Vespasien, au dire de Suétone (Vespasien, IV, 8-12), disgrâcié et retiré dans une ville écartée de l'Italie, pour s'être endormi pendant que Néron chantait, est rappeler pour obtenir un commandement et une armée. En effet les Judéens s'appliquèrent à eux-même une vielle tradition qui voulait que ceux qui viendraient de la Judée, à cette époque, seraient les maîtres du monde ; ils se révoltèrent, mirent à mort leur gouverneur, évènement dont Flavius Josèphe ne paraît pas parler, chassèrent Cestius, gouverneur de Syrie qui venait à son secours, et lui enlevèrent son aigle. Il renforça ses troupes de deux légions, de huit escadrons et de dix cohortes, prit son fils aîné (Titus) au nombre de ses lieutenants, et, dès son arrivée, s'attira l'affection des provinces voisines, en rétablissant la discipline militaire.
Suétone (Vespasien, V, 9) nous dit aussi qu'en Judée, Vespasien consulta l'oracle du dieu Carmel, et le sort lui répondit que ce qu'il pensait en ce moment, quelque grands que fussent ses desseins, il lui en assurait le succès. Josèphe, un des plus nobles prisonniers, au moment où on le jetait dans les fers, ne cessa d'affirmer que bientôt il serait délivré par Vespasien, et par Vespasien empereur.
Titus naquit le troisième jour avant les calendes de janvier, l'année devenue célèbre par la mort de Caius (24 janvier 41 ap. J.-C.), dans une petite chambre obscure qui faisait partie d'une chétive maison attenant au Septizonium, que l'on montrait encore du temps de Suétone. Jeune tribun militaire, il servit en Germanie et en Bretagne, avec autant de talent et d'éclat que de modestie, ainsi que le prouvent la quantité de statues qu'on lui éleva dans ces deux provinces, et les inscriptions qu'elles portent, précise Suétone (Titus, IV, 1). Ayant suivit son père en Judée, placé à la tête d'une légion, il se rendit maître de Tarichées et de Gamala, les plus fortes places de Judée (Suétone, Titus, IV, 3 ; Flavius Josèphe, Guerre, III, X, 1-6 ; IV, I).
Après avoir recontrer Galba, lors de son accession à l'empire, il fut investi du commandement et resta en Judée pour achever de la soumettre. Au dernier assaut de Jérusalem, il tua de douze coups de flèches douze défenseurs de la place, et la prit le jour de la naissance de sa fille. La joie et l'enthousiasme des soldats furent tels, que, dans leurs félicitations, ils le saluèrent “imperator”. Bientôt après, quand il quitta la province, ils employèrent tour à tour les prières et les menaces pour le retenir, le conjurant de rester ou de les emmener. On le soupçonna même de vouloir créer un empire en Orient nous dit Suétone (Titus, V, 4).
Titus, peut-être à cause de sa relation avec Bérénice, aux dires de Josèphe n'est pas favorable à la destruction du Temple, mais s'y trouve dans l'obligation, car nous dit ce dernier (Guerre, IV, IV, 1) : dès qu'il vit que son désir d'épargner le monument d'un culte étranger aboutissait à des échecs et causait la mort de ses soldats, il donna l'ordre de mettre le feu aux portes ; il tentera bien par deux fois d'éteindre l'incendie, mais le mal est fait.
_________________ De tout ce qui respire et rampe sur la terre, il n’est rien de plus piteux que l’homme ! (Homère)
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