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Quelles sont tes sources ?
La Route de la Soie, Luce Boulnois, Editions OLIZANE, 1992.
C'est L. Tesnière qui dans un article de 1942 a supposé que les Romains avaient vu des soieries pour la première fois à la bataille de Carrhes contre les Parthes (53 av. JC) en se basant sur une traduction erronée de Florus du récit de cette même bataille. Par contre Dion Cassius (récit écrit bien postérieurement aux évènements) signale que c'est lors du triomphe de César à Rome que celui ci étonna la foule en faisant étendre au-dessus des spectateurs des étoffes de soie.
En 14, la soie était devenue si populaire à Rome qu'un rescrit du Sénat dut interdire le port de la soie aux hommes et en limiter l'usage pour les femmes, officiellement parce qu'un tissu aussi souple était déshonnorant, officieusement parce que son importation ruinait le trésor romain par une fuite des capitaux vers l'Orient. Mais Les Romains ne savaient toujours pas ni comment la soie était produite ni d'où elle venait rééllement. Ils lui donnèrent le nom de "tissu sérique" (sericum) d'après le mot grec donné par ceux-ci aux habitants de son pays d'origine, les Sères.
C'est Pline (vers 80) qui dans son Histoire naturelle résume les connaissances romaines de l'époque en parlant des Sères :
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célèbres par la laine de leurs forêts; ils détachent le duvet blanc des feuilles, en l'arrosant d'eau; puis les femmes exécutent le double travail de dévider et de tisser. Les Sères sont civilisés ; mais semblables aux sauvages, ils fuient la société des autres hommes ; ils attendent que le commerce vienne les trouver.
Puis, toujours le même Pline parle ensuite des
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Sères dépassent la taille ordinaire, ont les cheveux rouges, les yeux bleus, la voix rude, sans langage pour se communiquer leurs pensées.
Cette description ayant été obtenue par un ambassadeur de Ceylan à Rome. On voit bien que si les traitements de base pratiqués sur le fil sérique sont connus (dévidage et tissage) tout le reste est purement fantaisiste. Je me permet de rappeler au passage que la Chine vit alors sous la dynastie des Hans qui n'a rien à envier aux Romains pour le développement de la civilisation et commerce déjà régulièrement avec toutes l'Asie et notamment l'Inde depuis quelques siècles.
En résumé si les Romains furent rapidement de grands consommateurs de soie, ils savaient au mieux que celle-ci venait du pays des Sères, mais ne connaissaient pas sa nature exacte et n'avaient rencontrés aucun Chinois. Ils croyaient les fariboles inventées par les marchands intermédiaires (kouchans, parthes, grecs) qui n'avaient aucun intérêt à ce qu'ils en apprennent plus. Toutes ces fariboles perdurèrent pendant tout le Moyen-Age car les copistes ne faisaient que copier les auteurs antiques. Dans le même temps, les Byzantins et les Arabes étaient devenus les nouveaux intermédiaires et continuèrent d'entretenir l'Occident dans son ignorance.