Pierma a écrit :
Le problème avec ces régimes totalitaires où le moindre écart de pensée est réprimé, est de savoir jusqu'à quel point les gens en sont dupes.
Certainement qu'au début, il reste chez chacun un peu d'esprit critique mais le système de terreur et de paranoïa entretenus par une délation qui est devenu une "norme" est prégnant.
Pour la génération suivante, le formatage se fait dès l'enfance. Des parents veulent le "meilleur" pour leurs enfants, par se retrouver dans des camps de rééducation par le travail.
Et puis on songe à la blacklist, à l'entourage... Psychiquement, pour survivre il faut "entrer" dans le système. Ensuite, pour avoir le recul, pour "penser", analyser, réfléchir : il faut du temps et ceci est un luxe qui n'est pas offert dans ces régimes.
Regardez certains régimes totalitaires, la vitesse à laquelle l'Allemagne nazie n'a pas été "convertie" mais -ce n'est pas tant ce qui est recherché au final, on se base sur les générations à venir...- a suivi le discours à un point tel que "on" a bien voulu voir et comprendre ce qui arrangeait parfois alors que l'on "voyait"...
Idem pour les gestes qui deviennent réflexes. Il m'arrive souvent de dire "bonjour" de manière réflexe. En faisant un arrêt, au fait, est-ce que je souhaite une bonne journée à cette personne que je ne connais pas ? C'est un code sociétal et si demain on me disait que désormais on ne dit plus bonjour mais "cot cot", je vous avoue que le sens de ma vie ne se sentirait pas impacté, va pour "cot cot".
Le truc est que là, le sens de la vie, chacun est privé de ses choix sous prétexte que le collectif passe avant l'individuel et avec ce style de discours et tout ce qui fait un individu et son unicité disparaît. Puis la notion d'individu disparaît ensuite.
La propagande a certainement un effet dingue. Je songe à une série que j'ai regardée : "muhteşem yüzyıl". Les 32 ou 36 premiers épisodes étaient sous-titrés en français mais le son, la langue est turque. J'arrive à la fin et plus de sous titrage, je me suis aperçue que je pouvais comprendre a peu près une centaine de mots sinon plus et que j'avais intégré au moins une déclinaison et j'ai pu piger "en gros" la suite... Je suis loin d'être douée, ceci montre que bien que concentrée sur le captage visuel des sous-titres et bien un travail se faisait quelque part inconsciemment.
Alors entendre les mêmes discours répétés ad n., l'esprit intègre et se ferme à autre chose.
Plusieurs représentants serait anxiogène. Une seule représentation, c'est clair, net : il "sait".
Ce qui évite tout choix. Le choix est source d'échec : mauvais choix = échec ----> frustration ----> souffrance et parfois déviance pour pallier. Là, pas de sensation d'échec mais un peuple infantilisé.
Si demain, le représentant disparaît, ces "enfants" se sentent non seulement orphelins mais perdus. On n'a pas appris à se tenir sans tuteur, on s'écroule, c'est un deuil démultiplié.
C'est aussi pour ceci que le système qui nous apparaît "répressif" est vu comme "rassurance" pour eux. C'est bien, on est encadré et si l'on fait un pas de côté et bien on nous remet dans le droit chemin. La police est faite pour ça, elle est le "tuteur" de proximité.
Elle ne peut avoir tort puisqu'elle est la courroie de transmission etc. Donc si elle frappe : elle a raison.
Penchez-vous un instant sur l'enfance maltraitée et voyez combien ces enfants s'accrochent à leurs parents. Dans un autre milieu, il faut un temps d'adaptation qui leur est souffrance (des psy etc. servent de béquille). Mais leur dire d'emblée que "c'est pour leur bien", ils comprennent ceci comme une déchirure/une injustice et le mode de fonctionnement "normal" leur semble ahurissant ; il faut un bon bout de temps de "réadaptation". Et bien là, on a réadapté, remodelé la génération et la suite est allée de soi. Si quelques voix se font entendre et bien on sait comment les faire chanter un peu plus juste voire se taire définitivement...
La nourriture est quelque chose de très secondaire : on mange sa pitance, on dort etc. A partir du moment où le temps de pensée/réflexion n'existe pas ou ne fonctionne plus, le corps bloque pour exprimer un étonnement et puis comme le reste, s'habitue.
J'imagine que nos assiettes occidentales doivent leur paraître la quintessence de la décadence, de la bêtise etc. Des humains qui ne songent qu'à bâfrer comme des animaux. Le logiciel est inversé, différent.
Le mot "confiance" n'existe pas. Ceci demande déjà une analyse des émotions personnelles. Le collectif n'a pas d'émotions personnelles...
Quant au mot "réalité", c'est un non sens pour ceux qui sont sur le chemin de La Vérité dispensée et représentée.
A chacun sa foi...
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