Une Période d'Attente
Après sa série de victoires éclatantes Hannibal ne poussa pas ses avantages. Manqua-t-il pour la seconde fois sa chance, comme on le dit parfois ? Plus probablement jugea-t-il que son armée, forte surtout de sa cavalerie et en tout cas dépourvue du matériel indispensable, n'etait pas appropriée au siège d'une ville aussi importante? Dans son esprit, mieux valait sans doute couper Rome de ses allies méridionaux qui du reste se soulevaient déjà, et c'est ce qui le décide finalement a s'installer un certain temps dans le sud de la péninsule. Politique d'abord payante, puisque dès la mort du fiel roi Hiéron II, Syracuse passait aux Carthaginois, de même que Tarente et les régions de la confédération italique, comme l'Apulie, le Samnium, la Lucanie, le Bruttium, la Campanie; la puissance militaire qui unissait l'Italie est brisée. Sans compter le traité d'alliance qu'Hannibal signa avec Xénophanes, fils de Cléomachos d'Athènes, au nom du roi Philippe de Macédoine, intéressé par la région de l'Adriatique.
Le séjour d'Hannibal a Capoue, qui s'était rendue a lui, ne fut donc pas sans profit, mais le malheur voulut, du moins pour lui qu'il s'y éternisas, l'expression "s'endormir dans les délices de Capoue" vient de là, alors que les Romains mettaient a profit ce temps mort pour se refaire une santé. Ils étaient sagement revenue à la position de Fabius Cunctator, la seule qui fut adaptée a leur situation calamiteuse : temporiser, refuser le combat, recruter et entamer des légions nouvelles. Tant et si bien qu'au prix d'un effort surhumain, ils se trouvaient des 212 de nouveau pressé à reprendre les hostilités. Ils ne devaient jamais oublier la sanglante leçon de Trasimène et de Cannes dont le souvenir reviendra obstinément dans la future littérature romaine.
l'Empire Romain Contre-attaque
Rome avait puisée dans l'imminence de l'écrasement, qui eut décidé de l'avenir de notre civilisation la force d'un incroyable sursaut d'énergie. Rome a réussi à créer au centre de l'Italie une formation politique d'un type nouveau, un véritable État national, dont le noyau n'a pas été entamé par les défections de ses associés, et qui révèle une vitalité et une capacité de résistance qu'Hannibal n'avait pas soupçonnées, il lui fallait vraiment vaincre ou mourir, et son attachement viscéral à ses dieux fut pour l'essentiel dans la passion qu'elle mit a se relever. Des 212, la République passait a l'offensive sur tous les fronts. Rome reconstitue une très forte et très nombreuse armée de 200 000 hommes. La tactique de Fabius ayant fait ses preuves, les 25 nouvelles légions romaines évitent maintenant les grandes batailles et s'appliquent à «grignoter» patiemment les positions carthaginoises. On commence par contrarier Hannibal dans les projets qu'il caressait touchant l'Adriatique : une escadre envoyée sur place y mit fin, d'autant plus efficacement qu'une alliance conclue entre Rome et quelques villes d'Asie Mineure incite le roi de Macédoine à se tenir tranquille. Puis les choses allèrent bon train. Rome reprit Syracuse en 211, après un siège ou, par parenthèse, périt l'infortuné Archimède. Occupé, dit-on, a résoudre quelque problème de géometrie, il aurait simplement dit au soldat qui marchait sur lui: "Ne dérange pas mes figures..."
Les forces d'Hannibal sont numériquement trop réduites pour qu'il puisse les disperser sur plusieurs fronts; c'est à peine s'il peut maintenir de petites garnisons dans les places soumises. Il assiste impuissant, la rage au coeur, aux attaques des plus prestigieuses cités qui lui aient ouvert leurs portes. Cependant, alors que l'étau se resserre autour de Capoue, Hannibal s'empare de Tarente et effectue un raid jusqu'à Rome pour attirer vers lui les légions. Mais ce calcul est mal compris par le sénat de Capoue qui, se croyant abandonné par Carthage et espérant la clémence de Rome, ouvre les portes de la ville à son armée. Puis Rome reprit Tarente, on imagine que les retrouvailles ne furent point idylliques avec les villes passées si imprudemment aux Carthaginois ils méditeraient longtemps sur l'inconstance du destin et sur les incertitudes des choses de la guerre.
Tout de même, au printemps 210 av. J.-C. rien n'était absolument perdu. L'armée d'Hannibal était intacte et le sud de l'Italie, où elle évoluait librement, lui offrait une base sûre. Rien n'interdisait de donner une nouvelle version de Cannes dont Rome, cette fois, ne se relèverait peut-être pas. Mais le nouveau commandant en chef de l'armée romaine d'Espagne, un jeune homme de vingt-quatre ans, va bouleverser les plans d'Hannibal. Scipion est le fils aîné d'un des généraux récemment tués en Espagne. Hannibal est sans doute bien loin de soupçonner le moindre danger dans la désignation de ce novice. Mais il se trompe.
Conclusion
Ce que l'on sait c'est qu'Hannibal arriva dans la plaine du Pô après avoir passé les Alpes avec 40 000 fantassins, 10 000 cavaliers et de 40 éléphants, on peut penser qu'après les batailles du Tessin, de Trébie et de Trasimène malgré ses brillantes victoires il perdit environ 6 à 10% de ses effectifs, auquel il faut ajouter les dégats causés par les épidémies qui causeront jusqu'à une époque récente de terribles pertes dans toutes les armées, on arrive en gros à 40 000 hommes. Ce qui parait très insufficient pour contrôler toute la région autour de Rome ce qui aurait permit de commencer le siège sans être inquiéter par des actions de guérilla, la seule solution pour Hannibal aurait été de se lancer dans une politique d'extermination au risque de renforcer les romains et qui en plus est totalement opposé à son but de guerre qui est de forcer les romains à signer un traité de paix très désavantageux pour eux et d'obtenir ainsi l'hégémonie.
La situation d'Hannibal est bien plus mauvaise qu'il n'y parait , il est en froid avec Carthage, ses alliés du sud de l'Italie ne sont pas d'une aide très précieuse ils n'ont certainement pas envie qu'il devienne trop puissant, ses bases sont très loin en Espagne ce qui suppose de gros problèmes de ravitaillement, ses effectifs sont trop réduits pour prendre Rome et en plus sa principale force est une cavalerie totalement inutile dans un siège, Hannibal est bien meilleure pour les batailles en rase campagne que pour les sièges , les romains n'ont pas envie de signer d'armistice ils préfèrent vaincre ou mourrir.
Dans ces conditions il est clair qu'il ne pouvait pas prendre Rome, comment aurait-il pu avec 40 000 hommes franchir la muraille extérieure et intérieure, prendre la ville maison après maison, quartier après quartier, et combattre des romains dans un espace défavorable où les manoeuvres sont impossibles, qui ne se battaient plus pour un quelconque territoire mais pour leur survie avec l'énergie du désespoir. Hannibal a certainement pensé que Rome était à terre et qu'avec une pression constante elle s'asphyxirait, il ne pouvait prévoir l'arrivée de Scipion l'africain.
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