Jean-ClaudeP a écrit :
Narduccio a écrit :
Essayez donc de réaliser une pointe levallois avant de parler d'outils élémentaires.
Voici comment j'interprète le mot
élémentaire. Ces outils nécessitent une technique immédiate dans le sens où l'on passe de la matière première au produit fini par une technique qui est plus une suite de tours de mains qui ne sont pas forcément simples je vous l'accorde : tel archéologue entendu à la télévision avoua avoir chercher de nombreuses années une méthode de taille d'une pierre solutréenne .
Avec le temps, on voit apparaître des techniques plus complexes qui nécessitent, en fait, plusieurs techniques élémentaires successives qui d'ailleurs n'ont pas de rapport direct avec le produit cherché. Je pense à la métallurgie du cuivre apparue vers -4000 qui nécessitait de trouver du minerai, ce qui n'est pas facile par rapport au silex, ensuite de connaître des techniques de feux suffisamment chaud pour extraire le métal du minerai, ensuite de connaître des techniques de fusion, de moulage/martelage. Dans le premier cas on peut parler de technique élémentaire et dans le second de technique complexe car multiples.
Je pense que cette dernière technique ne pouvait pas apparaître avant, car l'homme (ou la société dans lequel il baignait) n'était pas suffisamment évoluée pour la trouver. D'une façon générale, je pense que les découvertes de l'homme n'arrivent pas par hasard à un moment quelconque. Il faut qu'il y ait à ce moment un certain nombre de
courants convergents dans la société pour que la découverte se matérialise dans le travail d'un ou plusieurs individus.
Êtes-vous un technicien ? A votre prose, je
présûme que non. Faire un pointe levallois n'est pas seulement une histoire de tours de mains, il faut idéaliser la pièce à réaliser avant de donner le premier coup sur la pierre. C'est aussi compliqué que d'idéaliser une boite de vitesse ou pas mal de pièces mécaniques complexes, et je sais de quoi je parle. La métallurgie du cuivre est simplissime en regard et est, elle une simple suite de tours de mains basiques. Pour quantifier, c'est la différence entre la cuisine et le génie chimique. Pour la première, on répète des tours de mains relativement simple. Dans l'autre, depuis 20 ans, on cherche à idéaliser le produit fini avant de commencer à le réaliser.
Ce qui fait la complexité, ce n'est pas le nombre d'opérations simples, c'est la complexité des process mis en oeuvre. Une armée d'ouvriers spécialisés dans une seule tâche peut réaliser une automobile. Mais la concevoir est une autre paire de manche.
A partir du moment que l'on a compris la recette pour transformer du minerais en métal, c'est simple. Mais prendre une pierre différente, la regarder, comprendre comment les éventuelles lignes de failles se propagent à l'intérieur, la sonder délicatement avec un maillet de manière à comprendre comment elle est à l'intérieur. Pour après comprendre comment elle va réagir quand on va donner les coups pour commencer le débitage. Puis, au fur et à mesure, décider si le prochain coup sera comme on l'a idéaliser au début, ou s'il faut adapter en fonction de comment l'ébauche a réagit. Il ne s'agit pas de simples tours de mains, il s'agit d'un travail d'artisanat digne du labeur des meilleurs orfèvres ou techniciens actuels. Chaque fois que je vois une pointe levallois, je comprend que l'humain qui l'a taillé m'était supérieur, parce que moi, je sais que je n'en suis pas capable de faire ce qu'il a fait. Pas parce que je ne connais pas ses tours de mains, un tour de main, ça s'apprend. Mais parce que je ne comprendrais jamais comment est une pierre à l'intérieur si je ne la coupe pas en 2.
Çà fait un moment que je n'est plus réalisé de pièces dans un atelier, pièces en métal je vous assure. Mais, j'ai jamais fait une merveille technique équivalente à une pointe levallois. Usiner du métal avec des outils modernes est d'une simplicité enfantine par rapport à cette technologie vieille de 35 000 ans. Ce n'est que de la pierre taillée, mais ces artisans méritent qu'on les salue bien bas. J'en connais pas beaucoup qui sont à leur niveau.