Dédé a écrit :
Bon, au risque de me faire allumer par ceux qui connaissent ou croient connaitre, je me lance.
Juste avec un peu de logique, sans autre science.
Si je lis tout ce fil (ce que je viens de faire en diagonale), je crois comprendre que :
- On sait dire que beaucoup de personnes (d'aujourd'hui) descendent de peu de personnes de l'époque du néolithique (appelons les toutes paleo-machin)
- Mais on ne sait pas dire que les mêmes personnes ne descendent pas du voisin de paléo-machin, puisque (je vous ai lu) , on perd des traces en chemin.
- Donc, par simple déduction logique, la seule chose qui est certaine, c'est qu'on ne sait strictement rien (par cette "science") de nos ascendances à cette époque.
- Albert Jacquard (Spécialiste de génétique des populations) avait démontré que toutes les personnes d'aujourd'hui (sans exception) descendaient probablement de toutes les personnes "d'il y a un certain temps" (probabilité augmentant avec ce temps), pour peu que ces personnes aient eu une descendance sur quelques générations. L'un de vous, ci-dessus, c'est moqué de cette hypothèse (que moi et lui descendrions tous les deux de Charlemagne et de Mahomet en personne). On peut se moquer de moi, de Jacquard c'est plus osé.
Très bon résumé. En fait, la génétique permet de déterminer qu'il y a eu à certaines époques des goulets d'étranglements. La génétique des populations a des lois mathématiques qui permettent de prédire comment une population animale va se développer au fil du temps. Ce qui a toujours étonné les généticiens (dont
Jacquard), c'est que l'espèce humaine semble être un cas très particulier : depuis l’apparition des hommes sur la Terre, nous aurions du avoir une certaine diversité, or, notre génome n'est pas aussi diversifié qu'il aurait du l'être. Donc, les spécialistes postulent qu'il y a eu plusieurs "goulets d'étranglements". Plusieurs périodes où un nombre limité d'humain a pu se reproduire. Ils postulent aussi qu'il y a toujours eu un minimum de contacts entre les divers groupes humains. Autrement, aujourd'hui, il y aurait plusieurs espèces ou sous-espèces d'humains. Il y a donc des généticiens qui se sont lancés à la recherche de ces "goulets d'étranglements". Pour la population européenne, et je tiens à préciser; pour l'instant, seulement pour la population européenne; les analyses génétiques semblent indiquer qu'il a existé un tel goulet d'étranglement il y a environ 4000 ans (enfin, avec une certaine marge d'erreur, apparemment, dans la plupart des cas où les chercheurs sont cités, on parle plutôt de -8000 à -4000 BP.
Pourtant, ce goulet d'étranglement pose problème. Il pose problème puisqu'on est en plein néolithique : une période où la nourriture est produite par l'homme en assez grande quantité. Les exemples historiques montrent que dans ce cas, il y a des crises frumentaires, des famines, des troubles. Souvent il y a de nombreux décès, mais les traces dans la population disparaissent en quelques décennies. Là, il semblerait que ce soit autre chose, qu'il faille mettre en cause la structure même de la société quelque chose qui sur le long terme restreint l'accès à la reproduction d'une partie de la population. Et on a des exemples historiques de sociétés où les hommes doivent d'abord amasser une dot avant de pouvoir épouser une femme (ou plusieurs femmes). Cela pourrait expliquer le résultat obtenu. D'autres préfèrent une raison alternative : des conquérants qui auraient massacré la population masculine et auraient réduits les femmes en esclavage. Or, l'archéologie n'a pas gardé trace d'un tels évènement à une aussi grande échelle. Et les exemples historiques montrent que les populations ainsi "exterminées" réapparaissent souvent au bout de quelques temps. Car une société primitive n'a pas un contrôle suffisant sur des territoires pour mener ce qu'on nommerait aujourd'hui des génocides. Donc, il y a des gens qui arrivent à fuir dans les forêts, aux lisières des mondes "utiles" et qui reviennent après le départ des envahisseurs. Puis, ils rebâtissent leur société.
Pour bien comprendre, il faut avoir en tête qu'au néolithique on ne sait cultiver que des terres légères. Si je prends le cas de l'Alsace, il y a environ 50% de son territoire qui ne peut pas être cultivé et qui est laissé à l'état naturel, soit en forêts, soit en prairies, si les éleveurs ont été assez nombreux pour obtenir un défrichement du territoire. Donc, la forêt, des lieux où l''on peut se cacher et se mettre à l'abri des envahisseurs existent et sont nombreux. Et pour l'envahisseur, mener les opérations pour éradiquer totalement une population imposerait un investissement hors de propos.
Donc, ces analyses nous racontent quelque chose sur notre histoire de l'époque. Le problème est de savoir quoi exactement.