Le problème avec ces cartes synthétiques, c'est que plus ou rentre dans le détail, moins elles deviennent lisibles. L'Alsace n'y est représentée que par suffixe en -heim. Alors qu'il y a pas mal d'autres suffixes et qui montrent des spécificités plus locales. Le -heim est réducteur, mais y ajouter ,es -bach, les -bourg, les -willer, les -wihr, -inge, les -gue, les -kirch et j'en oublie aurait rendu la carte illisible.
Donc, pour rentrer dans les détails, il faudrait quitter la maille nationale pour aller vers des mailles régionales, voire départementales.
Mais, ce qui serait intéressant, c'est de comprendre d'où viennent ces suffixes. Linguistiquement parlant, mais aussi en terme de signification. On trouverait que cela signale souvent la présence de l'eau, avec des termes qui vont signifier la présence d'une source, d'une rivière, d'un fleuve ... ou d'un pont, voire d'un gué. Puis, il y a des termes plus liés à la présence humaine, ce sont ceux qui indique qu'il s'agit d'une ville, d'un village, d'un hameau. Mais aussi qu'il y a un sanctuaire, une place-forte, un lieu fortifié.
Puis, les noms de lieux sont aussi le reflet de l'histoire. Par exemple, on sait que la plupart des noms des villes alsaciennes sont d'origines germaniques. Mais, sait-on que pour de nombreuses villes et villages, ils sont de fruit d'une triple "traduction" ? Quand l'Alsace a été envahie par les allemands en 1870, des fonctionnaires allemands ont jugé que certains noms devaient avoir subi l'influence du français, donc on les a germanisés. Quand les français sont revenus en 1918-19, ils ont renommé les villes et villages selon l'ancienne terminologie ... mais il y a eu quelques loupés. Donc, il y a des lieux qui ont retrouvés leurs noms d'avant 1870, et d'autres qui se sont vus affublés d'un nouveau nom. Quand les allemands sont revenus en 1940, ils ont repris les noms d'avant 1918. Mais, ils ont germanisé encore plus, les fonctionnaires du second reich n'avaient pas osé toucher aux noms de certains lieux, surtout ceux fixés par l'histoire ou la religion, les nazis germaniseront à tout va! Et en 1945, retour aux noms de l'entre-deux-guerres.
Dans les années 80-90, il y a eu un retour vers les noms alsaciens... Mais, si pour certaines villes ce fut simples, pour d'autres, personnes ne sait comment on les appelaient avant l'arrivée des français en 1648. Donc, ... on a alsacianisé le nom français. Et la boucle est bouclée.
Alors quelques exemples, j'ai passé mon adolescence dans un village de la banlieue de Mulhouse, et ils s'appelle Reiningue. Avant 1870, il semble que l'on disait plutôt Reiningà. Les allemands ont traduit cela en Reininguen. Mais en fait la prononciation locale serait plus proche de "raïnigà" ou "raïninguà". Le "n" tend fortement à disparaitre. Je n'ai plus tous les exemples en tête, mais je sais que les alsacianistes discutent souvent de quel serait le "vrai" nom de telle ou telle ville ou village en alsacien. Ils oublient au passage une léçon de l'histoire, le nom d'un lieu, c'est le nom par lequel le désignent ceux qui y habitent.
_________________ Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable. Appelez-moi Charlie
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