TCHIMPA MVITA, ALIAS DONA BEATRICE
C’est le 2 juillet 1706 qu’eut lieu l’exécution publique de TCHIMPA MVITA, brûlée vive sur un bûcher avec son compagnon, Barro. [Je ne dirai pas, comme tant de gens l’ont fait, que c’est « la Jeanne d’Arc congolaise », car si comparaison n’est pas raison, abus de comparaison est déraison. L’histoire de l’Afrique a ses propres raisons d’être, et n’a pas vocation sempiternelle à reproduire ce qui s’est passé ailleurs…]
Depuis le XVème siècle, les Portugais fréquentent le Kongo, établissent des relations diplomatiques avec les autorités locales, dont ils obtiennent d’installer des comptoirs commerciaux et des missions catholiques. Bientôt, dès 1491, les Mwene du Kongo et leurs familles se convertissent au christianisme. L’entourage de ces souverains se remplit alors de prêtres et missionnaires catholiques portugais, sortes d’agents spirituels spéciaux de l’Europe esclavagiste.
A partir du XVIème siècle, le Kongo est saigné par les Portugais avec la bénédiction de l’Eglise catholique, malgré les vives protestations de Mwene N’Zinga Mvemba (Afonso Ier).
Dans ce contexte, une jeune fille de l’aristocratie locale entre en résistance spirituelle en 1704, exhortant ses compatriotes à se défaire de l’emprise du christianisme, où dit-elle tous les saints, anges et autres personnages sont Blancs ; et où il n’y a aucune place pour les Noirs au ciel.
Donc TCHIMPA MVITA commence à organiser la résistance à l’envahisseur par une conscientisation de ses compatriotes, dont elle attire l’attention sur les contradictions et autres compromissions spirituelles : les Blancs prêchent la fraternité, pendant qu’ils répandent la férocité. Sur les recommandations/pressions des courtisans et conseillers catholiques du Mani, elle sera accusée d’hérésie, arrêtée et exécutée.
Le destin de TCHIMPA MVITA, cette jeune aristocrate africaine, qui du jour au lendemain, abandonne toute attache matérielle, afin de se consacrer à la résistance contre la Traite négrière portugaise au péril de sa vie, est emblématique de ce qu’aussi bien les hommes que les femmes africaines ont résisté à l’occidentalisation de l’Afrique. TCHIMPA MVITA est également emblématique du rôle significatif que la femme a toujours joué dans l’histoire de l’Afrique.
_________________ "La langue est la boîte noire de toute civilisation"
Alain ANSELIN
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