Jerôme a écrit :
En Allemagne y a-t-il eu des états d'âme parmi les nationaux-socialistes, dans l'armée ou la population ? on a l'impression que non et pourtant l'anticommunisme était une des bases du régime ! la Gestapo suffisait elle à faire taire les récalcitrants ?
L'historien Yves Santamaria, prof à Sciences Po et auteur de plusieurs livres sur le communisme, explique que ce pacte disposait d'un soutien suffisant dans les cercles dirigeants pour faire taire les quelques critiques : Ribbentrop, Schnurre et Schulemburg (dans la diplomatie), Keitel, Halder, Raeder et Beauchitsch (dans l'armée) et surtout Göring (dans la politique), "sensible à la coopération économique germano-soviétique".
Je vous cite le passage concerné :
Citer :
Dans les rangs du NSDAP, l'idée d'un rapprochement avec Moscou avait fait son chemin depuis 1937. Dans l'ensemble, on partageait ce jugement du Völkischer Beobachter du 11 avril 1939 selon lequel "De la révolution russe, comme de la révolution nazie et fasciste, un jeune mouvement national aurait pu sortir si Lénine et Staline n'avaient pas été submergés sous la vague juive. Mais peut-être ce mouvement se produira-t-il un jour ? Au lendemain du Pacte, il se trouve bien quelques militants pour jeter leurs insignes devant la maison brune de Munich, mais le trouble des consciences nazies demeura correctement circonscrit. Le prestige de l'idéologue anticommuniste Alfred Rosenberg fut un temps éclipsé par la conjoncture, avant que la préparation de l'invasion lui redonnât une forme de préséance sur son vieux rival Ribbentrop, via la mise en place d'un "gouvernement civil de l'Est", destiné à la mise en coupe réglée des territoires occupés.
Source : Yves Santamaria,
1939, Le Pacte germano-soviétique, Paris, Editions Complexe, 1998, p. 71.