CEN_EdG a écrit :
Sinon, intellectuellement, rien à redire au plan Navarre : le corps de bataille viet ne peut entrer dans le Laos (ce qui était l'objectif n°1 de Navarre : éviter la chute de Luang Prabang et de Vientiane, dont les conséquences anticipées étaient pires que celles d'une défaite en rase campagne) ; il est attiré loin du Tonkin où la pression était intense depuis les batailles de 1951 (les Français étant certains qu'une défaite hors du delta ne saurait être dramatique - ce qui en soi n'est pas complètement faux, Dien Bien Phu n'a guère d'importance stratégique - mais bien sûr ils sous-estiment l'impact médiatique et psychologique de la défaite), dans le "haut pays thaï" qui ne présente guère d'enjeux militaires ou politiques ; il est saigné à blanc (le corps de bataille viet aurait été incapable de remettre le couvert dans une grande bataille classique avant 1955 ou 1956 avec les pertes qu'il a subies).
Si on regarde objectivement la bataille, Navarre atteint les objectifs fixés, même si la perte de la garnison n'était pas anticipée. Le problème, c'est l'erreur de départ : dans le contexte de la conférence de Genève, il aurait dû comprendre qu'il s'agissait de gagner au photo-finish, pas de frapper un grand coup qui nécessitait une prise de risque importante. Parce qu'une défaite "de rang" dans un affrontement "à l'occidentale" était hors de question.
Alors oui, les Viets ont été sous-estimés, surtout leur fantastique effort logistique en quelques semaines, mais ce sont plutôt nos capacités (celle des paras à perturber le siège, celle des aviateurs à "donner de l'air" et à approvisionner le camp) qui ont été surestimées.
Est-ce que le manque d'importance stratégique de Dien Bien Phu n'a pas joué dans l'erreur de calcul ? Les militaires n'escomptaient-ils pas que le Viet-Minh n'engagerait jamais toutes ses forces et ses moyens logistiques dans la bataille, même s'il en avait ?