ThierryM a écrit :
Pierma a écrit :
En même temps ce projet Madagascar nazi frappe par son idiotie, d'un point de vue nazi : pourquoi mobiliser des centaines de bateaux, alors qu'on peut les tuer en Europe ? (D'où l'idée qu'il a été mis en avant pour des raisons de propagande, faute d'une explication rationnelle.)
Toutefois, il me semble que la politique menée par les nazis n'a pas toujours été marquée du sceau de la rationalité.
hé bien... c'est à examiner.
Tout d'abord, quand on parle de ce plan Madagascar, par exemple, on commence en prenant le postulat nazi qu'il est indispensable de tuer tous les Juifs, un point de départ qui est totalement délirant.
De même quand les Allemands entrent en URSS, l'ordre est de ne pas nourrir les prisonniers de guerre, ce qui évidemment va se savoir dans l'Armée Rouge, où les Frontoviki vont peu à peu se défendre jusqu'à la dernière extrémité. là aussi c'est un comportement totalement irrationnel.
Guderian dira :"Nous avons perdu la guerre le jour où nous n'avons pas hissé le drapeau ukrainien sur la cathédrale de Kiev." Mais un nazi ne raisonne pas comme ça : les slaves sont des sous-hommes, pour quelle raison irait-on accorder l'indépendance à ces futurs esclaves ?
Himmler :"Peu m'importe que deux mille femmes russes meurent d'épuisement en creusant un fossé antichar, si celui-ci est terminé à temps."
Evidemment avec cette folie d'asservir ou de tuer tout le monde, on finit par avoir des adversaires radicalement motivés et déterminés. Les nazis ont perdu la guerre parce qu'ils étaient nazis.
Derrière, ou plutôt au dessus, il y a l'inspirateur de cette folie, Hitler, dont la trajectoire est tout simplement suicidaire. Dans une discussion "à quel moment l'Allemagne a-t-elle perdu la guerre", nous sommes majoritairement tombé d'accord que Hitler a perdu la guerre en septembre 39. Son projet est hors de proportions, il y a trop d'ennemis potentiels, même s'il réussit politiquement à dissocier ses premier adversaires, parce qu'il joue un jeu nouveau, à terme la balance géostratégique ne peut que lui être défavorable.
Sur l'irrationalité, il faut cependant souligner une réalité : les nazis sont fous, mais ils ne sont pas demeurés !
Par exemple, une fois posé l'objectif délirant et criminel de la Shoah, ils font ça plutôt méthodiquement, pour finir par réaliser l'outil idéalement dimensionné à la mesure de l'Europe : Auschwitz.
On pourrait dire la même chose du réarmement (effectué à l'aide de mesures financières d'exceptions, qui auraient rapidement mené l'Allemagne à la ruine si elle n'avait pu se payer sur ses premiers succès) qui est poursuivi de façon méthodique, et commence à rapporter des dividendes politiques, mais aussi financiers, peu de temps après sa mise en route : la Rhénanie, l'Autriche, la République tchèque, et des alliances inattendues, à commencer par le Pacte Hitler-Staline, par le simple jeu de la dissuasion devant l'ampleur des moyens militaires dont ils disposent.