Quand Rome désignait des triumvirs monétaires, bien avant le triomphe de César, les personnes ainsi désignées frappaient déjà des monnaies dont l'iconographie leur famille.
Je reviens, Hérodote, sur un argument déjà développé mais que vous semblez ne pas voir.
A savoir que faire d'une position quasi certainement temporaire une décision définitive et mûrie de très longue date ne me paraît pas rigoureux.
De même qu'il est à peu près établi que César n'a pas conduit toute sa carrière, depuis ses commencements à l'âge de 19 ans quand il partit en Asie pour faire ses armes loin de Sylla qui venait de consentir à l'épargner.
Ce qui est selon moi la preuve que la décision de César d'adopter Octave n'avait rien de définitif dans l'esprit de César, c'est le fait que cette disposition testamentaire était parfaitement secrète, ignorée d'Octave lui-même. Et qu'elle a étonné tout le monde.
Octave pensait que son grand-oncle poussait sa carrière et le prenait sous son aile parce que c'était précisément quelqu'un de sa famille.
Mais il me semble assez logique de dire que si César à qui vous prétez, parmi beaucoup d'autres, l'intention de désigner Octave comme son successeur en l'adoptant, il aurait été logique, pour un homme de bientôt 56 ans (dont vous dites que la santé était devenue très fragile), d'annoncer au grand jour qu'il avait un héritier et qu'il en faisait son fils adoptif.
Auguste, lui, ne s'est presque jamais caché de son intention de trouver un successeur dans sa famille. Il n'a cessé de faire des adoptions. Il a d'abord donné sa fille à son neveu Marcellus. Il a ensuite adopté ses petits Caius et Lucius (les fils de Julie et d'Agrippa) dès la naissance du 2ème, alors que le premier n'avait que 3 ans.
Il en a fait des princes de la jeunesse, faisant élire Caius au consulat pour l'année de ses 20 ans.
Dès que Caius est mort, il a adopté Tibère et l'a encore une fois annoncé officiellement. Il a associé Tibère a sa puissance tribunicienne et à son imperium proconsulaire.
Bref, il a annoncé la couleur de la manière la plus évidente possible pour quelqu'un dont on dit qu'il cherchait à dissimuler la nature monarchique de son pouvoir.
Or précisément, César (cela lui a été trop reproché) ne se souciait pas trop, lui, de dissimuler la nature monarchique de son pouvoir.
Et il n'aurait pas désigné plus clairement, plus officiellement, l'héritier de son pouvoir ?
Non. Désolé, mais ce n'est pas du tout logique.
La désignation d'Octave comme l'héritier du pouvoir de César est un événement purement accidentel : le résultat de l'assassinat imprévu du dictateur par les conjurés. Cet assassinat imprévu a arrêté la roue de la Fortune sur la personne de Caius Octavius.
D'ailleurs, l'accès au pouvoir d'Octave, si tant est que César vivant plus longtemps (je veux dire échappant à l'assassinat) aurait pour de bon décidé de faire d'Octave son héritier et son successeur, aurait été beaucoup plus facile si Octave avait eu 10 ans de plus et avait pu commencer une carrière politique (exerçant des magistratures, même avec 10 ou 15 ans d'âge, après tout Dolabella a bien été désigné consul suffect à moins de 30 ans).
César avait envisagé d'autres héritiers avant Octave (Pompée entre 59 et 48 et très certainement Sextus Julius Caesar entre 48 et son décès en 46). Tout simplement parce qu'un homme politique romain du niveau de César ne pouvait pas ne pas avoir d'héritier et devait forcément faire un testament s'il n'avait pas de fils issu d'une union matrimoniale. (cf. Luciano Canfora :
César le dictateur démocrate)
Il pouvait parfaitement envisager un autre héritier après Octave si cela servait mieux ses desseins politiques. Par exemple, César aurait pu adopter un brillant politicien appartenant à une grande famille patricienne ayant eu des sympathies pompéiennes mais étroitement allié avec lui, et lui faire épouser Octavie, la soeur d'Octave. Même si Octavie était mariée à Caius Claudius Marcellus (le consul de 50), c'était parfaitement possible de la faire divorcer. Après tout, c'est bien ce que César a proposé à Pompée vers 53, après le décès de Julie.
Le reste me semble être du roman et des conclusions sans aucun fondement.