Jean-Claude a écrit :
L’histoire des « rois fainéants » est assez complexe. L’image caricaturale que nous en avons ne date que du XIXe siècle et des travaux d’Augustin Thierry, qui s’est surtout fondé sur les Annales du royaume rédigées à la chancellerie de Pépin le Bref (et donc entièrement vouées à légitimer le coup d’Etat de 751 : l’exemple le plus célèbre est la citation que l’on a attribuée au pape que l’on a opportunément consulté pour l’occasion).
Si Dagobert a échappé à la vindicte des historiens, c’est précisément parce qu’il fut un des derniers rois à exercer le pouvoir avant les « rois fainéants ».
Ceux-ci étaient des enfants et c’est à cause de leur âge plus que de leur incompétence que les Maires du Palais ont pris de plus en plus de pouvoir.
J’attire d’ailleurs votre attention sur le fait que Pépin le Bref est loin d’être le premier Maire du Palais d’envergure. Tous ses ancêtres, depuis au moins Pépin Ier de Landen, ont été de grands gestionnaires (et je trouve que c’est particulièrement vrai pour Pépin II de Herstal).
Bref, il y a dans cette histoire de « rois fainéants » beaucoup de clichés et de traditions difficiles à prouver (mais également à infirmer) d’un point de vue historique. A mon avis, le gros problème est que nous ne disposons que de sources orientées et totalement soumises au discours officiel pippinide, puis carolingien.
Si vous me le permettez, je rajouterais pour compléter vos dires que, effectivement, les rois post-Dagobert étaient soit des enfants, soit des adolescents. Selon la coutume de l'époque, ils se déplaçaient de palais en palais. Et, pour se déplacer, rien d'autre que le char à boeuf. Le fait de se déplacer en char assez souvent a-t-il vallu de les appeller les Rois fainéants ? Peut-être.
Peut être aussi que Eginhard, biographe de Charlemagne, a un peu appuyé là dessus pour "justifier" le remplacement des Mérovingiens par les Carolingiens.