semblez le penser. Prenez une armée comme celle d'Hannibal, déjà constituée d'hommes aux origines bien diverses, elle ne se compose pas uniquement de cavaliers et de nombreux piétons armés, mais également de toute une logistique composée d'hommes, de femmes et d'enfants afin d'assurer la subsistance des combattants, bien plus importante que l'armée en elle-même. De Carthage à Rome, après avoir traversé les Pyrénées, tout le sud de la France, les Alpes et une bonne moitié de l'Italie, une troupe aussi colossale a dû laisser d'incontestables traces génétiques partout où elle est passée. De même que la Grande Armée lors de la désastreuse campagne de Russie, dont les prisonniers ont été éparpillés un peu partout à travers l'empire des tsars, de sorte qu'à Saratov, une ville de 800 000 habitants, à 800 km au sud de Moscou, il existe un "Parc des Français"... et d'autres monuments relatifs à ces gens qui ne sont jamais rentrés chez eux. Des exemples comme ça, il y en a à la pelle, et c'est exactement pareil pour l'histoire avant l'histoire des guerres qui n'ont pas laissé de traces écrites.
Et ça ne concerne pas uniquement les guerres, mais tous les mouvements de population.
Tolan a écrit :
Si vous êtes 100% européens, , alors vous n'avez probablement aucun ancêtre africain sub-saharian depuis la sortie de notre espèce d'Afrique. Vous n'avez pas non plus d'ancêtres aborigènes d'Australie depuis cette époque, ni d'Asiatique de l'Est.
Cela fait donc des dizaines de milliers d'années d'évolution séparés. Assez pour parler de races différentes.
Non. Comment pourrais-je savoir (ou vous) si je suis 100% Européenne ? Je connais la majeure partie de mes ancêtres sur 400 ans, ils sont déjà éparpillés à travers tout l'hexagone (et pas en dehors, à mon grand désespoir), et c'est une période de temps ridicule à l'échelle de l'histoire humaine. Vous savez, il y a une légende qui court dans mon département, à savoir que tous les porteurs du patronyme CAZIN, tous concentrés au sud de la Loire, descendraient d'ouvrier italiens, des CASINI, venus travailler lors de la construction de Chambord (dont le chantier a démarré en 1519). Comme les registres paroissiaux ne remontent pas jusque là (la paroisse de Chambord n'a été créée que fin 1666 et les communes des alentours n'ont pas de registres aussi anciens), cette légende est impossible à vérifier. Seulement, il apparaît que les plus anciens porteurs du patronyme, au XVIIe siècle, vivent dans un bled juste à côté de Chambord, de sorte que la légende, à défaut d'être prouvée, a peut-être un fond de vérité. Et si ces ouvriers ont existé, ils ne sont certainement pas venus tout seuls et ne s'en sont pas retournés benoîtement dans leur Toscane natale une fois leur tâche accomplie. Vous allez m'objecter que l'Italie, c'est l'Europe aussi. A ceci près que, comme la France, elle a connu une histoire mouvementée et des vagues migratoires presque aussi hautes que des tsunamis qui incluent quasiment tous les peuples du pourtour méditerranéen, les Wisigoths, les Ostrogoths, les armées hétéroclites d'Attila (bien asiatique celui-là), et j'en oublie sûrement.
Si j'étais 100% Européenne, je serais néandertalienne. Ou noire aux yeux bleus comme les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique finissant. Or, ce n'est pas le cas. Preuve que mes ancêtres se sont métissés bien longtemps après la sortie d'Afrique et pas qu'une fois. Mes chances d'avoir un ancêtre aborigène ou Amérindien ou d'un peuple du Pacifique sont en effet extrêmement faibles (quoique pas complètement nulles). Celles d'avoir un ou des ancêtres asiatiques, africains, sémites, méditerranéens ou peu importe, nettement plus élevées. Quant à réduire les Turcs aux descendants des Mongols, c'est vraiment...
Tiens, vous devriez vous pencher sur le peuplement de la Russie depuis l'époque médiévale, entre les Russes blancs plus ou moins issus des peuples scandinaves, les Khazars de la Mer Noire, les peuples asiatiques de Sibérie et la mosaïque de peuples qui constituent aujourd'hui encore cet immense pays.
Tolan a écrit :
Mais pas assez pour parler d'espèces différentes.
Et oui, un africain avec une européenne ne peuvent pas avoir un enfant qui ressemblera à 100% à l'un ou à 100% à l'autre.
Un enfant héritera toujours de 50% de son père et de 50% de sa mère.
Mais la part de ses grands-parents peut être variable. Il est possible d'hériter de 50% de l'un, et de 0% de l'autre.
C'est évidement très rare, mais pas impossible. Donc avec des parents métis, tout devient possible.
Sauf pour des métis de beaucoup générations. Parce que les segments hérités des anciens ancêtres non métis deviennent de plus en plus petits (et fait baisser les chances d'avoir des allèles identiques). Les descendants deviendront de plus en plus uniforme. Comme les noirs Américains où il devient de plus en plus impossible que l'un d'eux ressemble à un africain de l'Ouest. Les noirs américains sont un mélange de Sub-saharien, d'Européen et d'indien.
Je pense que les Noirs américains seraient furieux de lire un tissu de sottises pareilles.
Par ailleurs, les lointains ancêtres "non métis"... comme on vous le répète depuis des pages, ça n'existe pas. Les lointains ancêtres dont vous parlez, même ceux qui ont atteint l'Australie il y a 70 000 ans, étaient déjà des métis... et ce d'autant plus qu'à longer les côtes avant d'atteindre ce continent, ils n'ont pas été sans faire de rencontres.
Tolan a écrit :
On peut définir des races humaines, mais une bonne partie de l'humanité n'en fera pas parti car ayant des caractéristiques pouvant appartenir à différentes races.
Ainsi, on peut grosso-modo définir comme principales races: l'Européenne, la Sub-saharienne, l'Asiatique et l'Océanienne.
Ce sont les 4 "coins" sur une carte, car les races sont bien sûr liées à la géographie.
Les populations de l'Afrique du Nord jusqu'à l'Asie occidentale pourront avoir des caractéristiques de plusieurs de ces principales races.
Par exemple, l'africain du Nord a en commun avec l'Européen, la population du néolithique venue d'Anatolie ou d'Europe du SE, mais aussi aura en commun une partie avec l'Afrique sub-saharienne.
On sait que la conquête Arabe n'a pas eu beaucoup d'impact en Europe, car sinon on retrouverait cette part sub-saharienne chez eux, ce qui n'est pas le cas.
Ah, vous avez l'étude génétique des combattants de la conquête arabe ? Vous savez, quand même, que c'est eux qui ont pris la tête du commerce transsaharien au VIIe siècle, commerce de marchandises précieuses à travers tout le continent noir mais également d'esclaves, et que c'est précisément pour cette raison qu'au XVe et surtout au XVIe siècle, les Européens, incapables de progresser en Afrique continentale et de prendre la tête de ce commerce, ont fondé le tristement célèbre commerce triangulaire, à partir des ports de l'Afrique occidentale ? Il y a eu de tels trafics humains au cours du temps (depuis l'aube des temps aussi, c'est à craindre) que les mélanges et les métissages sont sans doute bien au-delà de ce qu'on le suppose. Vous savez aussi que les empereurs romains intégraient à leurs armées des combattants venus "de l'étranger", et pas seulement des Européens, mais aussi des Asiatiques, des Nubiens, des Africains et tout ce que vous pouvez imaginer.
Tolan a écrit :
Je trouve toutes ces études génétiques très intéressantes. Cela permet de connaître les histoires migratoires du passé.
Et la génétique nous apprend qu'il y a bien eu des migrations importantes, mais elles sont restés limitées et bien spécifiques!
La génétique nous apprend qu'il y a eu des migrations constantes, d'envergures et de natures très différentes, de quantités très différentes aussi. Et qu'elles sont, pour l'essentiel, à mettre étroitement en corrélation avec l'augmentation démographique.
Tolan a écrit :
JNotre époque est du jamais vu en matière de migration!
Elle est également du jamais-vu en matière de peuplement. 7 milliards (et plus d'humains) sur Terre, dont la majorité dans des pays défavorisés, qui descendent TOUS des quelques milliers d'humains ayant réchappé du goulot d'étranglement démographique d'il y a 90 000 ans, c'est pire qu'une invasion de termites ou de cafards ! Comment s'étonner que les plus nombreux, et les plus misérables, choisissent de partir sous des cieux qu'ils croient, à tort ou à raison, plus favorables ?