A mon sens, on utilise trop souvent le terme "fascisme" de façon générique pour qualifier des régimes aussi divers que l'Italie de Mussolini et la dictature de Salazar ou, pire, pour désigner des mouvements contemporains qui sont nés dans des circonstances tout à fait différentes (n'oublions pas que "les fascismes" sont les enfants de la Première Guerre mondiale). Certes, on peut leur trouver des traits communs, mais il ne faut pas pour autant ignorer leurs singularités. En fait, le mot a été dévoyé après la guerre par les marxistes qui traitaient de "fascistes" tous les régimes autoritaires, sans distinction
.
Le fascisme italien est issu du syndicalisme révolutionnaire et de l'anarchie. Mussolini, au départ, est un journaliste socialiste, fils d'un socialiste. Au contraire, le nazisme est fondé sur l'idéologie de la droite allemande. Mussolini prend Rome en 1922, Hitler devient chancelier en 1933, pendant l'intervalle il fut l'élève du Duce. Surtout, le nazisme ajoute la dimension raciale (pas seulement antisémite) que l'on ne trouve pas ou peu ailleurs. En outre, les personnalités de leurs guides étaient diamétralement opposées.
Le fascisme propose des valeurs dites "de droite", mais il adopte une attitude et un style de gauche révolutionnaire, il ajoute aussi des préoccupations sociales et une politique économique qui le distingue des mouvements ultra-conservateurs. N'oublions pas non plus qu'il s'est développé en réaction à la Révolution d'Octobre. De plus la communauté l'emporte sur l'individu et le politique sur l'économique, c'est l'exact contraire du libéralisme. C'est pourquoi je suis profondément agacé quand on parle d'"extrême-droite" à propos du fascisme
. D'ailleurs, à mon sens, le classement gauche/droite n'a de pertinence que pour les partis qui participe au système parlementaire. Les révolutionnaires communistes, fascistes ou anarchistes sont à classer sur une parallèle.
Le fascisme est aussi marqué par le culte de la modernité et de la technique (le futurisme soutenait le mouvement). Paradoxalement, le fascisme à des côtés mystiques, mais il est athée et vitaliste.
Voilà, cher Fialin, j'espère avoir éclairé votre lanterne.