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Cuchlainn, j'abonde complètement dans votre sens. Une petite chose : je me souviens avoir lu (mais où !) que l'utilisation de l'écriture avait considérablement modifié l'organisation mentale humaine. J'ai un peu oublié les détails mais il me semble que l'écriture (et à la suite le savoir intellectuel) a stimulé certaines zones du cerveau au détriment d'autres zones qu'utilisaient les chasseurs préhistoriques au quotidien. De sorte que, si pour une raison ou pour une autre, nous devions revenir aux modes de vie du Paléolithique, il n'est pas du tout certain que nous en serions, pour une très large majorité d'entre nous, capables.
Cela a bien fonctionné dans l'autre sens... Bon, de toute façon, si ce retour devait se produire, il se ferait dans un environnement n'ayant tellement rien à voir avec celui du Paléolithique que nous pourrions difficilement déterminer l'origine réelle de nos difficultés... De plus, nous disposons d'un bagage culturel qui biaiserait complètement notre approche sans même parler neurophysiologie. Donc c'est peut-être vrai mais nous ne pourrons jamais le vérifier. D'autre part, j'ai lu dans un Science & vie d'il y a 5 ans que nous restions encore très modelés par notre cerveau de chasseurs-cueilleurs et que pas mal de nos comportements socio-économiques, notamment la cupidité, plongeaient leurs racines dans la peur de manquer inhérente à cet univers de pensée archaïques; et qu'il fallait y voir l'origine de certains comportements de stockages de richesses (au sens le plus large), apparemment excessifs ou aberrants, comme ces vieux mécanismes toujours à l'oeuvre.
Notre cerveau est fait de plasticité et d'élasticité, d'inné et d'acquis, de capacité d'adaptation et de rigidités structurelles et structurales, et je pense qu'on se fourvoie à chaque fois qu'on se focalise sur une seule facette au détriment des autres. Enfin, il y a le facteur temps. Ce que vous dites est sûrement vrai pour la première génération qui subirait ce choc (souvent, je me dis pour rire qu'en pareil cas, les meilleurs candidats à la survie seraient les "pygmées" - enfin, les chasseurs-cueilleurs contemporains - et les archéologues, avec leurs pratiques de reconstituer les gestes anciens pour s'assurer de la validité de leurs hypothèses... qui, en France, sait lancer une sagaie avec un propulseur, à part un préhistorien ?
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) - mais, donc, pour les générations suivantes, il est probable que la capacité d'adaptation du cerveau commencerait à prendre le relais. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aurait pas du travail. Mais il serait stimulé par la nécessité.
Comme il l'a sans doute été chez les premiers agriculteurs.
Esther : je nuancerais votre tableau en raison des bouleversements écologiques immenses qui séparent le Paléo du Mésolithique. Plantes et animaux, tout s'est mis à changer, et vite, en plus. D'ailleurs, le premier réflexe de nos ancêtres semble avoir été de suivre le galop éperdu vers le nord des ceintures de végétation qui leur étaient familières. Puis il a fallu s'adapter à de nouvelles plantes, de nouveaux paysages, de nouveaux animaux, et ceci à plusieurs reprises puisqu'il y a eu divers stades transitoires avant d'atteindre l'état actuel.
Enfin, l'abondance des récoltes au Mésolithique... à certains endroits mais pas partout. C'était sans doute plus vrai au Moyen-Orient en environnement riche en graminées qu'en Europe complètement boisée. Il n'y a pas grand-chose de bien nourrissant à récolter en forêt tempérée.