Luern a écrit :
Pour la Bretagne, je penche toutefois pour Penthievre .. vu l argumentation de Montfort : s'il en appelle a la "loi salique" pour disqualifier son concurrent, c'est sans doute qu il na pas dans le droit breton matiere suffisante ... encore que cela etait peut etre aussi pour tenter d opposer Penthievre et la couronne de France..
Bonjour,
Je n'en disconviens pas au regard des droits de Jeanne de Penthièvre, et donc de son mari, si le défunt duc, Jean III, en était resté à ses dispositions testamentaires initiales (qui faisaient de Jeanne son héritière) et au droit breton qui permet la succession par les femmes.
Cependant, Jean III, juste avant sa mort, serait revenu sur ces dispositions testamentaires pour faire de Jean, comte de Montfort, son demi-frère, son héritier. A partir de là, qu'en est-il des prétentions respectives de Blois et de Montfort ?
Il est toutefois parfaitement exact que la loi salique* n'a aucune raison d'intervenir dans le règlement de la succession, et qu'il s'agit uniquement d'une justification de Jean de Montfort pour renforcer sa légitimité face aux "Charlots".
Quelqu'un aurait-il des informations supplémentaires sur le retournement de Jean III concernant sa succession en 1341 ?
Cordialement,
Loïc Bonal
* Une précision concernant la loi salique : si elle a été invoquée pour rendre caduques les prétentions d'Edouard III au trône de France, la loi salique n'a pas été "trouvée" pour l'en empêcher. Sa "réactivation" date de 1316, alors que l'avènement d'Edouard III, né en 1312, date de 1327, la succession capétienne ne s'ouvrant qu'en 1328.
En fait, il s'agissait pour Philippe, comte apanagiste de Poitiers, d'assurer sa légitimité face à sa nièce, la petite Jeanne de Navarre, fille de son frère Louis X et de Jeanne de Bourgogne, la "putain" de la Tour de Nesle. Tant en raison des doutes planant sur sa naissance en raison de l'inconduite de sa mère que pour sa jeunesse et un certain état d'esprit illustré par la phrase célèbre du connétable de Châtillon, nombreux étaient ceux qui préféraient, à la mort de Jean Ier, que le comte de Poitiers hérite du trône en lieu et place de la petite reine de Navarre, et celui-ci le premier. Ses juristes ont ressorti la loi salique afin d'appuyer ses droits à la succession de son neveu Jean Ier. La loi salique avait donc pour but de s'opposer à l'héritage de Jeanne de Navarre, pas d'Edouard III (on a là en germe le conflit qui opposera Charles le Mauvais, roi de Navarre et comte d'Evreux, fils de Jeanne, à Jean II et au dauphin Charles dans les années 1350), même si ipso facto, cela annulait les droits à la couronne de France détenus par Isabelle et transmis à son fils.