Qui est ce Ponce Pilate ?
Le nom de Ponce Pilate est devenu célèbre par l'épisode de la condamnation de Jésus-Christ décrite dans les Évangiles. Sinon, à part eux, on peut citer Flavius Josèphe qui en parle deux fois : dans la
Guerre contre les Romains (IX, 2-4) et les
Antiquités judaïques (XVIII, § 35, 55-59), parce que tout cela le concerne, lui et sa nation.
Tacite, dans ses Annales ne semble pas s'intéresser à la situation en Palestine à l'époque où Ponce Pilate y fut procurateur (26 à 36), mais il cite son nom, en parlant des
Chrétiens — fausse appellation puisque dans le texte latin on dit
Chrestianos appellabat pour des hommes dont le nom vient de
Christus ; il semble y avoir là une fraude du scribe, comme dirait Daniel Massé dans l'
Énigme de Jésus-Christ (1926), on devrait lire plutôt
Christianos, soit les
Christiens, et non les
Chrétiens qui n'existent pas à cette époque là —, dans un bref paragraphe à la suite de l'incendie de Rome en 64 sous le règne de Néron (XV, 44). Suétone non plus dans sa biographie de Tibère ; les évènements en Gaule, en Germanie, en Macédoine, dans la Thrace étant apparemment plus importants que quelque crucifixion en Palestine. Tout juste dans le Vie de Claude ((VI, 11) il dit :
Iudaeos impulsore Chresto assidue tumultuantis Roma expulit -
Il chassa de la ville les Juifs qui se soulevaient sans cesse à l'instigation d'un certain Chrestus ; et dans la Vie de Néron (XVI, 6) :
afflicti suppliciis Christiani, genus hominum superstitionis nouae ac maleficae -
Il livra aux supplices les Chrétiens, race adonnée à une superstition nouvelle et coupable. Là encore vous constaterez que le traducteur (La Harpe) commet une erreur et devrait traduire
Christiens, et non
Chrétiens. Là encore, je vous renvoie à Daniel Massé, L'
Énigme de Jésus-Chrit, sur la différence entre les deux mots.
Pour conclure sur ce premier point, et en guise d'introduction, je dirais : Ponce Pilate, personnage emblématique dans l'histoire de la religion chrétienne, mais bien insignifiant dans l'histoire tout court.
Je vous livre ici le commentaire d'un historien amateur -
http://www.empereurs-romains.net/ (mais l'amateurisme peut aller loin, très loin, plus loin que certains de nos historiens confinés, au fond de leur bureau, dans leurs certitudes...) qui s'est fait quelques idées là dessus :
1. Ce dont on est (presque) tout à fait sûr :
Ponce Pilate appartenait à l'ordre équestre (bonne bourgeoisie enrichie).
En 26 ap. J.-C. Ponce Pilate fut nommé préfet de Judée - et pas "procurateur", comme l'indiquent encore de (trop) nombreux Websites?
Ponce Pilate fut un gouverneur assez brutal, assez peu soucieux de complaire à ses administrés juifs en ménageant leur susceptibilité religieuse… mais qui, rusé, savait néanmoins user de diplomatie et faire preuve de souplesse quand les circonstances l'exigeaient.
À la fin de l'année 36, son supérieur hiérarchique, le gouverneur de Syrie Vitellius, lui ordonna de se rendre à Rome afin qu'il s'y justifiât devant l'empereur.
Ponce Pilate fut sanctifié par les Églises grecque, copte et éthiopienne. Son épouse (Claudia Procula ?) reçut le même honneur.
2. Ce qui est possible, mais pas sûr à 100 % :
Ponce Pilate était le fils d'un certain Marcus Pontius, un Espagnol qui aurait reçu la citoyenneté romaine en récompense de sa bravoure sur les champs de bataille.
De son petit nom Ponce Pilate s'appelerait Lucius. Son nom latin complet serait donc Lucius Pontius Pilatus.
Ponce Pilate aurait épousé Claudia Procula, une dame de haute naissance, très bien en cour.
Entre 30 et 35 ap. J.-C., Ponce Pilate, Préfet de Judée, aurait eu à statuer sur le cas d'un certain Jésus
le Nazôréen. Il aurait ordonné que cet individu fût crucifié sous le motif que ce Jésus se prétendait
Roi des Juifs.
À l'occasion de ce jugement, Pilate aurait prononcé quelques petites phrases qui passèrent à la postérité ainsi que dans les pages roses des dictionnaires :
Ecce homo (=
Voilà l'homme !),
Ce qui est écrit est écrit ! et surtout
Qui est veritas ? (=
Qu'est-ce que la vérité ?).
Après son rappel à Rome et sa comparution devant l'empereur Caligula, Ponce Pilate aurait été exilé à Vienne (dans les Gaules). Il y mourut peu de temps après, mais on ne sait s'il se suicida où s'il fut exécuté.
3. Ce qui est très douteux.
L'épouse de Ponce Pilate, qui s'appelait peut-être Claudia Procula, serait l'arrière petite-fille d'Auguste. Voici comme s'établirait cette hypothétique filiation : Auguste engendra Julie I - Julie I épousa Agrippa - Agrippa et Julie I engendrèrent (entre autres) Julie II - Julie II engendra (enfant adultérin) Claudia Procula qui épousa Ponce Pilate. Une hypothèse aussi fragile que controversée…
Ponce Pilate aurait été rappelé à Rome puis exilé en Gaule suite à sa répression musclée d'une insurrection armée en Samarie. Comme en l'occurrence, il n'avait fait là que s'acquitter consciencieusement de sa tâche, qui était d'avant tout d'assurer la paix publique en Palestine, il est probable que les raisons de sa disgrâce furent toutes autres. L'Affaire Jésus peut-être ?…
4. Et ce qui est tout à fait faux :
Ponce Pilate se serait converti au christianisme après la résurrection du Christ.
Pour ce qui concerne sa parlote du sujet de Jésus, nous n'avons aucune trace qu'il ait parlé de Jésus-Christ, mais aurait-il pu en parler... Quelque apocryphe fait dire à sa femme (
Actes de Pilates, 2, 1) : Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste (J.-C.). Car j'ai beaucoup souffert cette nuit à cause de lui. — Comme Jésus dit lui-même :
Que celui qui peut comprendre comprenne (
Matth., 19, 12)....
J'espère avoir répondu en partie à votre questionnement.
Quelques sources :
Université de Louvain (
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm) Suétone, Tacite et autres auteurs latin.
Site de Philippe Remacle (
http://www.remacle.org/ ), dans la section des Auteurs grecs : Flavius Josèphe