Je n'ai pas d'infos sur l'administration réelle du Tibet, mais je ne pense pas que ce fut un Etat très centralisé. En revanche, je peux donner des renseignements sur le Dalaï Lama.
A l'origine, cette charge a été attribuée au chef de la secte des Gelugpa (les Bonnets Jaunes), qui venait de dominer le Tibet en supplantant les Bonnets Rouges au XVIè siècle. Un souverain Mongol ayant réussi à fédérer les tribus de son pays et s'étant convertit au bouddhisme avait besoin d'une autorité spirituelle pour renforcer son pouvoir, et il fit donc appel au chef des Gelugpa, lui attribuant le titre de Dalaï Lama ("Océan de Sagesse"), vers 1575. En fait le titre de premier Dalaï Lama fut attribué au fondateur de la secte des Gelugpa, dont l'actuel chef était le deuxième successeur. En utilisant la tradition bouddhiste des réincarnations, on dit que cette charge s'attribuait par le fait que chaque Dalaï Lama était en fait la même "âme" (ce n'est pas tout à fait le terme approprié) se réincarnant à chaque fois dans un corps différent. Au début, cette fonction est avant tout faite pour légitimer le pouvoir temporel des grands souverains nomades du Turkestan oriental, qui se convertissent quasiment tous au bouddhisme. Mais le Dalaï Lama n'a pas un grand rôle au Tibet même, qui reste dominé par différents princes. C'est justement une querelle entre ceux-ci qui va faire évoluer la situation, et le cinquième Dalaï Lama (on est vers 1625) se fait alors aider par le roi des nomades Kalmuks qui soumet le Tibet, et donne au Dalaï Lama les moyens d'imposer son pouvoir sur le Tibet. C'est à cette occasion qu'est créée la charge de Panchen Lama, visant à seconder le Dalaï Lama, lors des phases de succession, ou pendant la jeunesse du nouvel élu notamment. Mais tout dépend de la personnalité des détenteurs de la charge, qui peuvent soit être en bons termes, soit en rivalité. Dans les faits, si le Dalaï Lama réussi à exercer un temps un grand pouvoir sur le Tibet et les région alentours, notamment sous le règne du cinquième, en partie grâce au fait que les jeunes princes et nobles des royaumes nomades viennent faire leur éducation à Lhassa, les visées des grands royaumes voisins font que le Tibet perd vite son semblant d'indépendance. Dès le début du XVIIIè siècle, des conflits opposent les Jungars et les Chinois pour sa domination, les seconds l'emportant. A partir de ce moment, le pays est vérouillé, isolé de toute influence extérieure, les deux Lamas sont choisis et contrôlés par les Chinois qui nomment des Consuls à Lhassa pour surveiller le pays, qui est directement annexé à l'Empire des Qing dans le courant du XVIIIè siècle. Donc dès cette préiode c'est la Chine qui exerce le pouvoir dans ce pays, même si je ne connais pas les réelles modalités de ce contrôle. Je pense que ce court rappel historique permet de comprendre la mise en place du système politique tibétain, et peut apporter des précisions aux débats récents qui ont eu lieu sur ce forum ...
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