Utilisation d'outils par les chimpanzés :
Citer :
Épluche des branchettes pour la faire pénétrer dans une galerie de termitière et attraper des termites pour les manger. (1992, SVJ 41, 80)
Les chimpanzés de la réserve Taï, en Côte-d'Ivoire, sont passés maîtres dans l'art difficile de casser des noix. Et pas n'importe quelles noix, s'il vous plaît : celles du Panda oleosa, qui résistent à des pressions de plus de 1 t ! Pour ouvrir ces coffres-forts végétaux, les animaux utilisent de gros blocs de granite, lourds parfois de 20 kg !
[…] Les singes — des femelles, le plus souvent — ouvrent les noix sur des racines de surface qui servent d'enclume. Au départ, les animaux cognent comme des sourds, mais, au fur et à mesure que la coquille cède, les coups portés se font de plus en plus légers jusqu'à ce que les trois ou quatre amandes à l'intérieur soient accessibles. La concentration des chimpanzés dans ce travail est extraordinaire : les Boesch ont observé une femelle s'échiner sur des noix plus de cinq heures d'affilée !
Les blocs de granit sont rares dans la forêt de Taï. Mais les chimpanzés du parc les utilisent depuis si longtemps qu’on les trouvent maintenant presque toujours près des "racines-enclumes", au pied des Pandas. Lorsqu'une femelle a jeté son dévolu sur un arbre, elle recherche activement un outil. Si aucune pierre n'est disponible à l'atelier de concassage du coin, il faut aller en chercher aux ateliers voisins en se fatiguant le moins possible. Un rapide calcul se met en route. […]
Si l'atelier le plus proche est à une vingtaine de mètres, les animaux choisissent les cailloux les plus lourds, autrement dit les plus efficaces pour briser les noix. Au-delà de 40 m, en revanche, tout change. Entre deux ateliers à égale distance, le chimpanzé choisira celui où se trouvent les pierres les plus légères. Le problème se corse si l'un des deux sites est plus éloigné que l'autre. Quand la distance entre les ateliers n'excède pas un quart de la distance totale, le chimpanzé choisi systématiquement celui où se trouvent les pierres les plus légères, même s'il est plus éloigné. En revanche, si le singe doit se coltiner plus d'un quart de la distance totale en plus pour rejoindre l'atelier le plus éloigné, il opte d'entrée pour le site le plus proche, même si les cailloux qui s'y trouvent sont très lourds... (1992, SVJ 41, 80-90)
Les termitières sont assez solides pour servir d'enclume aux casseurs de noix. (1992, SVJ 41, 80-90)
L’atelier fonctionne depuis au moins cinquante ans. Chaque année, il sert à transformer des dizaines de pièces. Sa conception est à la fois simple et sophistiquée : une enclume en pierre, où le travail régulier des artisans a fini par creuser une cupule profonde de quelques centimètres ; un percuteur, dont la forme, le poids, le matériau (plus ou moins dur) sont minutieusement adaptés à la nature de l’activité. […]
Leur atelier de cassage de noix se situe au milieu de la forêt primaire du parc national de Taï, en Côte d’Ivoire, à la frontière du Liberia. Par son ancienneté et ses caractéristiques propres, il témoigne de l’existence d’une tradition : ces animaux se transmettent des techniques sophistiquées de génération en génération. Il y a deux millions d’années, les hommes préhistoriques se livraient parfois aux mêmes gestes. C’est ce que suggèrent des objets retrouvés sur des sites archéologiques de Tanzanie : des percuteurs de pierre que rien ne distingue de ceux, bien actuels, des chimpanzés de Côte d’Ivoire et d’ailleurs.
[…]
Ces chimpanzés sont les primates non humains qui utilisent le plus grand nombre d’outils, de manière quasi quotidienne. […]
Sur le bord d’un layon, un atelier retient l’attention du chercheur : l’enclume n’est pas une roche fixe, scellée dans la terre. Elle a au contraire été astucieusement calée entre deux racines d’arbre géant. […] Avec beaucoup de chance, ce pourrait être les premiers signes d’une innovation.
Car les chimpanzés sont capables d’innovation dans leurs comportements techniques. Ils utilisent des percuteurs différents pour chaque type de noix. Panda oleosa, la plus dure, nécessite un percuteur lourd en pierre : il faut exercer une pression colossale, 2 tonnes par centimètre carré, pour accéder aux amandes. Casser Panda correctement nécessite dix ans d’apprentissage pour le jeune chimpanzé. […]
Mais les chimpanzés ne sont pas seulement capables d’optimiser, de choisir les outils les plus adaptés à chaque type de noix en fonction de sa dureté, de sa texture ou de son volume. Ils y mettent un certain « style » - cassage à une, deux ou « trois » mains –, et se distinguent culturellement, d’un groupe à l’autre, par des techniques particulières témoignant de traditions différentes.
Exemple. Les chimpanzés de Taï […] mâchonnent le fruit du Parinari excelsa avant d’en casser le noyau pour déguster les deux amandes. Un autre groupe de la même forêt, plus au nord, dédaigne la pulpe du fruit, mais le casse pour récupérer les noisettes. Deux cents kilomètres plus au sud, dans la forêt côtière de Monogaga, les chimpanzés mangent le fruit du Parinari, mais ne le cassent pas. Aucun facteur écologique n’explique pourtant ces différences. […]
Le chimpanzé, toutefois, ne fabrique pas d’outils en pierre. Ce qui les façonne, c’est seulement leur utilisation répétée. Cet animal […] se montre en revanche plus doué pour fabriquer des outils végétaux. « La réalisation et l’utilisation de certains outils végétaux peuvent nécessiter plus de dix étapes, davantage, par conséquent, que bon nombre d’outils préhistoriques anciens […]. Pour “pêcher” les termites, certains groupes, au Cameroun, fabriquent même des instruments à double fonction. Un côté du bâton sert à perforer la termitière, l’autre est légèrement émoussé, comme une brosse que les termites viennent mordre. C’est sûrement le premier couteau suisse du règne animal. » (1999, Le Point 1377, 144-147)
Une récente photo montrait un orang-outan sonder un cour d'eau avec une perche avant de le traverser (source oubliée, peut-être télévision).
Des éléphants emploient des branches pour se gratter le dos, des loutres utilisent des pierres pour ouvrir des coquillages.
J'ai encore ceci sur les primates préhistoriques :
Citer :
Ramapithèque (Sivapithecus ou Ramapithecus) :
- 14 à 10 millions d'années
- se sert d’objets comme outils mais ne sait pas les fabriquer (1994, Documentation scolaire 116 - Les animaux préhistoriques)
Australopithèques :
- 6 à 1 millions d'années
- outils en silex et en os (1982, À la recherche du passé, 159)
- outils en silex provenant de roches distantes de plusieurs dizaines de km (1982, À la recherche du passé, 159)
- armes en os d’antilopes pour écraser les crânes des babouins (1982, À la recherche du passé, 159)
- construction d’abris circulaires simples (1982, À la recherche du passé, 159)
Australopithecus (Paranthropus/Zinjanthropus) robustus (= Australopithecus bosei) et Homo habilis :
- 3 à 1 millions d'années
- outils en pierre taillée (2003, Historia 673, 57)
Premiers outils de pierre :
- 3 à 1,7 million d’années (1990, Quid 1991, 133b)
- 3 millions d’années (Éthiopie) (1974, L’aventure humaine de la préhistoire, 18-19 ; 1985, Le grand atlas de l’archéologie, 308)
- 2,6 millions d’années (Kenya) (2001, Quid 2002, 116b)
- 2,5 millions d’années (Éthiopie) (1992, L’aube de l’humanité, 75)
- 2,5 millions d’années (Afrique orientale) (1981, L’évolution de la vie, 287 ; 1998, Encyclopédie Encarta)
- 2,5 millions d’années (1986, Le grand livre de l’histoire du monde, 2)
- 2,33 millions d’années (Éthiopie, mâchoire près d’outils primitifs en pierre) (2001, Quid 2002, 116b)
- galets (1981, L’évolution de la vie, 287)