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Message Publié : 28 Nov 2005 19:14 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 15 Mai 2005 12:40
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Caesar Scipio a écrit :
Cependant, la différence avec les chrétiens, c'est (corrigez-moi si je me trompe car je n'ai en ce moment pas les moyens de vérifier) que les juifs, au nom de leur antique tradition, avaient obtenu une exemption de culte impérial, alors qu'au contraire, les chrétiens, parce que considérés comme non-juifs et donc ne bénéficiant pas de cette exemption dérogatoire, devaient eux rendre ce culte.

Pourtant il me semble que les romains n'ont distingués les judéens des judéo-chrétiens qu'assez tardivement...

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Message Publié : 11 Déc 2005 18:52 
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Thucydide
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Inscription : 29 Oct 2005 7:01
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Localisation : Cité de Mathilde et de Guillaume
Dans quel texte pouvons-nous trouver une haine des Romains envers les habitants de la Palestine actuelle, Judéens et Galiléens (ne parlons pas de Juifs, c'est un mot qui n'existe pas à cette époque), pour ma part je n'en ai pas trouvé. Et d’après les historiens anciens, ils semblent bien être établis à Rome et avoir des relations diplomatiques avec elle (cf. Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe).
Il me semble que nous avons là une relation très ambiguë entre les adeptes de la religion judaïque et Rome. Pour certains, ils semblent vouloir rester bien tranquilles dans leur pays ou dans leur religion dans d'autres pays, pour d'autres, les séditieux de Josèphe Flavius, ils veulent une indépendance, ou une main mise, de leur pays (voir Flavius Josèphe, notamment dans la Guerre).
Mais revenons en arrière, au temps des Maccabées, qui vont faire résistance à la domination des héritiers grecques d'Alexandre le Grand, et surtout à la domination des Égyptiens. Durant cette époque (IIe-Ier siècle av. J.C.) les Asmonéens et/ou leurs descendants font alliance et/ou, dans leurs différents conflits avec leurs voisins, qu'ils soient du Sud ou du Nord, avec les Romains (Josèphe, Ant. Jud., XII, IX ; Bell. jud., I, V).
Ainsi tant que la région de Palestine reste tranquille, Rome ne s'occupe pas de ses affaires ou reste neutre, au travers d'un acte d'alliance, que l'on retrouve dans le livre des Maccabées (I ou II ? je ne me souviens plus, il faut regarder).
Mais lorsque le sédition monte jusqu'à vouloir proclamer l'indépendance du pays, ou son rejet de la culture romaine, le problème devient tout à fait différent. Autant les luttes internes et externes ne semblent pas poser de problèmes à Rome, autant cette nouvelle sédition (à partir de vers l’an 14 de notre ère), plus grave que celles d'auparavant, faits coutumiers dans cette région, ne convient pas aux Romains.
En effet, une indépendance du pays, ou plus, un blocage des frontières, pourrait mettre en péril la survie de Rome en matière alimentaire. Un peu comme aujourd'hui l'intervention des États-Unis, plus grand consommateur de pétrole, en Irak ; Rome est tributaire pour un tiers de ses exportations de blé venant de l'Égypte et la navigation n’est pas sûre, et les routes sont plus faciles à garder.

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Message Publié : 12 Déc 2005 9:30 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Le rejet des juifs n’est lié car [sic! je suppose qu'il faut lire "qu'à"] la forme particulière [de quoi?] que les Romains entretenaient vis-à-vis des peuples éloignés de leurs cultures [sic! je suppose qu'il faut lire "de leur culture"], c’est tout…
Les Romains n’hésitèrent pas cependant à donner le titre de citoyen romain à de nombreux juifs du moment qu’ils acceptaient certains critères d’assimilation… Il reste, bien sûr, certains juifs qui n’acceptèrent jamais la domination romaine : ils furent traités comme tous les rebelles barbares, un point, c’est tout !

Voilà une présentation bien simpliste pour un amateur d'histoire... Pour rester dans le même registre ultra-simplificateur, il serait peut-être plus réaliste de déclarer : les Romains intégraient dans leur panthéon les dieux des populations étrangères qu'ils englobaient dans l'Empire, tandis que le monothéisme juif répugnait à figurer parmi d'autres divinités et se montrait réfractaire à toute réciprocité d'adoption dans ce domaine.


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 Sujet du message : Petite cause, grands effets...
Message Publié : 12 Déc 2005 14:07 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Localisation : Marseille
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Quant à la simplification à laquelle je suis censé avoir cédé, cela me fait doucement rigoler : mon seul tort est de ne pas focaliser sur un tout petit peuple qui n'était qu'un élément de la mosaïque romaine...


Ignorant le problème technique que vous devez gérer, je vous prie d'excuser ma réaction précédente.
Au demeurant, il ne s'agit nullement d'avoir tort ou raison : personne ne pourrait vous en vouloir de focaliser ou "de ne pas focaliser sur un tout petit peuple qui n'était qu'un élément de la mosaïque romaine". On peut cependant rappeler qu'aucun élément n'est à négliger quand on entreprend d'analyser une situation quelle qu'elle soit. Les causes des phénomènes ont souvent une dimension apparemment disproportionnée comparée aux conséquences induites : un tout petit peuple (voire un simple individu, les exemples abondent...) peut infléchir durablement l'évolution de toute une partie de l'univers.


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Message Publié : 12 Déc 2005 14:41 
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Salluste
Salluste

Inscription : 29 Août 2005 16:18
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le titre du sujet me semble très inadapté ...

1/ les Romains haissaient ils les juifs ?
2/ Si oui, les haissaient ils plus que les autres ?

Franchement, les Romains ne haissaient personne (avec une possible exception pour Carthage).

Ils combattaient avec pragmatisme et opportunisme tous les modèles non compatibles avec le leur.

ils ne haissaient pas les Juifs en tant que tels ...d'autant qu'a cette épqoue, les juifs étaient largement répartis sur le pourtout du bassin Méditerrrannéen (Au Ier siècle, environ 4,5 millions de Juifs vivaient dans l'Empire romain, soit a peu près 9% de la population totale.. je ne garanti pas le chiffre mais l'ordre de grandeur n'est pas vraiment discuté) ...

S'ils avaient du "hair tant" les Juifs, les repressions ne se seraient pas réduite à la seule palestine et sur une durée relativement brève.

Ils ont traité les juifs comme ils traiterent les druides, les revoltes d'esclaves d'anatolie..et tout ce qui pouvait être une menace a l'unité politique de l'empire.


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 Sujet du message : le problème des romains
Message Publié : 12 Déc 2005 14:53 
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Thucydide
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Inscription : 22 Nov 2005 13:53
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Localisation : belgique
c'est que toute cette région est en rebellion sans que Rome arrive à imposer sa paix. Les romains n'ont pas " plus" de haine envers les juifs qu'envers les autres peuples. La question peut être posée autrement car les juifs aivaient la haine de l'occupant romain pour des raisons purement religieuses. Le problème des premiers chrétiens est simple à comprendre. Ils sont considérés comme des païens puisqu'ils refusent de rendre un culte aux empereurs vivants et aux divinités romaines. Non content de se mettre hors la loi, ils essaient de se faire admettre en qualité de religion venant du culte hébraïque, culte reconnu par Rome qui a fait de grandes concessions aux juifs

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Message Publié : 12 Déc 2005 21:07 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Localisation : Montréal
Passionnant débat qui englobe une foule de considérations!

Au début de notre Ère, Alexandrie comptait à elle seule 400,000 à 500,000 Juifs. À cela il faut ajouter la Babylonie qui devait doubler ce nombre. Et puis, bien sûr La Judée elle-même et ses satellites comme l'Idumée. Et puis doubler ce total grâce à toutes les Communautés juives disséminées dans le Bassin méditerranée et bien au-delà: Éphèse, Thessalonique, Cyrénaïque, Italie, Mer Noire, Ionie, Grande Syrie, tous les ports de Méditerranée ...

4,5 millions? C'est vraisemblable. Bien que les 2 recensements d'Auguste (en -28 et -8) comptèrent 4,063,000 et 4,263,000 Citoyens ... Était-ce seulement les Citoyens de Rome? Il me semblait qu'on recensait aussi les populations dans les Provinces ...

Faudrait-il s'interroger sur l'exactitude des premiers recensements, commandés par Auguste, vraiment sous-évalués, pour échapper au fisc?

Je croyais que la Population totale de l'Empire Romain, au début de notre Ère, oscillait autour de cent millions d'individus ?

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Spartacus avait raison ...


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Message Publié : 13 Déc 2005 9:11 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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La Mésopotamie comme la Babylonie ne faisaient pas partie de l'empire romain, dont la population est évaluée à une soixantaine de millions d'habitants.


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Message Publié : 13 Déc 2005 21:03 
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Thucydide
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Inscription : 29 Oct 2005 7:01
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Localisation : Cité de Mathilde et de Guillaume
Pour information sur les cens d'Auguste.

La tenue exacte des registres du cadastre et de l’état civil, qui avait, comme je l’ai dit plus haut, commencé avec les rois et s’était maintenue sous la république, où elle formait une des principales attributions de la censure [1], ne fut point négligée par les empereurs qui avaient succédé au titre et aux fonctions de censeurs. Tite-Live (XXIX, 3) et Suétone (Caligula, 8) nous apprennent que ces actes existaient aussi dans les provinces.
Ce dernier auteur et Tacite assurent qu’Auguste avait écrit de sa main le résumé de la statistique de l’empire romain. Ce registre, que Tacite nomme simplement libellum, mais que Suétone (Auguste, 28) désigne, avec plus de précision, par le titre de rationarium imperii, breviarium totius imperii, contenait le résumé des ressources de l’empire, le nombre des citoyens et des alliés sous les armes, l’état des flottes, des provinces, des royaumes, des tributs, des impôts directs ou indirects, des dépenses nécessaires et des gratifications. Auguste, dit toujours Tacite, avait écrit le tout de sa propre main ; il y avait ajouté le conseil de ne plus étendre les bornes de l’empire.

[1] L’an 375 de Rome, les tribuns se plaignent que le sénat cache les registres du cens où sont inscrites ces usures et les dettes du peuple. Ce passage important prouve que les registres du cens comprenaient aussi les capitaux prêtés à intérêts. Le sénat recule devant ces tables publiques, qui attesteraient le cens de chacun ; il ne veut point laisser voir l'énorme masse des dettes et la preuve qu'une partie de la cité dévore l'autre... Tite-Live, VI, 27.

Dureau de la Malle, Économie des Romains, Livre premier, chapitre XIX, Cadastre de tout l’empire exécuté par Auguste Lien mort

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Message Publié : 27 Déc 2005 16:34 
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Polybe
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Inscription : 26 Déc 2005 16:57
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Ayant lu vos échanges avec beaucoup d'intérêt, il m'a semblé que c'est Cuchlainn qui avait fourni la réponse la plus pertinente.

Je ne parlerais pas de "haine", car je crois qu'il est plus légitime de parler d'"aversion" des Romains envers les Juifs.

Cette "aversion" provient du fait qu'il était intrinsèquement impossible à le religion juive d'entrer dans le cadre de l'interpretatio romaine.
Le monothéisme, à lui seul, ne constituait pas un obstacle définitif à l'interpretatio : ce sont tous les rites et tous les interdits spécifiques qui l'accompagnaient qui ont rendu toute compréhension du judaïsme impossible aux Romain.

Pour un Romain, un Dieu qu'il était interdit de nommer était inconcevable. Un Dieu dont il était interdit de faire des représentations était au plus haut point absurde. Un Dieu dont il ne fallait rien dire à ceux qui n'appartenait pas à Son peuple était illogique (pour des Romains qui étaient prompts transmettre les données de leur culte aux peuples qu'ils avaient conquis). Les interdits alimentaires (dont seul le pythagorisme offrait un exemple dans le monde "païen" antique, et qui fut beaucoup raillé pour cela) étaient une aberration fantaisiste à leurs yeux. Et je ne parle pas de la circoncision...

Il en résulta une mécompréhension fondamentale entre Romains et Juifs, due avant tout à un défaut d'information. Les textes des Ier-IIe s. ap.JC montrent bien que les Romains, faisant ce qu'ils pouvaient, s'imaginaient que les Juifs adoraient le ciel et les nuages (en raison de leur façon de prier ; les Satires de Juvénal en témoignent). De plus, Suétone et Tacite ne font pas encore la différence entre Juifs et Chrétiens (comment l'auraient-ils pu, compte tenu du peu d'informations qu'ils avaient sur les rites juifs ?) : l'un et l'autre voyaient le christianisme comme une nouvelle "secte" juive, qui, toujours selon Tacite, "a mérité la haine du genre humain". Que dire de plus ?

A ce compte-là, les seules informations disponibles étaient celles que diffusaient les Grecs d'Alexandrie hostiles au Juifs (mélange de semi-vérités et de mensonges éhontés) : voyez à ce sujet le Contre Appion de Flavius Josèphe.

Alors oui, les Romains ont eu une "aversion" caractérisée envers les Juifs. Oui, d'autres peuples ou d'autres castes ont eu droit au même type d'aversion. Mais les raisons de cette "judéophobie" sont bien spécifiques et ne peuvent pas être réduites à une haine "générale" envers ceux qui ne voulaient pas se soumettre. J'espère vous avoir fait entrevoir pourquoi.

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Message Publié : 27 Déc 2005 20:31 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Je pense que cette thèse peut néanmoins être contredite.

Tout d'abord parce qu'elle généralise à l'excès en parlant des romains, alors que la plupart des romains, avant l'an 66, n'avaient jamais entendu parler de la Judée.

C'est là, me semble-t-il la 1ère et principale faille de ce raisonnement. On tire des conclusions à partir des écrits de 2 ou 3 personnes issus de la caste sénatoriale ou des élites affiliées.


Ensuite, si effectivement une bonne partie des juifs de Palestine refusaient l'assimilation à la culture gréco-romaine dominante, je ne vois pas en quoi on peut en conclure que ce refus d'assimilation provoquait la haine des juifs chez les romains.

Parce que les romains n'avaient pas pour but d'assimiler tous les peuples soumis à leur empire. Tout au plus devaient-ils, comme vous le soulignez, éprouver du mépris pour un peuple vaincu attaché à des coûtumes selon eux obscurantistes ou aliénantes.

Car enfin, si sous Antiochos IV comme sous l'empire romain il y a aussi eu des luttes entre juifs et pas seulement contre le maître séleucide ou romain, c'est parce qu'une part non négligeable des élites juives étaient séduites par le mode de vie à la grecque.

En revanche, ce qui est sûr, c'est qu'il y avait du mépris, voire de la haine pour un peuple qui entrait en rébellion armée et causait des difficultés considérables aux romains.
Et vu le caractère endémique de l'agitation et des rébellions, les romains ont estimé que ce qui servait d'étendard aux révoltes des juifs de Palestine, à savoir leur religion et leur particularisme, devait être pour quelque chose dans leurs révoltes. D'où les mesures d'interdiction d'accès à Jérusalem prises sous Hadrien.


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Message Publié : 27 Déc 2005 21:54 
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Thucydide
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Inscription : 29 Oct 2005 7:01
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Localisation : Cité de Mathilde et de Guillaume
Sol_Invistus a écrit :
Les Romains... s'imaginaient que les Juifs adoraient le ciel et les nuages...


C'est bien mal se rappeler l'histoire. Pompée, en 63 avant J.-C., était entré dans Jérusalem, dans le Temple et même dans le Saint des Saints ; de là une croyance, grecque (Flavius Josèphe, Contre Apion) et romaine (pour aider à l'histoire, et à l'historien, remarquons qu'il manque 4 livres - VII à X - des Annales de Tacite sur la période de 37 à 47 de notre ère, mais c'est une autre histoire), que le peuple d'Israël adorait une tête d'âne (voir Apulée). Pas le ciel et les nuages, puisque nous étions en présence d'une religion, comme les premiers chrétiens, qui officiait au sein d'une enceinte (la synagogue) et non à la vue de tout le monde, et c'est encore vrai aujourd'hui pour les deux religions, mise à part les sectes, dites chrétiennes, qui circulent dans les rues.

Sol_Invistus a écrit :
De plus, Suétone et Tacite ne font pas encore la différence entre Juifs et Chrétiens (comment l'auraient-ils pu, compte tenu du peu d'informations qu'ils avaient sur les rites juifs ?)


Nous avons là, chez Tacite et Suétone, une interpolation des scribes chrétiens sur cette période. Les Romains connaissaient très bien la religion juadïque, et l'acceptait au sein de leur communauté, même à Rome. Certains judéens étaient bien placés auprès des empereurs ou de leur cour, voir pour cela Flavius Josèphe (Vita) ou Philon d'Alexandrie (Legatio in Caium).

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Message Publié : 28 Déc 2005 11:49 
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Polybe
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Inscription : 26 Déc 2005 16:57
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Localisation : 93 Seine-Saint-Denis
Caesar Scipio a écrit :
elle généralise à l'excès en parlant des romains, alors que la plupart des romains, avant l'an 66, n'avaient jamais entendu parler de la Judée.


Vous oubliez qu'il n'était nul besoin de s'être rendu en Judée ou d'en avoir même entendu parler pour connaître les Juifs. Dès l'époque "classique", leur présence est attestée dans tout le bassin méditerranéen et, à Rome, leur communauté était bien implantée. Il suffisait de passer au moins une fois dans sa vie la "Porta Capena", par exemple, pour les rencontrer.
Je ne crois donc pas qu'il est excessif de parler "des" Romains (avec toutes les précautions d'usage, bien sûr) et non de "2 ou 3 membres de la caste sénatoriale."

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Message Publié : 28 Déc 2005 12:27 
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Philippe de Commines
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Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Bien sûr il y avait une communauté de juifs à Rome. Mais cette communauté était surtout vue comme un groupe d'orientaux.

Il y a bien davantage eu un mépris des orientaux qu'un mépris spécifique des juifs. Quand des auteurs écrivent que l'Oronte semble s'être déversé dans le Tibre, on comprend ce que ça veut dire.

Ceci est bien sûr à replacer dans la question de cette discussion, à savoir une haine si forte et donc si spécifique des romains à l'encontre des juifs.

Je pense qu'en transposant sur les romains l'antijudaïsme (c'est-à-dire une haine très spécifique dirigée non pas contre des étrangers un peu particuliers mais contre une catégorie bien précise, à savoir les juifs) qui n'a pu se développer qu'avec le triomphe du christianisme (chose dite en toute objectivité sans aucune critique à l'encontre du christianisme), on tombe dans l'anachronisme.


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Message Publié : 29 Déc 2005 14:39 
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Polybe
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Inscription : 26 Déc 2005 16:57
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Localisation : 93 Seine-Saint-Denis
fdomi a écrit :
Sol_Invistus a écrit :
Les Romains... s'imaginaient que les Juifs adoraient le ciel et les nuages...


C'est bien mal se rappeler l'histoire.


Ahaa ?! 8O Si vous le dites... :wink:

fdomi a écrit :
Pompée, en 63 avant J.-C., était entré dans Jérusalem, dans le Temple et même dans le Saint des Saints ; de là une croyance, grecque (Flavius Josèphe, Contre Apion) et romaine (pour aider à l'histoire, et à l'historien, remarquons qu'il manque 4 livres - VII à X - des Annales de Tacite sur la période de 37 à 47 de notre ère, mais c'est une autre histoire), que le peuple d'Israël adorait une tête d'âne (voir Apulée). Pas le ciel et les nuages.


Certes. Mais pour ma part, je me rappelle bien les vers 96-97 de la Satire XIV de Juvénal, qui sont parfaitement explicites :
Quidam sortiti metuentem sabbata patrem
Nil prater nubes et caeli numen adorant.

(Trad.: "Certains, ayant hérité du sort un père craignant-le-Sabbat, n'adorent rien que les nuages et la puissance du ciel.")

D'ailleurs, l'intégralité des vers 96-106 de cette satire apporte de nombreux éléments de réponse à la question par laquelle cette discussion a commencé : je ne saurais qu'en recommander la lecture.
Le passage auquel je me réfère n'infirme nullement ce que vous avez cité, fdomi, mais y apporte un complément utile... et lave ma mémoire de tout soupçon de défaillance ! :)
Il en ressort que le judaïsme faisait l'objet de croyances fort variées ("tête d'âne", "ciel et nuages")... en raison, précisément, des informations parcellaires que les Romains pouvaient avoir de ce culte.

La question de savoir si les Romains considéraient les Juifs d'abord comme des Orientaux est particulièrement intéressante.
En effet, il est possible de remarquer que c'est précisément lorsqu'ils sont bien en cour, très hellénisés et, finalement, très "assimilés", que les Juifs sont considérés comme des Orientaux : par exemple, on ne reprocha pas sa judéité à un personnage comme Tibérius Alexandre, mais on le dépeindra sous les traits typiques de l'Oriental parvenu.
En revanche, lorsqu'ils sont loqueteux, miséreux, mendiants et peu "assimilés", les Juifs sont spécifiquement identifiés comme Juifs : en témoigne le fameux "cophinus" dont l'imagerie "d'Epinal" romaine les affublait.

Pour résumer, s'il y a bien un mot qui soit contestable dans le titre originel de cette discussion, c'est (bien plus que le verbe "haïr"), l'adverbe "tant".
Il est indiscutable que les Romains nourrissaient de l'aversion pour les Juifs, pour deux raisons qui se complètent :
- une religion "absurde" considérée comme une superstition "barbare" et, éventuellement, dangereuse pour l'ordre public.
- une tendance constante à la rébellion
Mais, lorsqu'ils étaient suffisamment "assimilés", les Juifs changeaient de catégorie, si je puis dire, et "retombaient" dans le mépris plus général que les Romains entretenaient vis-à-vis des Orientaux.

On est effectivement assez loin de l'antijudaïsme tel qu'il pourra se développer par la suite : l'aversion envers les Juifs n'est ni plus ni moins forte que celle dont faisaient l'objet d'autres peuples culturellement trop éloignés de Rome et enclins à la sédition perpétuelle.
Il faut néanmoins admettre que l'aspect à la fois "irréductible" et "incompréhensible" du judaïsme aux yeux des Romains compte pour beaucoup dans l'"aversion" dont la plupart de nos sources classiques font preuve à l'égard des Juifs. C'est d'ailleurs toujours l'élément qu'elles mettent en avant. Il me paraît donc de mauvaise méthode de l'évacuer et de réduire le problème à une question de "ras-le-bol" envers les habitants d'une région en perpétuelle agitation (même si cet aspect entre aussi en ligne de compte) : il y avait bel et bien une aversion particulière des Romains envers cette "drôle de religion".

Je crois donc que nos réponses se complètent et s'éclairent mutuellement. D'ailleurs, n'est-ce pas le but de ce forum.

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