Pédro a écrit :
Il y a dans Rome un modèle où coexiste une pluralité d'identités. Les religions révélée et le fameux "un prince, une religion" ont eu tendance à promouvoir l'uniformité ai dépend du pluriel. En cela le modèle antique n'est plus guère usité. Que Rome inspire c'est un fait, mais qu'il y ait continuité sans doute pas. C'est peut être dans l'esprit de spectacle que les américains sont le plus proche des Romains.
Pour revenir sur l'idée de nation je viens de tomber sur cette citation :
Toute nation est divisée, vit de l’être. Mais la France illustre trop bien la règle : protestants contre catholiques, jansénistes contre jésuites, bleus contre rouges, républicains contre royalistes, droite contre gauche, dreyfusards contre antidreyfusards, collaborateurs contre résistants… La division est dans la maison française, dont l’unité n’est qu’une enveloppe, une superstructure, un pari. Tant de diversités entraînent le manque de cohésion. Aujourd’hui encore, “la France n’est pas un pays synchronisé”, écrivait récemment un essayiste ; “elle ressemble à un cheval dont chacune des pattes se déplacerait à un rythme différent”. J’aime cette image excessive, ni tout à fait exacte, ni tout à fait fausse. »
Fernand Braudel, L’Identité de la France, tome I, Espace et histoire, 1986
Ha non, justement, c'est très américain aussi comme conception (ce que j'ai mis en gras).
Intéressant la citation de Braudel. Notons aussi que notre vision de la nation française, fait souvent que l'on ne comprend pas les autres. Je lis souvent des Français dire de nos voisins belges : "ils ne sont pas une vraie nation, déjà ils n'ont pas une longue histoire commune, ils parlent deux langues" (erreur volontaire de ma part : beaucoup ignorent qu'ils en parlent même trois !). C'est justement notre vision française qui nous induit en erreur. Une nation c'est plus complexe que ça. Et il y a plusieurs définitions d'une nation. Je ne parviens plus à retrouver où j'avais trouvé cet autre explication (c'était un historien et sociologue reconnu qui faisait une typologie de la conception d'une nation), mais en gros l'auteur auquel je pense expliquait que les Allemands au XIXe siècle (et déjà avant mais c'était inconscient selon lui) avaient développé une nation sur la biologie (mot pudique pour dire la race). Pour eux ce qui importait plus que d'être né sur le territoire ou d'être de culture allemande, c'était d'avoir du sang allemand. On pouvait être né et élevé chez les Papous, parler le Chinois, si nos parents étaient Allemands c'est ça qui importait pour dire que l'on appartenait à la nation allemande (bon on connait les dérives qu'a donné cette vision). Nous Français, on a surtout insisté sur la culture française (pour ça qu'on dira si l'on est expansionniste que les Wallons sont Français, alors qu'ils n'ont presque jamais été dans leur histoire, Français).
Dans l'idéologie américaine, il y a cette idée de promouvoir certes une diversité culturelle et religieuse, mais c'est pour au final arriver à une uniformité. Et c'est encore moins Donald Trump qui met à mal cette idée : dans son discours d'investiture, par exemple, il le dit bien "quelque soit notre couleur ou notre religion, ce qui coule dans nos veines, c'est le même sang, celui des patriotes". L'Américanisme si on devait le définir, c'est l'idée de pouvoir faire ce que l'on veut, de louer le dieu que l'on veut, mais l'important c'est qu'on respecte le mode de vie américain, le président, la patrie. Là je renvoies à Huntington et même à Fukuyama, les deux intellectuels bien qu'idéologiquement opposé, avaient la même définition concernant la nation américaine (celle que je viens de citer). Les deux ont par contre en commun d'être souvent interprété de façon caricaturale.^^
C'est intéressant d'aborder cela, parce que les Américains qui pensent que leur pays décline, mettent en avant justement le fait que pour eux, il y a un délitement de l'unité de la nation américaine.
Cela nous renvoie donc au sujet du topic, à savoir que le déclin, c'est avant tout une question de point de vue, en tout cas à ce niveau-là (car en économie le déclin est objectif, vu qu'il est basé sur des calcules et analyses scientifiques et que comme je l'ai déjà dit il peut être vu comme plus objectif que la notion de décadence qui est beaucoup plus subjective).