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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 20 Juil 2022 21:18 
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Pierre de L'Estoile
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Oui, c'est le record absolu de température constaté depuis qu'elle est mesurée. Les premiers relevés fiables doivent remonter au dix-neuvième siècle.


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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 24 Juil 2022 9:38 
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Jean Froissart
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Jean-Marc Labat a écrit :
C'est une constante des hommes de toujours se plaindre de la météo.

On peut comprendre lorsque celle-ci annonce des récoltes qui mettent ces personnes au bord de la famine. L'Histoire montre que les problèmes frumentaires furent toujours sources de bien d'autres désagréments pour le pouvoir en place.
*

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 05 Août 2022 12:52 
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Grégoire de Tours
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Jean-Marc Labat a écrit :
C'est une constante des hommes de toujours se plaindre de la météo.


Il n'y a pas pire aveugle que celui que ne veut pas voir.

J'habite en moyenne montagne, et j'aime aller régulièrement dans la haute... Là, les signes d'un changement drastique de climat sont tellement évidents et dramatiques que c'est incroyable de trouver encore des gens qui trouvent que tout est normal.

J'ai été marché dans les Alpes fin Juin: les montagnes étaient "sèches" comme une fin de mois d'Août. D'habitude, les quantités de neiges tombées en Hiver sont telles qu'elles durent jusqu'à fin Juin. Là, vers le 25 Juin, il ne restait que les glaciers, avec de grandes parties "à nu" (non recouvertes de neige), les névés les moins exposés. Plus une trace de neige fraîche à moins de 3000/ 3 500 m d'altitude (alors qu'il a fait de gros orages qui d'habitude reblanchissent les sommets). Les glaciers font peine à voir, et il suffit de comparer des clichés de ces derniers il n'y ne serait-ce que 25 ans et maintenant.

J'aime et je vais souvent dans le Cantal... et je me sens profondément déprimé à la vue de ce qu'il s'y passe. Il ne neige plus en grande quantité l'Hiver (j'y ai marché en plein mois de Février cette année, seules les extrémités des sommets étaient blancs), du coup la fonte des neiges n'alimente plus les cours d'eau et zones humides. Dès le mois de mai, le niveau des petits torrents et chutes d'eau était anormalement bas, comme une fin août d'une année sèche. Début Juillet, ce n'étaient plus que des filets d'eau. Je n'y suis pas retourné depuis, et je n'ose imaginer comment c'est...

Chez moi, les rivières ont atteint un tel niveau que je découvre des bans de cailloux que je n'avais jamais vus. Certaines communes de la Région (l'ancienne...) sont obligées de se faire livrer de l'eau potable. C'est du jamais vu dans un coin réputé pour son humidité et l'abondance de ses sources. J'ai vu fin Juillet des paysans entamer leur réserve de foin pour donner aux vaches... Les arbres les plus exposés crèvent littéralement sur pied, en particulier les hêtres, frênes, et autres épicéas (qui aiment un climat froid et humide de moyenne montagne). Pour quelqu'un comme moi qui aime les arbres et la forêt, c'est littéralement déchirant.

Ce ne serait qu'une année, ce ne serait effectivement pas un problème. Mais ça fait depuis 2016 au moins que c'est comme ça. Il n'y a eu que l'été 2021 qui a été pourri, et c'est loin d'avoir suffit à assurer un retour à la normale. Comme déjà dit, il y a toujours eu des aléas météorologiques. Là, on constate une tendance nette.

Bref, déjà que l'on doute d'une foule de rapports et d'études scientifiques (alors que l'on invoque d'autre part ladite science comme un dogme quand il s'agit de légitimer des choses allant dans notre sens) depuis 30 ans, c'est au mieux étonnant. Mais que devant l'évidence, on continue à chercher à nier le problème pour ne pas avoir à changer d'un iota nos croyances/convictions/habitudes, j'avoue que ça me sidère.

Certains continuent même à penser que des questions idéologiques archaïques sont prioritaires, ou pire encore que leurs petits intérêts privés, financiers ou autres, priment sur tout le reste, y compris le plus simple et élémentaire respect du vivant dans son ensemble. Ceux là peuvent bien d'autre part se draper dans une morale conservatrice et autoritaire, il apparaît de manière évidente que ce n'est que l'égoïsme qui les motive...

En attendant, nous avons hypothéqué notre avenir, celui de nos enfants et celui de leurs descendants. Mais là encore, notre civilisation est devenue tellement cynique que la maxime "après moi le déluge" est devenue la nouvelle éthique. On se flagorne nous même de notre intelligence, de nos accomplissements et d'une grandeur fantasmée. Et au bout du compte, qu'allons nous léguer au monde et à l'humanité?


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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 05 Août 2022 13:56 
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Ce dont je ne suis pas convaincu, c'est que le changement soit du à l'homme. Etait il responsable de l'optimum médiéval, et de tous les autres depuis la nuit des temps ? L'Homme a vécu sous les glaciations, il n'y a pas si longtemps que le Sahara était une contrée verdoyante, alors assez de flagellation.

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 05 Août 2022 15:55 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Ce dont je ne suis pas convaincu, c'est que le changement soit du à l'homme. Etait il responsable de l'optimum médiéval, et de tous les autres depuis la nuit des temps ? L'Homme a vécu sous les glaciations, il n'y a pas si longtemps que le Sahara était une contrée verdoyante, alors assez de flagellation.


Je prend très rarement l'autoroute.

Ca m'est arrivé cette année donc, pour aller dans les Alpes (et oui, en un sens, ce trajet pour mon petit plaisir alors que tous les signaux sont au rouge est un acte égoïste). J'ai doublé/croisé des centaines et des centaines de camions en 5h de route. Et pourtant, c'étaient majoritairement des axes peu fréquentés excepté autour de Lyon.

C'était 1 jour sur 1 autoroute.

Prenons la mesure de ce que ça représente sur des décennies entières, sur des milliers d'autoroutes à travers le monde, auxquels il faut rajouter tous les déplacements en ville (des millions de km parcourus chaque jour juste dans une grosse ville comme Los Angeles... et là encore pensons au monde dans sa globalité: Tokyo, Paris, Londres, Moscou, Mexico, New YorK...etc, etc, etc, etc), sur routes "normales", les milliers de navires énormes qui voguent en permanence, les milliers d'avions perpétuellement en l'air, engloutissant (et rejetant leurs résidus) des tonnes et des tonnes de mazout et de kérosène, les rejets des innombrables usines et autres installations (et globalement même quasiment toute la production d'énergie, ne serait-ce que celle qui me permet de taper ces mots...)...

Le monde étant un espace fini et "plein" (peu de régions épargnées aujourd'hui par ces phénomènes techniques, il n'y a plus de terres lointaines, la civilisation post industrielle est partout), pour moi il y a une logique assez implacable sur le fait qu'on transforme nécessairement notre environnement en profondeur, et la consommation de toute cette énergie, en vertus des lois physiques que nous connaissons (lois de conservation de l'énergie, du fait que rien ne se crée, rien ne se perd), l'apport colossal de gazs divers dans l'atmosphère a nécessairement un impact sur elle. Le fait que nous visions de plus en plus tôt chaque année à crédit par rapport aux ressources que la planète peut fournir en un an ne peut que mener au désastre (quand un déficit se creuse d'année en année sans que rien ne soit fait pour enrayer le mouvement, ça se finit toujours en faillite... le problème, c'est qu'il n'y aucun comptable aux commandes).

Tout est en interdépendance. Il n'y a rien de "gratuit" dans le fonctionnement du monde, rien que ne soit indépendant et isolé. A partir de là, le fait que nous déréglions le climat terrestre (et ce n'est qu'une part du problème. L'artificialisation du monde vivant, l'industrialisation du vivant aussi, les pollutions diverses... tout cela ne peut, aux échelles où elles sont pratiquées aujourd'hui qu'avoir des conséquences sur tout ce qui nous entoure et par définition sur nos conditions de vie) me paraît une évidence, même sans études scientifiques qui le disent (ou du moins le suggèrent... la science n'apporte jamais de réponses définitive, elle ne fait qu'explorer la complexité du monde. L'éthique doit d'ailleurs nécessairement la compléter) et qui sont pourtant légion.

Le problème vient du fait que nous n'avons pas de vision holistique du monde, nous voyons tous par le petit bout de notre lorgnette. Nous savons que nous sommes 8 milliards, que les villes tentaculaires et leurs infrastructures, et l'industrialisation de l'agriculture et de l'élevage ont profondément changé le monde, que toute cette humanité consomme, rejette, transforme, mais nous ne l'avons pas intégré réellement à nos modes de pensées et à notre rapport au monde. Nous vivons toujours dans l'illusion d'un monde à conquérir, à soumettre, à exploiter.

Il est très difficile de se représenter le poids que tout cela représente vraiment, chacun dans notre bulle que nous nous sommes constituées. Les monstrueux échangeurs d'autoroutes et friches industrielles qui entourent les villes, on les voit rarement, et jamais dans leur globalité. On oublie leur présence. De la même manière, 8 milliards de terriens, c'est un chiffre abstrait, inconcevable.

Le problème est que collectivement, nous fonctionnons aujourd'hui de façon globale. il y a une dissonance fondamentale entre ce qu'est le monde aujourd'hui de façon globale, et ce que nous en percevons, et donc les représentations que nous nous en faisons, quotidiennement. Du fait de la globalisation de l'économie, ce que nous faisons ici a des conséquences partout dans le monde et inversement (l'affaire du Covid en est une bonne illustration). D'où le malaise.... Et encore une fois, le réchauffement climatique n'est qu'un symptôme d'un certain rapport au monde qui est en grande partie nié, aveugle, mais dont les conséquences sont bien réelles.

"Pourquoi toujours plus alors que plus ne sera jamais assez?"


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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 05 Août 2022 16:10 
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Tout ceci est fort malthusien. La France d'il y a trois siècles peinait à nourrir ses 20 millions d'habitant. Mon arrière grand-père fermait son échoppe et allait faire les moissons en Beauce. Il y a un facteur dont il faut tenir compte, c'est l'inventivité et la créativité de l'esprit humain. Nous ne voyons pas les solutions, mais des esprits sont déjà au travail pour les trouver. Ce ne sera pas de mon vivant (j'arrive au bout de la route), mais je suis convaincu qu'elles seront mises en oeuvre.

Ce n'est pas en battant sa coulpe, et voulant revenir à un passé fantasmé où tout était beau, sain et naturel alors que la plupart des gens mouraient jeunes, de faim ou de maladie, que les femmes mouraient souvent en couches que nous sortirons des problèmes. Le bon sauvage n'existe que chez Rousseau.

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 05 Août 2022 18:00 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Tout ceci est fort malthusien. La France d'il y a trois siècles peinait à nourrir ses 20 millions d'habitant. Mon arrière grand-père fermait son échoppe et allait faire les moissons en Beauce. Il y a un facteur dont il faut tenir compte, c'est l'inventivité et la créativité de l'esprit humain. Nous ne voyons pas les solutions, mais des esprits sont déjà au travail pour les trouver. Ce ne sera pas de mon vivant (j'arrive au bout de la route), mais je suis convaincu qu'elles seront mises en oeuvre.

Ce n'est pas en battant sa coulpe, et voulant revenir à un passé fantasmé où tout était beau, sain et naturel alors que la plupart des gens mouraient jeunes, de faim ou de maladie, que les femmes mouraient souvent en couches que nous sortirons des problèmes. Le bon sauvage n'existe que chez Rousseau.


Sauf que je n'ai pas évoqué cela. On aime les petites cases toutes faites où ranger les gens et les choses.

Ceci dit Rousseau est loin d'être le seul penseur à avoir évoqué ce que vous évoquez, et son message est généralement très mal compris d'ailleurs. Bon sauvage ou pas, le fait est qu'on ne pourrait revenir en arrière même si on le voulait.

Les solutions que vous évoquez, c'est précisément de ça que je veux parler. Mais elles ne seront des solutions que si on les pense, que si on les réfléchit, et pas si on ajoute des erreurs aux erreurs (comme on le fait dans la majorité des cas où l'ont prétend "protéger l'environnement"). Et cela demande de l'humilité, du recul, ce que vous appelez "battre sa coulpe" c'est juste une mise à distance, une prise en considération du monde tel qu'il est, de façon non discriminante, à la fois pour ce qui nous dérange et pour ce qui nous attire.

en outre, sur les améliorations de nos conditions de vie, je ne peux qu'approuver si l'on regarde les pays occidentaux dit "développés". Prenons à nouveau du recul en essayant d'avoir une vision globale. La modernité a-t-elle réellement améliorée les conditions de vie de l'humanité dans son ensemble? surpopulation, pollution, imposition d'un modèle unique qui a nivelé les cultures et les modes de vie, et pas forcément en bien, matérialisme bas du front qui fait de tout et tout le monde une marchandise, économie de l'avidité qui amène à des logiques mafieuses dans la gestion des ressources et des marchés, exploitation des masses à grande échelle, destruction de l'environnement, violences endémiques, comme avant, mais avec des moyens technologiques poussés, géopolitique gérée dans une logique mélienne (tous les coups sont permis)....etc, etc, etc.

Oui, nous vivons mieux que nos ancêtres. Pas sûr qu'un amérindien d'un bidonville quelconque du Brézil, qu'un paysan du Khivu, qu'un tibétain ou un ouighour dans un camp de "réeducation" ou autres exemples similaires y ait gagné. Et nous voyons que nos conditions de vie matérielles largement améliorées ne nous rendent pas pour autant plus heureux, et que ça fait peser sur le monde une pression telle que le système craque de toute part. La guerre est à nouveau redevenue une possibilité en Europe à moyen terme... quelle tristesse tout de même...

Pour moi les solutions que vous évoquez passent nécessairement par la réflexion profonde sur notre rapport au monde, à l'autre, au vivant. Peut-être arrêtera-t-on de confondre être et avoir, et que tout le monde s'en portera mieux.

Et sans tomber dans la carricature (à prendre un simple post pour une prise de position malthusianiste), la démographie fait partie du problème. Et réfléchir à notre rapport au monde implique peut-être aussi de réfléchir à cela. Aujourd'hui la survie de la communauté ne dépend plus de la reproduction à tous prix des individus qui le composent, et qui ont forgé notre rapport à l'enfantement, à la famille, au sens de l'existence. C'est même plutôt l'inverse. Car oui, dans un monde fini, on ne peut croitre indéfiniment, y compris démographiquement, génie humain ou pas, il y a un moment où ça va bloquer (et notre génie nous montre à quel point nous sommes conditionnés par notre planète et ses caractéristiques, à quel moins les chances de pouvoir un jour s'échapper vers un autre monde sont infimes voir inexistantes... on ne trouve pas son salut en fuyant, il faut le trouver ici).


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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 05 Août 2022 20:18 
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La critique de la société moderne peut largement s'entendre - je n'ai aucune tendresse pour un système qui nous a privés de 20 000 usines en 20 ans, et oublie les plus défavorisés - mais si on compare avec les années 70, il faut bien admettre que la sous-alimentation a reculé comme jamais, que de nombreux pays ont vu leur niveau de vie augmenter, que jamais il n'y a eu aussi peu de guerres sur la planète et enfin que la démocratie s'est imposée dans nombre de pays où on désespérait de tout il y a 50 ans. (Dans un bloc ou l'autre, ou même dans aucun bloc, comme au Portugal et en Grèce...)

Est-ce qu'on vit mieux que nos ancêtres ? Grands dieux, je sors du dentiste, cela seul me suffirait. (Mon grand-père paternel a eu deux épouses parce que la première est morte en couches - fièvres puerpérales, ce qui nécessiterait aujourd'hui un simple curetage - mais Jean-Marc a fait la liste des maux qui ont disparu, et je pense inutile de poursuivre : oui, "on" vit mieux.)

Concernant le réchauffement climatique, je pense que la prise de conscience mondiale n'est pas assez rapide par rapport à l'évolution du phénomène, et que sa prise en compte ne se fera sérieusement - et dans le monde entier - que lorsqu'il aura déjà fait des dégâts dramatiques. (Les "tragédies entrevues" évoquées par Nicolas Hulot.) L'inertie de l'opinion par rapport à un phénomène aussi nouveau me semble inévitable.

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 9:10 
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Franchement, j'ai un peu de mal avec tout ceci... :-|
En effet, voilà désormais plus de vingt ans que la thématique du développement durable dispose d'une place incroyable dans les sociétés développées à travers la planète et, pourtant, de manière totalement paradoxale le modèle de développement économique de ces principales puissances ne cesse d'aller à l'encontre de ce fameux développement durable sacralisé ces trois dernières décennies, tout en expliquant aux populations qu'elles doivent faire des efforts dans ce sens (la très célèbre fumisterie : "penser global, agir local").
Car qui décide, entre autres, d'envoyer tous les jours sur les mers et océans de notre planète des dizaines de milliers de navires (un super porte-conteneur pollue autant qu'un million d'automobiles) faire trois fois le tour de la planète au nom de l'internationalisation de l'économie ? Certainement pas le quidam occidental qui fabrique ses produits d'entretien lui-même, récupérant l'eau de pluie, voire plantant ses légumes dans son potager... Même plusieurs millions d'individus agissant comme lui (tout en prenant l'avion pour aller en vacances et s'excitant trop souvent sur des objets connectés fonctionnant avec une énergie pas si "renouvelable" que cela...) ne sauraient compenser ces émissions de GES par des comportements "éco-responsable".

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 11:00 
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Bha non, la beauté du capitalisme c'est que l'offre va suivre la demande. Si tout le monde se met à consommer locale et durable, il n'y aura plus de raisons de ramener des bateaux entiers de vêtements/SUV/... du fin fond du monde. Le problème c'est que la plupart de la population mondiale s'en tamponne du développement durable. Il suffit de voir le développement de la fast fashion récemment avec des vêtements pas chère et conçu pour durée peu de temps et qui fonctionne énormément. Il y a une demande, du coup il y a une offre, du coup il y a des porte-conteneurs. Il n'y a pas non plus de volonté populaire d'interdire la fast fashion donc ce n'est pas porté par les politiciens (à nouveau offre-demande).

Le modèle de développement économique suit simplement ce que la majorité de la population attend. Le "la thématique du développement durable dispose d'une place incroyable dans les sociétés développées" ne veut pas dire que la population y souscrit. Les gens ont fait leurs choix, et ce choix a été les SUV, fast fashions, ....


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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 12:32 
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Walsingham a écrit :
Le modèle de développement économique suit simplement ce que la majorité de la population attend

Je n'y crois pas un seul instant ! :wink:

Walsingham a écrit :
Il y a une demande, du coup il y a une offre, du coup il y a des porte-conteneurs

Ce n'est pas la demande - qui s'adapte à ce qu'elle trouve en fait - qui a fixé les modalités de production et les moyens de transport, mais bien ceux qui "offrent".
Jusque dans les années 1980 la quasi totalité des régions de France produisaient du textile et aujourd'hui ?

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 13:42 
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Walsingham a écrit :
Il y a une demande, du coup il y a une offre, du coup il y a des porte-conteneurs

Ce n'est pas la demande - qui s'adapte à ce qu'elle trouve en fait - qui a fixé les modalités de production et les moyens de transport, mais bien ceux qui "offrent".
Jusque dans les années 1980 la quasi totalité des régions de France produisaient du textile et aujourd'hui ?


J'avais 3 ans à la fin des années 80 donc mes souvenirs de la période sont assez vague :mrgreen:, mais la désindustrialisation en Europe n'est-elle pas liée au fait que les entreprises qui délocalisaient avaient des prix inférieurs et obtenaient donc plus de ventes? Poussant les autres entreprises soit à la faillites soit à copier leur modèle?


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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 14:17 
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Walsingham a écrit :
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Walsingham a écrit :
Il y a une demande, du coup il y a une offre, du coup il y a des porte-conteneurs

Ce n'est pas la demande - qui s'adapte à ce qu'elle trouve en fait - qui a fixé les modalités de production et les moyens de transport, mais bien ceux qui "offrent".
Jusque dans les années 1980 la quasi totalité des régions de France produisaient du textile et aujourd'hui ?


J'avais 3 ans à la fin des années 80 donc mes souvenirs de la période sont assez vague :mrgreen:, mais la désindustrialisation en Europe n'est-elle pas liée au fait que les entreprises qui délocalisaient avaient des prix inférieurs et obtenaient donc plus de ventes? Poussant les autres entreprises soit à la faillites soit à copier leur modèle?


C'est nettement plus compliqué, et demanderait sûrement un sujet particulier. En fait, si on prend l'industrie automobile comme cas particulier, il y a à un moment, 2 logiques concurrentes qui se mettent en place. La première est une mutualisation des moyens, les constructeurs ont bien compris que les grosses commandes permettent de diminuer le coût unitaire des divers éléments. Le second est que certains marchés vont s'ouvrir. Si on prend le cas d'une usine qui produisait des petites voitures pour le marché français, l'industriel concerné voit qu'il peut produire en plus grande quantité, car il a accès à plus de marchés. Mais, les marchés émergents, qui consomment des petites voitures, se retrouvent soit en Europe de l'Est, soit au Maghreb, soit en Asie. Quand il sort sa calculette, il se rend compte qu'il vaut mieux produire 100 000 véhicules dans une usine flambant neuve située proche des marchés émergents, puis d'importer 20 000 véhicules en France, que de produire ces 20 000 véhicules en France. Ou d'avoir 5 usines réparties près des divers marchés et qui produiraient toutes 20 000 véhicules. Certaines des usines françaises furent ré-orienté vers des véhicules de milieu ou de haut de gamme. D'autres, trop vétustes et demandant trop d'investissements furent simplement fermées.

Dans le même temps, la plupart des constructeurs ont poussé leurs sous-traitants à se regrouper. Si on prend le cas de Peugeot, il y avait dans tout le département, et au-delà, des ateliers de mécanique générale qui fournissaient des pièces pour l'usine de Sochaux, mais aussi des autres usines du groupe (Mulhouse, ...). Ces ateliers ont fermé ou se sont reconvertis. Maintenant, certains composants viennent d'Asie, car cela coûte bien moins cher de les produire en de très grandes quantités.

D'ailleurs, tout en étant concurrents, pas mal de groupes automobiles se sont entendus pour mutualiser pas mal de pièces. Pourquoi chacun devrait avoir son type particulier de moteur d'essuie-glace ? La mutualisation a permit de baisser les prix des pièces. Si on en construit 100 000 du même modèle, elles coûtent bien moins chère que si on a 20 modèles différents.

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 15:24 
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Duc de Raguse a écrit :
Walsingham a écrit :
Le modèle de développement économique suit simplement ce que la majorité de la population attend

Je n'y crois pas un seul instant ! :wink:

Walsingham a écrit :
Il y a une demande, du coup il y a une offre, du coup il y a des porte-conteneurs

Ce n'est pas la demande - qui s'adapte à ce qu'elle trouve en fait - qui a fixé les modalités de production et les moyens de transport, mais bien ceux qui "offrent".
Jusque dans les années 1980 la quasi totalité des régions de France produisaient du textile et aujourd'hui ?

Le textile est l'exemple emblématique d'une industrie de main d'oeuvre qui a été délocalisée en totalité simplement parce que les coûts de main d'oeuvre étaient plus bas ailleurs.
Il faut quand même imaginer qu'il y a eu des années où la bataille sur les coûts de confection se jouait entre le Bengladesh et la Chine ! (Qui disposait d'un avantage lié à l'encadrement de la main d'oeuvre - le mot "asservissement" serait plus juste - portant sur quelques centimes par pièce, le Bengladesh compensant par l'absence de toute norme de sécurité ou de pollution.) Depuis sont apparus de nouveaux acteurs, en fait d'autres pays pauvres : la Chine pour ses régions les plus pauvres, le Vietnam, Bornéo... une folie !

Encore cela peut-il se comprendre pour le textile, où le prix est LE facteur clé de succès pour la majorité du marché. (Seules des marques ciblées "haut de gamme / luxe" y échappent.) Dès l'instant où on autorise la libre circulation des marchandises et des capitaux, le mouvement est immédiat.

Mais le phénomène s'est étendu à des dizaines de produits où l'on peut juger que seule la rapacité des actionnaires justifie les délocalisations. Par exemple si on examine la façon dont Romans sur Isère, capitale française de la chaussure est devenue une ville sinistrée, une industrie morte, on s'aperçoit que la fabrication bas de gamme est partie - c'était prévisible - mais également que des petites usines fabriquant du très haut de gamme (là on parle en centaines, voire en milliers d'euros la paire) ont suivi le mouvement.

Perso je suis désormais opposé au capitalisme (dans le sens ultra-libéralisme fou qui est devenu le modèle universel, tout cela n'a plus rien à voir avec le capitalisme classique qui prévalait pendant les Trente Glorieuses) dont j'estime qu'il nous a fait les poches. Ne subsistent - et parfois prospèrent - que les industries qui demandent une formation de haut niveau, tant pour la conception que la réalisation. Notre vraie richesse est désormais la matière grise. (Sachant que nul n'a le monopole de l'intelligence...)

Pour être complet, il faut tout de même ajouter à ce tableau inquiétant le fait qu'il existe également un socle important de produits non délocalisables, pour des raisons variées mais logiques : le BTP - c'est une évidence, encore que les matériaux puissent venir d'ailleurs - bon nombre de services, mais aussi des produits personnalisés ou avec une contrainte de mode de livraison ou même de délai de livraison. - La Chine est à 6 semaines de porte-container, ce qui limite sa souplesse sur ce critère. (Prenez par exemple les cuisines intégrées - personnalisation, livraison à date sur chantier - il est clair que le marché français n'a rien à craindre de la Pologne.)

A l'arrivée, l'argent public provenant en dernier recours de la richesse d'un pays, nous nous retrouvons avec un état qui doit emprunter 30% de son budget annuel. Clemenceau aurait demandé :"Où sont les millions ?"

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 Sujet du message : Re: La chaleur...
Message Publié : 08 Août 2022 16:31 
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Une remarque banale concernant le libre-échange : je suis bien persuadé que le raisonnement libéral affirmant qu'il participe à l'accroissement général des richesses est juste. (Jamais le niveau de vie de la planète n'a été aussi élevé.)

"Chacun réalise au mieux ce qu'il sait faire de mieux, etc..." c'est entendu.

Mais dans le mouvement de dérèglementation générale qui a prévalu en 3 ou 4 décennies, nous avons perdu en part relative, et de façon massive.

Pour revenir à "la chaleur...", je me demande souvent si une stratégie nationale visant les technologies de "la révolution verte" aurait sa chance. J'avoue que je n'en sais rien ! :mrgreen:

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