Quelle fut la place des Arméniens dans l'histoire de Byzance ?
Certains empereurs ou généraux sont d'origine arménienne comme Nicpéhore Phocas.
En connaissez-vous d'autres ?

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"Ce n'est que lorsque l'Histoire est close que l'on sait de quoi elle était faite; d'une succession d'erreurs". Philippe Muray

Hormis pour la période IIIe - VIIe siècle je connais assez mal la question. Je vous renvoie à l'ouvrage de Jean François Laurent, L'Arménie entre Byzance et l'Islam, depuis la conquête arabe jusqu'en 886, ainsi qu'aux diverses histoires de l'Arménie. Il y a également ce livre que je ne connaissais pas L'Arménie et Byzance: Histoire et culture.

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Victi, vincimus.

Léon V dit "l'Arménien" dirige l'empire byzantin de 813 à 820. Il eut une grande carrière militaire sous Nicéphore Ier (802-811) et Michel Ier (811-813). La situation de l'empire byzantin sous ces deux empereurs est troublées puisqu'il est menacé par les Arabes en Asie et les Bulgares en Europe. Nicéphore Ier est tué au combat par les Bulgares le 25 juillet 811. Michel Ier reprend l'empire dans ce contexte difficile. En 812, Léon l'Arménien et ses troupes remporte une victoire sur les Arabes, recueillant ainsi un prestige certain. La menace bulgare subsiste toujours et Michel Ier demande le soutien de Léon. Arguant de nombreuses désaffections dans ses rangs, Léon refuse de soutenir Michel Ier qui subit ainsi un revers militaire contre les Bulgares à Versinkia en 813. Il ne suffit plus qu'à Léon de renverser l'empereur. Il devient ainsi Léon V. Il est assassiné la nuit de Noël 820 par les partisans de Michel Psellos, alors emprisonné sous les ordres de Léon V. Il est libéré et installé sur le trône sous le nom de Michel II (fondateur de la dynastie amorienne originaire de Phrygie).

On pourrait déjà souligner le rôle stratégique de la région: Située la Mésopotamie et le plateau Anatolien, celui qui contrôle cette région peut menacer les deux côtés. C'est pourquoi l'Arménie a du mal a conserver son indépendance.
Au Xème siècle l'Arménie retrouve une certaine indépendance sous les Bagratides et le pays connait une véritable apogée médiévale. Le pouvoir musulman s'effondre et il ne reste que des émirs locaux (Azerbaïdjan par exemple)
Les Arméniens continuent alors l'offensive contre les Arabes, il s'en suit un siècle où la dynastie macédonienne fut favorable à l'expansion arménienne. Mais il ne faut pas voir ici l'idée que la dynastie macédonienne était pro-arménienne, bien qu'ils aient du sang arménien!)
Car déjà au Xème siècle commence le grignotage de l'Arménie par l'empire byzantin (sud-est), les Arméniens vont être entrainé dans les guerres civiles ( Bardas phokas et Bardas Skléros) les Arméniens choisissent le mauvais camp, Basile II fait une politique expansionniste.
Dans les années 1020' commencent les premiers raids Turcs à la frontière orientale..
Au milieu du XIème siècle l'ancienne Arménie est de nouveau sous domination byzantine, l'Arménie est submergée par les invasions des Turcs dans la deuxième moitiée du XIème siècle. La politique de Byzance a t-elle été un facteur d'affaiblissement, du fait de faire de l'Arménie un tampon pour absorber les ennemis à la frontière? Quelle fut la position des Arméniens? Il est bien difficile de répondre à celà, mais il est certain que tout ça a conduit à une autre forme de la frontière orientale.


Certains empereurs ou généraux sont d'origine arménienne comme Nicpéhore Phocas.
En connaissez-vous d'autres ? Apparemment l'empereur Romain Lécapène (919-944) serait d'origine arménienne, d'origine assez modeste même.
Autre exemple de famille d'origine arménienne, on peut citer les Kourkouas, dont Jean Kourkouas fut domestique des Scholes au début du Xème siècle.

La position de l'Arménie a en effet été un problème pour elle. Située entre les empires romains et sassanides, puis entre l'empire byzantin et le monde musulman, elle fut un enjeu stratégique et une pomme de discorde durant au moins les 10 premiers siècles de son existence. Dans les faits, elle fut donc souvent occupée ou partagée entre sphères d'influences, comme à l'époque de la persarménie à la fin du IVe siècle, où suite à un traité, le royaume fut partagé entre Perses et Romains. A l'époque sassanide, l'Arménie faisait d'ailleurs office d'apanage pour l'héritier au trône sassanide.

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Victi, vincimus.

... et ensuite entre Russie et empire ottoman, ce qui a aboutit au drame que l'on sait. Toute l'histoire de l'Arménie se résume à cette position d'entre deux qui a parfois été favorable aux Arméniens mais s'est souvent avérée intenable, les obligeant à prendre parti, au risque de subir les représailles d'un de leur puissant voisin.


Sur l'Arménie médiévale, il faut absolument lire le catalogue de la récente expo du Louvre intitulée Armenia sacra (éditions Somogy): c'est, en plus d'un livre d'art richement illustré, une véritable Histoire de l'Arménie du IVe au XVIIIe siècle avec de nombreuses cartes à l'appui, qui vient combler un relatif vide bibliographique en langue française.

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).

Gérard Dédéyan est également un des grands spécialistes de la question: Histoire du peuple arménien, 2007, regroupant plusieurs collaborateurs.
Ils jouent un rôle militaire: ils occupent une position stratégique au sein du Taurus face aux Seldjûkides, mais ils sont également recrutés comme mercenaires: ainsi, Jean Tzimiskès au cours de la précroisade (années 970) utilise ces derniers au Proche-Orient, il souligne leur efficacité, mais également leur cruauté vis-à-vis des prisonniers arabes.
Ils ont également un rôle religieux, puisqu'ils constituent une communauté chrétienne, dirigée par le catholicos, face aux ennemis d'Orient. Ce christianisme est toutefois différent du christianisme byzantin.
Troisièmement, les Arméniens constituent un excellent exemple pour les migrations forcées pratiquées par les Byzantins. Suite à la prise d'Ani (milieu XIème), nombreux sont les Arméniens à s'installer volontairement et involontairement en Cilicie. Cette région devient l'Arménie cilicienne, puis la Petite Arménie. Au IXème, les Arméniens constituaient également le contingent principal des petits thèmes frontaliers d'Orient.
Pour reprendre Florian:"l'histoire de l'Arménie se résume à cette position d'entre-deux".

Je viens de consulter l'ouvrage de Gérard Dédéyan aux éditions Privat, avec une vingtaine de collaborateurs, il englobe l'ensemble de l'histoire de l'Arménie. Un chapitre entier est consacré aux rapports entre Byzance et les Arméniens. Ce chapitre (trente pages) écrit par Jean-Claude Cheynet et Gérard Dédéyan est intitulé: "Vocation impériale ou fatalité diasporique. Les Arméniens à Byzance (IV-XIème siècle)", je trouve que ce titre résume bien ce qui a été dit précédemment.

Les Arméniens avaient de grandes ambitions au sein de l'Empire; mais malgré une certaine influence jusqu'aux plus hautes sphères, ils demeurèrent une diaspora au sein de l'Empire jouant toutefois un rôle stratégique en Orient.

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.

L' Arménie a fourni à l'empire byzantin des hommes de grande qualité intellectuelle employés dans l'armée, le commerce international, l'administration, notamment, et l'empire ottoman a continué à faire appel aux arméniens comme aux grecs.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.