Hugues de Hador a écrit :
La seconde (dont on a pas beaucoup parlé) : celle de quelqu'un qui a une bonne vision de ce qui va arriver, que l'on croit (dans sa globalité) mais dont on se trouve incapable d'anticiper (trop de freins psychologiques, économiques, politiques, sociaux, etc ...).
Par exemple, de nombreuses personnes dans les années 30, un peu partout en Europe voient ce qui est en train de se mettre en place et qui va conduire au second conflit mondial. Dans tous les pays impliqués, il y a des gens, parfois très proches du pouvoir, qui dénonce cette marche à la guerre. Ils tentent de diverses manières d'influer sur le cours des choses. Mais, en face d'eux il y a des gens qui minimisent sans cesse, qui cherchent à se replacer dans ce qu'ils connaissent. Les prétentions d'Hitler, des rodomontades, dès que les choses deviendront sérieuses, tout cela se dégonflera... De toutes façon, le peuple allemand qui a beaucoup souffert durant le premier conflit mondial n'acceptera jamais une autre guerre .... Les Italiens préfèreront se révolter contre Mussolini que d'entrer en guerre contre ce peuple ami français. Puis, de toutes façons, les américains viendront et ils nous sauveront, encore une fois.
Bref, on a l'impression de quelqu'un qui s'est mis à descendre une pente trop pentue, et chaque fois qu'on lui dit qu'il doit ralentir s'il ne veut pas tomber, il répond : "Je maîtrise." Puis à un moment, tout va trop vite et on ne maîtrise rien.
Dans l'histoire, il y a plusieurs de ces moment où l'on voit que la situation finira par se débloquer, et pas dans un sens profitable aux classes qui font de l'obstruction pour que cela change. On a eu une discussion sur les réformes mises en place par Napoléon et certains se sont pâmer devant son génie qui lui avait permit de mettre en place de si belles réformes qui ont perduré pendant 2 siècles pour certaines d'entre elles. Ou qui continuent de perdurer. Et ils furent tout surpris que certaines de ces réformes dormaient dans les bureaux des ministères et des administrations depuis Louis XVI, si ce n'est Louis XV. Napoléon avait juste ordonné qu'on les mit en place ... pour simplifier, car il a quand même vérifié qu'elles collaient avec le schéma d'ensemble de la société qu'il voulait bâtir. Mais, pendant au moins 50 ans en amont, des gens, que l'on qualifieraient aujourd'hui de technocrates, avaient vu les blocages de la société de leur époque. Ils avaient étudiés les problèmes, avaient proposé leurs solutions, on les avaient trouvés pertinentes et puis on les avaient remisées, car elles contrevenaient à trop de choses dans l'ordre établi de la société de l'époque. On savait que le blocage social ne pouvait perdure. Mais, avec les moyens à leur disposition, Louis XV ou Louis XVI ne sont pas parvenus à faire bouger les lignes. On sait ce qu'il en est advenu ensuite. Mais, si ces 2 rois en avaient eu la volonté et la capacité, ils auraient pu réformer la royauté en douceur en l'amenant vers un autre système. Ils ne sauront pas le faire. En convoquant les États-Généraux, Louis XVI renoue avec une veille tactique, jouer l'Union du peuple et du roi pour contrer les blocages des nobles, il obtiendra tout autre chose, l'union des progressistes des 3 ordres, et lui se retrouvera bombarder chef des conservateurs, tandis qu'une partie des responsables des blocages émigreront dès juillet 1789 ayant compris qu'ils avaient perdu la partie, ils reviendront dans les bagages de Charles X...
On pourrait multiplier les exemples, quand une société se fige, si elle n'arrive pas à se réformer, elle va à sa perte. Il y a plusieurs manières pacifiques de modifier une société, la Révolution n'était qu'une option parmi de nombreuses autres. Ce fut celle qui finira par s'imposer.