Mme de Ludres après ces aventures lorraines devint demoiselle d'honneur d'Henriette d'Angleterre duchesse d'Orléans, puis à la mort de celle-ci elle entra en juin 1670 au service de la reine Marie Thérèse.
En novembre 1673, Louis XIV va dissoudre pour "immoralité" ce service de la reine.
Mme de Ludres entre alors au service de la deuxième duchesse d'Orléans, la fameuse "palatine".
Elle avait de très beaux yeux et un beau visage, Mme de Sévigné la décrit ainsi en avril 1671 "... ses beaux yeux trottaient par la chambre".
Elle avait pourtant un défaut : elle grasseyait horriblement.
En 1671 et 1672, elle aura deux galants : le jeune marquis de Sévigné, fils de la marquise, et Vivonne, frère de Mme de Montespan.
On soupçonne Mme de Montespan d'avoir favorisé l'attachement de son frère pour la belle de Ludres afin d'éviter que le roi ne s'interesse trop à elle.
Bussy Rabutin raconte dans une de ses lettres en mai 1673 : "Vivonne aime avec passion Mme de Ludres et même lui fait faire des présents par le roi, ce qui fait que beaucoup de gens s'y méprennent et croient que le roi a des intentions pour elle".
On s'étonnait en effet de la passion de Vivonne connut pour ne préférer que les dames de mauvais lieux et fuir les dames de qualité.
Or, à l'automne 1673, apparut un nouvel amant de Mme de Ludres : le beau Philippe de Vendome, grand prieur de Malte et descendant de Henri IV et Gabrielle d'Estrées.
Le jeune homme, agé de 18 ans, tomba fou amoureux de la belle de Ludres agée de 26 ans, dont il allait être l'amant régulier pendant deux ans.
Il en était si amoureux qu'il voulut provoquer en duel le jeune François Emmanuel de Bonne (1645-1681) futur duc de Lesdiguières, à l'automne 1674 parce qu'il s'était permis de trop regarder la belle chanoinesse.
Primi Visconti (qui vivait alors dans l'entourage du jeune Vendome) raconte qu'il était dévoré par sa passion pour la belle chanoinesse : "son amour était si grand que parfois il se renfermait des mois entiers dans sa chambre, fenêtres fermées, avec une guitare, du papier et de l'encre pour écrire des vers, ne dormant pas, ne mangeant rien, excepté quelques tasses de chocolats pour se soutenir".
Telle était sa passion pour la belle Ludres que Philippe de Vendome déserta l'armée de Turenne, en juillet 1675, engagée près du Rhin, pour s'en retourner près de sa maitresse.
Cette désertion provoqua un tollé général, mais avait été provoquée par les bruits que le roi s'intéressait dorénavant à la belle de Ludres.
La liaison de celle-ci avec le roi débuta cet été là pour s'achever au printemps 1676.
Bussy Rabutin la soupçonne de vouloir supplanter la Montespan, alors toute puissante sur l'esprit du roi.
"elle semblait, par le bruit qu'elle faisait, songer plus à passer pour maitresse qu'à l'être".
Or, la belle de Ludres n'avait pas l'esprit de la Mortemart.
Elle fut bientôt atteint de rougeurs de peau (la Palatine soupçonne un poison venu de Lorraine) qui couvrait son corps de façon irrégulière.
Mme de Montespan en profita pour dégouter le roi et lui fit croire que c'était un dartre.
Philippe de Vendome, toujours amoureux, récupéra sa belle chanoinesse pour une année, mais l'aventure royale l'avait atteint dans son orgueil.
En 1677, Philippe de Vendome rompit avec la chanoinesse (Primi Visconti prétend que la cause en fut qu'elle osa lui suggérer le mariage...) .
Celle-ci se retira un temps chez les Dames de Sainte Marie rue du Bac, puis reprit son service auprès de la Palatine qui demeurait son amie.
A ceux qui lui disait qu'elle était toujours aussi belle, elle répliquait "j'en suis bien aise, c'est un ridicule de moins".
Le poete Benserade lui écrivit ce petit poeme :
"si la Ludres eut moins d'appat,
elle aurait été mariée
mais un mari n'aimerait pas
a la voir d'amants entourée..."
A l'été 1677, Philippe de Vendome s'éprit de la fille du peintre Mignard, la jolie Catherine Marguerite... puis s'embarqua pour l'Angleterre où il jeta les yeux sur sa charmante compatriote, Louise de Keroualle duchesse de Portsmouth et favorite très aimée de Charles II....
Quelques mois plus tard, au printemps 1678, la belle de Ludres quitta pour de bon le service de La Palatine, pour entrer en religion au couvent de la Visitation de Marie.
Elle fut créée marquise de Ludres en 1720 et mourut à Nancy agée de 79 ans le 28 janvier 1726.
Philippe de Vendome, lui, décèdera le 24 janvier 1727 à Paris, presque un an, jour pour jour après celle qu'il avait passionnément aimé...
|