Je ne pense pas qu’il existe des sources sur le taux de survie. En revanche, on connait des points de vue sarcastiques de la part des Romains sur ces pratiques. Par exemple Sénèque, dans le De superstitione :
Lui-même se retranche les parties viriles, un autre se taillade les bras. Comment peuvent-ils redouter la colère des dieux ceux qui méritent ainsi leur faveur ? Les dieux ne doivent être honorés d'aucun culte s'ils consentent à l'être de la sorte. Si grande est la démence de leur esprit troublé et chassé de ses assises qu'ils cherchent à apaiser les dieux par des procédés où ne s'est jamais portée la cruauté proverbiale d'hommes atroces. Il y eut des tyrans pour déchirer les membres de leurs victimes ; jamais ils ne leur ont ordonné de se déchirer elles-mêmes. On a mutilé des malheureux pour servir aux plaisirs des rois ; jamais personne ne s'est castré de ses propres mains sur l'ordre d'un maître. On en voit qui se percent de coups dans les tempes et qui font l'offrande de leurs blessures et de leur sang. Si l'on avait le loisir de regarder ce qu'ils font, ce qu'ils endurent, on verrait des comportements si indécents, si indignes de gens honorables et de condition libre, si étrangers à des esprits sains, qu'on les tiendrait à coup sûr pour fous, s'ils étaient en moins nombreuse compagnie. On ne les tient pour raisonnables que parce qu'ils sont en foule pour déraisonner.
Le problème est que le culte de Cybèle était très important à Rome : il avait été importé durant la 2e Guerre Punique sur prescription des livres sibyllins. C’est le seul culte oriental qu’Auguste ne chassa pas de Rome et il installa même sa propre maison juste à côté du temple de Cybèle sur le Palatin. Il était donc nécessaire qu’il y eut des prêtres de Cybèle à Rome, malgré la répugnance que pouvait inspirer l’automutilation à certains Romains traditionalistes, pour qui les dieux apportent avant tout des bienfaits, pas des tourments (c’est ce que dit Sénèque). La castration étant interdite aux citoyens romains, les galles étaient des non-citoyens, venant généralement de la région d’origine de Cybèle, l’Anatolie. Sous le règne de Claude, les restrictions sont levées : le grand prêtre de Cybèle devient un citoyen romain. On met en place un rituel de substitution, le taurobole. Le prêtre se trouve sous le taureau, auquel on ouvre la poitrine d’un coup pour que le sang inonde le futur prêtre. Puis le taureau sacrifié est castré, et symboliquement le prêtre aussi.
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