Léonard59 a écrit :
Bref, les nazis voulaient être maitres d'une Alsace inféodée à eux. Ils ne considéraient pas les alsaciens comme étant égaux aux autres allemands. Bref, les Nanzigers furent des idiots utiles. Mais, des idiots qui surent faire preuve d'une certaine mesquinerie à l'égard de pas mal d'alsaciens dans l'exercice de leurs petits pouvoirs.
Les nazis voulaient se rendre maîtres de toute l'Europe continentale. Au cœur de celle-ci il y avait la Grande Allemagne qui incluait, entre autres territoires, l'Autriche et l'Alsace-Moselle. Alsaciens et Mosellans étaient considérés comme des personnes de race aryenne ayant vocation à devenir allemands à égalité avec les autres Allemands. Mais, pervertis par la France, ils devaient préalablement être réintégrés dans la nation germanique et, tant que cette réintégration, qui passait par un endoctrinement idéologique, n'était pas achevée, ils n'étaient pas citoyens à part entière. Le processus de germanisation devait durer dix ans. Cependant les jeunes, endoctrinés au sein de la Hitlerjugend puis de la Wehrmacht, recevaient sans tarder la pleine nationalité allemande.
Res publica a écrit :
En faisant une recherche rapide sur internet à partir des différents noms de ces Nanziger, je suis tombé sur nombre de publications visant à réhabiliter plusieurs de ces personnes, entre Joseph Rossé qui aurait publié avec sa propre société d'édition, des ouvrages anti-nazis , depuis l'Alsace annexée
Ces Nanziger étaient avant tout des autonomistes qui recherchaient où étaient les intérêts de leur patrie qui, pour eux, n'était ni la France ne l'Allemagne mais l'Alsace. Des gens comme Roos ou Ernst ont fait sans ambigüité le choix de l'Allemagne nazi. D'autres, comme Joseph Rossé ou Marcel Stürmel, sont restés plus réservés. Joseph Rossé, même s'il n'a pas réellement manifesté de zèle, a tout de même adhéré au parti nazi.
Rossé et Stürmel, ont été qualifiés d'autonomistes cléricaux. Ils étaient tout d'abord catholiques, ensuite alsaciens. En tant que catholiques ils militaient en faveur des prérogatives de l'Eglise catholique, notamment en matière d'enseignement, et bien sûr contre les dispositions de la loi de 1905. En tant qu'Alsaciens, ils défendaient le bilinguisme et un régime d'autonomie. L'Allemand était la langue dans laquelle ils avaient fait leurs études et qui restait la langue dans laquelle ils s'exprimaient le plus naturellement.
Joseph Rossé ne possédait pas sa propre maison d'édition. Il était depuis 1926 rédacteur en chef de l'Elsässer Kurier, édité par le groupe Alsatia et, depuis 1932, directeur politique du groupe en remplacement de l'abbé Haegy, un catholique social autonomiste et pacifiste dont il était très proche. Alsatia était un groupe important, employant environ cinq cent personnes. Rossé en a été nommé directeur général par le conseil de surveillance en août 1940. A ce titre il prenait les fonctions du directeur administratif, Xavier Mappus, qui était parti se réfugier en zone libre et avait décidé de ne pas revenir.
Marcel Stürmel était directeur du mensuel Die Heimat (La Patrie) édité par le groupe Alsatia.
Dire qu'Alsatia a édité des livres anti-nazis entre 1940 et 1945 est probablement très exagéré. Les services de censure ont plus probablement laissé passé d'innocentes publications d'inspiration catholique.