Adrian a écrit :
Ils avaient toujours un briquet sur eux ? mais si même les moteurs des chars étaient gelé, un briquet ne devait certainement pas fonctionner correctement.
Oh si. Mon grand-père avait un briquet à essence, en forme de tube, avec un basculeur au dessus. En appuyant il s'ouvrait, en frottant une pierre qui enflammait les vapeurs d'essence.
Le design mis à part, c'était exactement le principe du zippo (inventé en 1932) sauf que le zippo a la grande qualité d'avoir la mèche entourée d'une sorte de grille, ce qui permet de l'allumer même avec du vent.
https://fr.wikipedia.org/wiki/ZippoLe truc c'est que l'essence est extrêmement volatile, il faut d'ailleurs s'en méfier comme de la peste, et que la roue dentée (dont l'axe n'a même pas besoin d'être lubrifié) produit sur la pierre une étincelle, ce qui suffit.
Evidemment, on mettait dans ces briquets - et vous trouverez encore ça dans tous les tabacs, le zippo est indémodable - de l'essence désodorisée, mais de l'essence de moteur fait aussi bien l'affaire pour des soldats qui n'en sont pas à ça près.
Pour les poilus je ne sais pas, mais ils devaient avoir des briquets de ce genre aussi.
Citer :
mais si même les moteurs des chars étaient gelés, un briquet ne devait certainement pas fonctionner correctement.
Au fait, vous faites bien de vous intéresser à ces sujets, ce n'était pas du tout un reproche, au contraire.
En fait ce qui gèle dans le moteur du char, c'est l'huile. (Et donc on n'a pas ce souci sur le briquet, dont la seule pièce mobile est la roulette, qu'il est inutile de lubrifier.) D'autant qu'elles étaient moins fluides que celles d'aujourd'hui, et avec moins d'additif destinés à améliorer les performances dans le moteur. J'ai un témoignage de soldat allemand qui décrit l'huile gelée comme une sorte de pâte dure, avec un aspect de plâtre un peu coloré.
Il faut vous représenter que les Landser, au lever du jour, faisaient du feu sous les carters des camions. (Avec des précautions pour ne pas fondre les durites j'imagine, dont le caoutchouc d'époque souffrait aussi énormément : les durites perdaient leur souplesse et parfois "cassaient", ou se déchiraient, à ce stade c'est difficile à dire.) Pour les chars je ne sais pas, mais je pense que le même problème appelait la même solution.
Sur les effets mortels du froid vous avez raison. Des Allemands racontent que la garde de 15 ou 20 minutes, donc hors de l'abri, devenait un calvaire quand le thermomètre commençait à descendre vers -40°C. En scrutant la plaine, d'où n'arrivait jamais rien, le liquide oculaire gelait sur la cornée, il fallait cligner des yeux sans arrêt. Témoignage aussi sur un soldat qui s'évanouit pendant sa garde, que la relève trouve inanimée, et que ses amis fouettent à coups de ceintures pour le réanimer puis le réchauffer ! (non c'est logique, il faut faire repartir l'organisme, qui est certainement en hypothermie, et on fait... avec les moyens du bord.)
Autre élément d'ambiance, ce conducteur de side-car Zundapp (ceux que les Français ont souvent vu se présenter en premier dans leurs villages. A noter que la roue du side était également motrice) qui démarre classiquement en mettant un coup de pied sur le kick... qui casse comme du verre !
Et on passe les détails sur les gelures si on ne faisait pas ses besoins très vite et à l'abri du vent. (lorsque les abris étaient assez grands, ils préféraient utiliser des récipients comme pots de chambre et aller régulièrement les vider dehors, où le gel les rendaient vite inodores.)
Ce sont des détails pratiques, mais de ceux, dans ces conditions extrêmes, qui peuvent rendre non opérationnelle une unité militaire. (Et au passage, s'ils perdaient quelques hommes - mais les hommes trouvent des moyens de se protéger, par exemple en expulsant des civils russes, dépouillés au passage de leur vêtements chauds - en revanche ils devaient laisser pas mal de véhicules sur le carreau. Des moteurs ne peuvent pas résister parfaitement à des traitements de ce genre.)