Les descriptions sont présentes dans la littérature, bien avant Céline. Selon le psychiatre Jonathan Shay, la tirade de Lady Percy dans le Henri IV de William Shakespeare (Première Partie, Acte 1, scene 3), écrit vers 1597, est une description précise des symptômes de PTSD:
"
Ô mon bon seigneur, pourquoi êtes-vous seul ainsi ?… — Et pour quelle offense ai-je, depuis quinze jours, été — banni du lit de mon Harry ? — Dis-mois, mon doux lord, qu’est-ce qui t’ôte — l’appétit, la gaieté et le sommeil doré ? — Pourquoi tournes-tu tes yeux vers la terre, — et tressailles-tu si souvent quand tu es seul ? — Pourquoi as-tu perdu la fraîcheur de tes joues, — et abandonné mes trésors, et tous mes droits sur toi, — à la rêverie sombre et à la mélancolie maudite ? — Dans tes légers sommeils, j’ai veillé près de toi, — et je t’ai entendu murmurer des récits de luttes armées, parler en termes de manège à ton destrier bondissant, — et lui crier courage ! en avant ! Et tu parlais — de sorties, de retraites, de tranchées, de tentes, — de palissades, de fortins, de parapets, — de basilics, de canons, de couleuvrines, de prisonniers rachetés, et de soldats tués, — et de tous les incidents d’un combat à outrance. — Ton esprit en toi avait si bien guerroyé, — et t’avait tellement surmené dans ton sommeil, — que des perles de sueur ruisselaient sur ton front, — comme des bulles sur un cours d’eau fraîchement agité ; — et sur ta face apparaissaient d’étranges contractions, — comme nous en voyons aux hommes qui retiennent leur haleine — dans un grand et brusque élan."
Vent du boulet
"En 1572, au lendemain du massacre de la Saint Barthélémy, le jeune roi Charles IX se plaint d’être harcelé par des cauchemars et la vision effrayante des cadavres sanglants, et il montre à son entourage ses cheveux hérissés sous l’effet de d’horreur. Et le poète Agrippa d’Aubigné, lui-même miraculeusement rescapé d’un combat en 1577, reprend ce thème (« mes cheveux étonnés hérissent en ma tête ») dans son poème de 9000 vers Les tragiques qui relate son témoignage. (...) Les événements de la Révolution Française et les guerres de l’Empire ont fourni à Pinel ample moisson de cas cliniques consécutifs à des frayeurs, qu’il classe (1808) selon la sémiologie dominante parmi les idiotismes, les manies et mélancolies ou les « névroses de la circulation et de la respiration », préfiguration des névroses traumatiques à sémiologie cardio-respiratoire. Mais ce sont les médecins des armées napoléoniennes - Larrey, Percy, Desgenettes - qui vont dénommer « syndrome du
vent du boulet » les états confuso-stuporeux des combattants commotionnés par le boulet qui les a frôlés."
(
Histoire du Trauma, Pr. Louis CROCQ, Médecin-Général (Cadre de Réserve), psychiatre des armées, Professeur associé honoraire à l’Université René Descartes, Paris, France)
Nombreux exemples ici (en Anglais):
https://pdfs.semanticscholar.org/3888/4 ... 6c6c0f.pdf