De l'eau au moulin concernant la vision chinoise des occidentaux:
http://www.chez.com/chine/1.html
C. La perception de l’étranger par les Chinois.
" Les barbares ont détruit les plus beaux monuments de Pékin. Peut-on leur faire confiance ? "
Jiang Zemin
1. Un monde à part.
Comme nous l’avons vu Zhong Guo signifie l’Empire du Milieu. Depuis l'origine, la Chine s'est crue, non seulement au centre du monde, mais le véritable centre du monde. Cette vision s'appuyait sur la conscience de sa supériorité intellectuelle par rapport à ses voisins de l'époque, qui reposait aussi sur une puissance démographique sans aucune comparaison avec les autres pays d'Asie et d'ailleurs. La Chine est un monde à elle toute seule, difficile d'accès, car cernée de mers, de déserts et de montagnes. Elle était la Nation civilisée par excellence, entourée par des Etats tributaires qu'il fallait civiliser (c'est-à-dire siniser) et qui, en retour, devaient rendre hommage et payer tribut à l'Empire. Toutes les populations autres que Han (terme qui désigne l'ethnie chinoise dominante) étaient considérées comme " barbares ", non pas à cause de la différence de langue (comme pour les Grecs dont le mot bara-bara signifie celui qui " baragouine ") mais à cause de leur ignorance des usages de la Chine, de sa culture, et par certains traits de caractère comme le manque de retenue, leur méconnaissance des rites et parfois même leur avidité.
2. La Chine et les " barbares " .
Pourtant accueillante par principe, la Chine est devenue plus soupçonneuse à l'égard des étrangers après le XIIème siècle, à la suite des occupations partielles ou totales de son territoire par d'anciens nomades de la steppe. Est née ainsi une forme de nationalisme chinois dont l'un des premiers théoriciens fut Wang Fuzhi au XVIIème siècle. Pour lui, tout contribue dans les différentes cultures à faire des hommes ce qu'ils sont, le milieu physique, les occupations dominantes, la nourriture, les vêtements, les attitudes et les usages du corps.
Jusqu'à la moitié du XIXe siècle, la Chine réussit pourtant sans problème à absorber le choc des invasions, obligeant même les " barbares " à se transformer, en les forçant à utiliser leur système politique, culturel ou moral pour installer leur pouvoir dans la durée. Ce fut le cas pour les Mongols et les Mandchous, dont les représentants formèrent la dynastie Qing (1644-1911), dernière dynastie régnante chinoise. Les Occidentaux n'auraient pas dû déroger à cette tradition et les Chinois n'ont compris que progressivement que le défi occidental était d'une tout autre nature. Mongols et Mandchous s'étaient imposés par la supériorité de leur stratégie militaire, mais la victoire occidentale n'était pas seulement la victoire d'une armée : c'était celle de la civilisation industrielle, dont les canonnières étaient un avant-goût. Alors que, jusque-là, les barbares avaient été obligés d'adopter le système politique et social constitué par la civilisation chinoise, cette fois-ci, ce furent les envahisseurs qui apportaient de nouvelles techniques supérieures à celles de la Chine, ainsi qu'un rapport au monde fondamentalement différent. De là, deux solutions possibles : le mépris ou l'adaptation.
Les lettrés confucéens, convaincus de la supériorité de leur culture, ont tout essayé pour la préserver et ont donc préféré mépriser ces nouveaux intrus. Ils ont analysé le défi occidental en terme uniquement de nouvelles techniques, le réduisant aux défis posés par les barbares qui les avaient précédés. Ce qu'il fallait faire, avant tout, c'était adopter les nouvelles techniques apportées par l'Occident, surtout dans le domaine militaire pour pouvoir ensuite, se protéger d'eux. En fait, la Chine s'est refusée à transformer son mépris de l'étranger en force constructive, comme le faisaient au même moment (et avec succès) le Japon et son Empereur Meiji (1868). La responsabilité en incombe principalement à l'Impératrice Ci Xi (Tseu Hi) qui a voulu appliquer la sentence " les apports occidentaux comme moyens techniques, l'apport chinois comme fondement moral ", mais sans aller jusqu'au bout de cette logique. C'est-à-dire qu'il fallait à tout prix préserver l'âme chinoise comme essence et utiliser le savoir occidental, en apprendre les méthodes pour renforcer le système politico-culturel chinois. Cette stratégie avait le soutien de la majorité de la caste dirigeante car cette dernière refusait de voir les temps changer, sûre qu’elle était de son bon droit et de la pérennité du confucianisme. Ainsi le maintien, par l'Etat, des principaux fondements de la culture ne pouvait que bénéficier de son assentiment. Les opposants à cette politique pensaient, au contraire, qu'il ne pourrait y avoir de révolution industrielle sans adopter les valeurs et la philosophie occidentales.
En fait, la célèbre sentence ne fut jamais vraiment respectée car les dirigeants chinois n'ont pas su ou n'ont pas voulu adapter une culture qui leur semblait " pure ". Or, il est très difficile d'intégrer des valeurs étrangères sans influencer un minimum les us et coutumes d'un pays. Seul le Japon fut capable de bien gérer cette intégration de concepts étrangers sans " pervertir " sa civilisation. On se rend compte, ainsi, que le problème est toujours présent : faut-il défendre l'âme chinoise représentée par le système politico-culturel existant en adoptant les technologies les plus avancées pour aboutir à l'objectif " d'un Etat riche et d'une armée forte " (objectif formulé alors par le gouvernement) ou, au contraire, accepter de bouleverser sa culture et ses valeurs et adopter celles des autres pour atteindre le même but '? Cette problématique est d'ailleurs valable pour de nombreux pays autres que la Chine.
4. Un passé à effacer.
La Chine, enfin, a très mal supporté le mépris des Occidentaux. Mépris que ces derniers n'ont pas cherché à cacher, tellement surpris qu'une si vieille civilisation, une puissance redoutable et arrogante, puisse s'écrouler tel un château de cartes face à quelques canonnières. La Chine fut d'autant plus humiliée que ses portes furent forcées pour mettre en place le plus grand trafic de drogue de l'histoire, sous couvert de la couronne britannique. C'est l'époque des guerres de l'Opium et des Traités " inégaux " signés en 1842, 1860 et 1898 où la Chine se voit obligée d'ouvrir des concessions aux étrangers dans les villes côtières. Des villes entières échappent alors à son contrôle et elle cherchera par tous les moyens à retrouver sa souveraineté.
II ne faut pas sous-estimer l'ampleur de la rancune chinoise envers l’Occident, suite à cette période peu glorieuse de son histoire. La Chine a " perdu la face " et n'aura de cesse de retrouver son puissant passé, rêvant du jour où elle dominera de nouveau tous ses adversaires. Sun Yat Sen, Mao Zedong, Deng Xiaoping ont joué, l'un après l'autre, de cette corde sensible. Ils ont, chacun, insisté sur les heures illustres du passé, le réinterprétant souvent en fonction des besoins du jour. Les Chinois sont, depuis des millénaires, passés maîtres dans l'art de la réécriture de leur histoire, gommant ou modifiant les passages qui ne s'adaptaient plus au contexte politique du moment, au point que l'on a pu dire qu’en Chine, il était presque aussi délicat de prédire l'avenir que le passé.
Pour conclure, Hong-Kong retournera au sein de la mère Patrie le 30 Juin 1997 et Macao en 1999. A la veille du XXIème siècle, à l’aube du renouveau de l’Empire Céleste, il convient de laver les affronts des traités inégaux du XIXème siècle.
Voilà donc une partie intersessante de la vision du monde par les chinois. On remarque dans les autres passages de ce livre que la chine se caractérise aussi par un mépris plus ou moins prononcé de tout ce qui n'est pas Han. je ne sais pas si je rentre dans les stéréotypes, mais que la chine aille "civiliser" les autres peuples et que ceci doivent la remercier, ça ressemble fort à la vision occidentale pendant la colonisation, et qui survit en partie aujourd'hui même chez ceux qui le contestent.