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Pierma a écrit :
Juste un détail : je ne crois pas que WASP soit une insulte
Bien sûr que non. Tout comme le "White Anglo Saxon" n'est pas un pléonasme.
C'est un concept très discutable certes mais toujours existant.
Citer :
Il y a une dérive vers le "chacun chez soi" individualiste, qui du coup fait bon accueil à cette initiative administrative, parce qu'elle donne un motif pour rencontrer ses voisins. (C'est mon impression.)
Je pense que c'est plus simple. Il n'y a plus le temps.
Un pique-nique, ceci se prépare.
Les femmes travaillent et le week-end, elles se reposent partiellement. Alors l'idée d'un pique-nique est plutôt vu comme un "travail" supplémentaire. Il y aurai plus d'enfants, plus de bruit et lundi sera vite là.
De nos jours "la mixité sociale" fait qu'il est devenu assez improbable de faire "un pique nique" : ceci n'est pas forcément vu comme une détente ou encore une marque de convivialité voire même totalement incompris.
Pourquoi aller "pique-niquer" dans tel endroit alors que -ce que nous nommons "pique-nique" est une simple manière de prendre un repas à l'intérieur, entre femmes et enfants, c'est tout ; tout simplement parce-que la culture de l'autre ne voit pas ce que nous mettons dans le terme et peut ne pas être "preneur" du concept.
Il faut aussi, de nos jours, que les enfants soient partant pour. Et là encore et bien est préféré un temps avec les "copains".
Ajoutez à ceci que dans les HLM, pour les familles dont l'épouse est à la maison et la culture autre : le week end c'est un peu le retour aux sources et les repas en plus d'être "différents" retrouvent des horaires différents avec -et c'est bien normal- un choix de partage différent.
Pourquoi inviter les voisins ? La courtoisie est présente mais il n'y a rien à partager et puis c'est parfois un moment de regroupement familial et culturel.
Je ne vois pas là une sorte de repli "individualiste" mais une liberté de mettre une distance. On peut échanger etc. cependant le WE reste un moment "familial" / intime que l'on ne souhaite pas forcément partager.
La culture imposée de la "convivialité collégiale" est devenu tellement envahissante que ses dernières années il existe un phénomène de rejet. On veut respirer.
Les transports sont collégiaux, le travail se fait en groupe bien souvent, les "loisirs" aussi la plupart du temps : il existe donc un moment où une pause est souhaitée et souhaitable.
Ne serait-ce que pour un véritable repos, ce qu'est censé être le week-end.
De nos jours, il faut bien avoir en tête que le collégial est de plus en plus ressenti comme un envahissement violent. Si l'on doit faire avec durant 5 jours, s'en rajouter une couche pour ne pas paraître "individualiste", il y a beau temps que chacun a franchi le pas, ayant évalué ce que ceci apporte, rapport à ce que ceci demande d'efforts.
La plupart du temps, ces fêtes de voisinage -en HLM- sont dites "à thème". Comprendre : cette année ce sera de la cuisine X avec la musique X et vous déclinez. Tout le monde n'est pas partant, parce-qu'entre temps et bien la musique X en question, on a été gavé -sans le demander mais en se résignant- par les décibels jusqu'à pas d'heure alors que le lendemain, il fallait attraper le bus de 7H33...
Nous voyons les comportements de nos parents à un moment X. Mais qu'en serait-il aujourd'hui ? Seraient-ils prompt à abonder un repas oriental, africain etc. Seraient-ils prêt à se renseigner sur les dates de Ramadan ? A exclure telle ou telle viande afin que chacun puisse profiter du moment ?
J'ai un doute.
Autre chose. Les familles se fragmentent de plus en plus : les voisins ne sont pas obligés de se voir convier ou de convier X pour qui le concept de compagne/compagnon est un peu celui des chaises musicales, ceci plombe un peu.
Dans le même sens, les voisins ne sont pas non plus obligés de récupérer les solitaires du coin : au travail, il faut -là encore- faire "avec" et avec des solitudes parfois/souvent mal vécues.
Le WE est le seul moment où un choix personnel est possible. J'entends par "personnel", une décision familiale partagée et les enfants eux-mêmes préfèrent une soirée "pyjama" (vendredi à samedi) et ont aussi besoin d'un temps de décompression (samedi-dimanche).
Les enfants grands et partis, les voisins : ceci fait belle lurette que se ne sont plus les mêmes, plus les mêmes centres d'intérêt, pas forcément l'envie de "copiner" -on a un peu passé l'âge- etc. -surtout en HLM-.
J'ai souvent remarqué que de nos jours ce besoin de "partager", d'intégrer un groupe (tous les soirs ou presque de la semaine) au final montrait une chose : la personne ne se plaisait pas chez elle ou encore n'avait pas su remplir (lecture, musique, méditation) un vide qui la terrifiait et qu'elle nomme "solitude".
Face à ce vide, ceci devient anxiogène, il faut absolument du bruit pour une impression de "vie bien remplie" d'où la recherche des autres et le fameux -lors de la pirouette finale- "on en a bien profité" et là encore, ceci me laisse très perplexe car peu on fait l'expérience d'un début de pirouette.
Le "on s'en est mis jusque là", ce n'est pas ce qui vient spécialement à l'esprit.
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