Bonjour,
Il y a plusieurs facteurs : les erreurs tactiques des Allemands en matière d'emploi et de croyance sur l'efficacité de l'artillerie lourde, en matière d'emploi des troupes d'attaque Allemandes et, enfin, le sens du sacrifice et la puissance de feu des Français.
On a jamais vraiment su quels étaient les objectifs Allemands en attaquant Verdun. Falkenhayn désirait user suffisamment l'armée Française pour que celle-ci n'ai plus d'effectifs. L'armée Française usée, elle serait alors acculée à demander immédiatement la paix. Falkenhayn prévoyait un rapport de perte de un soldat Allemand pour trois Français. Cependant, l'armée qui devait opérer devant Verdun, c'est la Veme Armée Allemande. Commandant cette armée, le Kronprinz de Prusse n'était pas du tout d'accord avec l'idée d'une bataille d'usure. Tombant d'accord avec son chef d'état-major, le général Von Mudra, le Kronprinz désirait plutôt organiser une véritable offensive adéquate à emporter Verdun et gagner le plus de terrain possible. C'est le Kronprinz qui va avoir finalement le dernier mot, on tentera la percée. N'osant certainement pas s'en prendre au fils de l'Empereur, Falkenhayn va laisser faire, tout en espérant pouvoir anéantir les effectifs Français si ceux-ci réussissent à tenir tête aux assauts Allemands.
Au début de la bataille, en février 1916, les Allemands avaient absolument tout les moyens pour remporter une victoire aisée, une supériorité numérique en effectif et en artillerie lourde écrasante. Pourtant, rien ne sera logique à Verdun. Dans les premiers jours d'attaque, au Bois des Caures, les Allemands se heurtent à une résistance inattendue : deux bataillons de chasseurs, les 56eme et 59eme, aux ordres du colonel Driant, réussissent à repousser quatre assauts de quatre régiments Allemands. Pas plus de 2000 Français tiennent face à 12 000 Allemands. Installés dans des trous d'obus, certains chasseurs Français tuèrent à eux seuls une dizaine d'Allemands. Refusant de se rendre, de nombreux chasseurs Français préfèrent mourir pour tenir le front, c'est ce que l'on appelle le sens du sacrifice. A la demande du Kronprinz de Prusse, l'héroïsme et le sens du sacrifice des Français sera mis en article dans les journaux Allemands, cela afin de donner un exemple à la jeunesse Allemande, c'est dire l'impression laissés par les hommes de Driant. Finalement, après des efforts redoublés, les Allemands finiront par emporter le Bois des Caures, mais avec de lourdes pertes et un moral qui baisse déjà.
La bataille de Verdun, ça sera tout le temps cela. Après leurs préparation d'artillerie, les Allemands vont constamment s'obstiner à croire que tous les Français sont hors de combat. Cependant, malgré les pertes du à l'artillerie Allemande, les Français seront toujours assez nombreux pour être apte à repousser les assauts. L'on peut donc penser les Allemands ont totalement surestimer les capacités de leurs canons, en outre d'un mauvais emploiement qui n'a pas du aider. Autre problème, les Allemands vont engager leurs troupes de façon assez médiocre. Les Français ont témoigné avoir été souvent attaqué par des masses composés de soldats Allemands collés les uns aux autres. Dès lors, sautant sur leurs mitrailleuses, leurs caisses de grenades, demandant l'appui des canons de 75mm, les Français vont faire des carnages dans les rangs Allemands. Une contre-attaque achèvera les Allemands encore en état de combattre. Après chaque assauts Allemands repoussés, les Français témoigneront aussi de ces monceaux de cadavres Allemands établis devant leurs lignes, c'est dire les pertes infligées. Il peut arriver aussi que les Allemands gagnent du terrain. Dans ces cas là, encerclés, les Français refuseront obstinément de se rendre, préfèrent se faire tuer et, ainsi, permettre aux renforts d'arriver à temps pour colmater la brèche établie dans le front. Les prisonniers Français seront souvent des soldats qui auront combattu jusqu'au bout, arrêtant le combat par blessure ou par épuisement.
Enfin de compte, la bataille de Verdun connaîtra trois phases. Dans la première phase, les Français réussissent déjà à repousser des assauts Allemands. Cependant, via leur supériorité numérique écrasante, les Allemands gagneront quand même du terrain, mais en étant considérablement ralenti dans leurs marche en avant. Grâce à cette résistance des Français, nous allons entrer dans la seconde phase, celle où grâce au temps gagné, les Français se renforcent en hommes et en artillerie. Dans cette seconde phase, les Allemands continuent à gagner un peu de terrain mais les Français repoussent beaucoup plus d'assauts que lors de la première phase. A la fin de cette seconde phase, les Allemands sont définitivement stoppés au fort de Souville, Verdun ne sera pas pris et le front a tenu le choc. Nous entrons alors dans la troisième phase, celle des offensives Françaises. Menée de façon correct, les Français vont en trois séries d'offensives (24 octobre et 15 décembre 1916, ainsi que du 20 au 24 août 1917) reconquérir la majeure partie du terrain perdue au début de la bataille et, ainsi, dégager complètement Verdun. Enfin de compte, en peu de jours et avec peu de pertes, les trois offensives Françaises vont regagner le terrain que les Allemands avaient gagné en six mois et avec des pertes immenses.
Au final, les pertes Françaises et Allemandes seraient équilibrés, il y aurait eu pendant tous ces mois de combat cent cinquante milles tués de chaque cotés, mais on ne sait rien sur les blessés et les prisonniers. Ce qui est certain, par contre, c'est que les objectifs Allemands n'ont pas été atteint. Ni la prise de Verdun et la percée qui s'en suit, voulues par le Kronprinz, ni l'anéantissement complet des effectifs Français, voulu par Falkenhayn, n'ont réussies. La défaite Allemande est donc indiscutable, Falkenhayn en paiera le prix en étant limogé du commandement suprême des armées Allemandes, enfin le Kronprinz de Prusse avouera que "pour la première fois, il pu se rendre compte de ce que c'était de perdre une bataille".
_________________ Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.
Charles Baudelaire
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