Les interventions ci-dessus sont d'une tenue et d'une qualité intimidante ! Bravo (et félicitations) à leurs auteurs. J'avais commis il y a quelques années quelques lignes que je tiens quand même à vous faire partager :
(A l'époque de la "Guerre des Gaules)
Si les Gaulois vivent dans un pays qu'ils ont largement défriché (Comme aujourd'hui, la forêt n'occupe guère que le quart de la superficie du territoire.), ils restent attachés à une culture du Bois, opposés en cela aux Grecs et aux Romains tournés vers la Pierre. De ce bois omniprésent, ils sauront tout tirer. Leurs maisons à toit de chaume et à colombages (que les Romains traiteront avec commisération de "huttes barbares"), les remparts de leurs cités fortifiées où, enchâssé dans la pierre, il étonnera l'envahisseur par sa phénoménale résistance, les tonneaux pour leur hydromel et leurs multiples bières (cervoise d'orge, koumi de froment qui devient karma si elle est aromatisée au miel...), leurs véhicules enfin, avec une gamme digne d'un constructeur moderne (de la décapotable sportive en osier tressé à deux roues légères bien cerclées - et avec suspensions ! - jusqu'aux poids lourds capables de transporter plusieurs tonnes). Bien entendu, ces véhicules ne peuvent circuler que sur un réseau routier dense et bien conçu. La plupart de ces voies gauloises, rebaptisées romaines après un simple pavage, sont aujourd'hui - pratiquement sans changer de tracé - nos départementales et nos nationales. Pour qui douterait de cette réalité occultée par la tradition, rappelons les étapes quotidiennes des armées romaines au cours de la campagne : 25 km à 30 km. De telles distances (avec le lourd charroi des bagages et des machines de guerre) ne sont possibles que sur les chemins larges et bien entretenus. Par ailleurs, métallurgistes émérites (une véritable usine, occupant plusieurs centaines de mètres carrés a été mise à jour à Bibracte), artisans adroits (entre autre : la cote de maille, la technique du "plaqué or", les émaux...), tisserands et tailleurs inventifs (tissus "écossais", pantalons longs (les braies), parka à capuche, confortables chaussures et galoches), agriculteurs modernes (charrue à soc et roues, moissonneuse tractées...), ils forment une collectivité prospère et civilisée dont l'hygiène (car ils ont aussi inventé le savon) pourrait en remonter à l'univers romain.
Leur seule faiblesse, au regard de l'Histoire, est d'avoir été un peuple de l'oral. (Les rares textes en langue gauloise qui soient parvenus jusqu'à nous sont des incantations d'exorcismes écrites en utilisant l'alphabet grec.) La plupart des documents qui les concernent sont donc romains et leur objectivité laisse à désirer : tout colonialiste sait qu'il doit justifier ses exactions par une prétendue mission civilisatrice apportant progrès et bien-être à des peuplades défavorisées. Donc son premier devoir est de présenter sa victime potentielle sous un jour le plus défavorable possible. Les Romains n'y ont pas manqué et leur efficacité dans ce domaine a été remarquable puisque c'est leur manière de voir qui décrit encore les Gaulois dans l'imaginaire collectif.
En réalité, pendant des décennies, les Romains ont jeté des regards envieux au delà de leurs frontières sur ces contrées de cocagne, terres à blé exceptionnelles, aux élevages diversifiés et performants, aux ressources multiples. Leurs voyageurs et leurs commerçants décrivaient avec envie les amas d'or des sanctuaires, les greniers regorgeant de réserves, les nourritures riches et variées. Ne restait qu'à trouver l'occasion de faire main basse sur toutes ces richesses.
Rome entre en Gaule
Pour commettre ce crime, il ne manquait qu'une opportunité et l'homme d'exception capable de l'exécuter. Cet homme, ce sera Julius Caïus Caesar, passé à la postérité sous le nom de Jules César. Ambitieux, cruel et sans scrupules, il veut devenir le maître de Rome. Dans ce but ultime, il suit depuis des années le cursus honorum - course aux honneurs - obligatoire de la hiérarchie romaine. En -58, il a 42 ans et il est proconsul pour la Gaule Cisalpine et Transalpine. Et ce sont les Gaulois eux-mêmes qui vont lui offrir sur un plateau l'occasion tant attendue.
(...) Or si les Gaulois ont été autrefois une nation de combattants, ce n'est plus le cas. Seule une aristocratie peu nombreuse se consacre encore par intermittence au métier des armes. La population dans son ensemble reste éloignée de ces préoccupations martiales et en cas de conflit, il est nécessaire de rameuter une armée de conscrits plus ou moins volontaires. Comme l'ost capétien, cette armée de milices peu aguerries est l'agglomérat du ban et de l'arrière ban sous les ordres de ses chefs locaux, tous follement courageux mais surtout soucieux de leur prestige individuel et trop souvent bien médiocres tacticiens. (...)
Je vous fait grâce du reste du document mais si quelque curieux veut le lire dans son intégralité (toute la Guerre des Gaule jusqu'à Uxellodunum et les répercussions actuelles), il lui suffira d'un petit courriel avec une adresse fiable...
_________________ Bien cordialement à tous :
Idanos
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