Un assez bon cru, après quelques volumes moins bien réussis (avis personnel et volontiers subjectif). Des bonnes trouvailles, jeu de mots, gags de situation, ..., insuffisamment exploités ou menés à leur terme (toujours à mon avis personnel). Pas du tout aimé (toujours personnel) : la nouvelle manière de dessiner les légionnaires victimes des coups d'Obélix, en rupture avec le dessin d'Uderzo.
Sur le fond historique, c'est du Astérix, ni plus ni moins que d'habitude. Un point qui m'a paru réaliste : la poursuite des mésententes et des griefs respectifs entre tribus gauloises, armoricains (sans mention plus précise), arvernes et bituriges... Pour le reste, comme d'hab', le même mélange savoureux d'anachronisme chauvin et de références historiques faciles.
Et donc (pour moi), un assez bon cru je le redis.
_________________ Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !
Détail marrant: en lisant les commentaires des lecteurs sur un site de vente en ligne, j'ai vu que plusieurs personnes avaient considéré que le personnage d'Adrenaline, la fillle de Vercingetorix, était une référence à Greta Thunberg. Interrogés sur la question, les auteurs ont répondu que ce n'était pas le cas, et qu'ils avaient commencé à travailler sur le scénario il y a deux ans, à une époque ou personne ne la connaissait.
B'en, ça me paraît évident. La gestation d'un album de BD est un peu plus lente que l'urgence oublieuse de l'actualité.
Parmi les bonnes trouvailles (prometteuses, j'espère) de l'album : Selfix, fils du forgeron qui veut devenir poissonnier, et Surimix, fils du poissonnier qui veut devenir forgeron (oups ! j'ai spoilé pour ceux qui ne l'ont pas encore lu ).
_________________ Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !
B'en, ça me paraît évident. La gestation d'un album de BD est un peu plus lente que l'urgence oublieuse de l'actualité.
Parmi les bonnes trouvailles (prometteuses, j'espère) de l'album : Selfix, fils du forgeron qui veut devenir poissonnier, et Surimix, fils du poissonnier qui veut devenir forgeron (oups ! j'ai spoilé pour ceux qui ne l'ont pas encore lu ).
ça c'est bien trouvé !
Astérix ne pouvait que s'améliorer avec de nouveaux auteurs. La période ou Albert Uderzo s'est cru capable de remplacer Goscinny a été archi-nulle. "Astérix en tapis volant", avec les indiens, et feu d'artifice final : avec les extra-terrestres !
_________________ Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)
Le problème est tout simplement que Goscinny était un génie dans sa spécialité. Les gens comme lui sont irremplaçables.
+1
Et pas seulement sur Astérix. Iznogoud, Lucky Luke, et bien d'autres, c'est toujours savoureux.
"La guérison des Dalton", (avec un psychanalyste), c'est un sommet ! -Pour l'anniversaire d'Averell, maman avait fait un gâteau avec une lime dedans. Et l'après-midi on est allés attaquer une banque en famille, avec papa.
Ou encore cette réflexion du psy : - Vous ne vous sentez jamais... je ne sais pas... un peu comme un cowboy solitaire et loin de son foyer ?
Pour Astérix j'ai une préférence de longue date pour "les lauriers de César". Farpaitement !!!
Jean-Mic m'a convaincu : je tiens l'idée de cadeau de Noël pour mon gamin.
_________________ Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)
Chez moi, étant enfant, on a toujours acheté les albums d'Astérix lors de leur sortie. J'ai poursuivi la tradition une fois devenu grand. Mais là, j'ai fait l'impasse. Je le lirai à la bibliothèque, éventuellement.
Le fait est que la mort de Goscinny a été une catastrophe pour la BD française. Astérix, mais aussi Iznogoud, Lucky Luke que je lisais aussi... On a senti immédiatement la différence. Et j'ai du mal avec les passages de relais, même talentueux. Je suis trop habitué à un style - ça me l'a fait avec Boule et Bill, ça me le refait avec Astérix (plus, sûrement, une part de lassitude)
Et puisqu'on est sur un forum d'histoire, ce que je remarque aussi, dans l'écriture de Goscinny, ce ne sont pas seulement les blagues brillantes ("Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide" ), c'est surtout le niveau culturel. Je n'ai compris certains dialogues qu'une fois adulte et un peu plus cultivé (je dois préciser que c'est un copain de lycée qui m'a fait comprendre la blague sur le nom de l'homme de main d'Iznogoud... ) Les Numides, d'ailleurs, à part les passionnés d'histoire antique, qui sait que ça existe ? Les lecteurs d'Astérix !
Un grand nombre de références sont maintenant datées ("mon tailleur est riche", certes c'est entré dans la culture populaire, mais est-ce que ça parle encore à tout le monde ?), mais je trouve quand même que le niveau de connaissances et de culture qui était attendu des lecteurs était plutôt élevé.
Ou alors, je suis juste un vieux c... passéiste...
_________________ Le secret de la tactique, c'est dix contre un, et par derrière ! Tout le reste n'est que littérature. (un professeur de l'Ecole Supérieure de Guerre, années 30)
Le problème est tout simplement que Goscinny était un génie dans sa spécialité. Les gens comme lui sont irremplaçables.
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Et pas seulement sur Astérix. Iznogoud, Lucky Luke, et bien d'autres, c'est toujours savoureux.
"La guérison des Dalton", (avec un psychanalyste), c'est un sommet ! -Pour l'anniversaire d'Averell, maman avait fait un gâteau avec une lime dedans. Et l'après-midi on est allés attaquer une banque en famille, avec papa.
Ou encore cette réflexion du psy : - Vous ne vous sentez jamais... je ne sais pas... un peu comme un cowboy solitaire et loin de son foyer ?
Pour Astérix j'ai une préférence de longue date pour "les lauriers de César". Farpaitement !!!
Jean-Mic m'a convaincu : je tiens l'idée de cadeau de Noël pour mon gamin.
OUI !!!
Et un formidable observateur de son époque ; pour exemple, et outre les Beatles dans "Astérix chez les Bretons", j'adore quand il se fout de la gueule du théâtre expérimental, dans "Astérix et le Chaudron", et de son public de snobinards.
Il faut savoir que l'album est sorti en 1969 donc un an après le "bordel" au Festival d'Avignon (Jean Vilar traité de réac, les "classiques" vus comme des symboles bourgeois, poussiéreux etc.) ; le Living Theater de Julian Beck, c'était ça :
Je reviens sur Goscinny et son regard sur le "nouveau" théâtre gaucho/marxiste ; Jean-Marie Poiré y fait allusion dans l'excellent "Mes Meilleurs Copains" (1998) :
Ou alors, je suis juste un vieux c... passéiste...
Non. Goscinny se documentait énormément sur les thématiques qu'il traitait. C'est de toutes façons totalement évident quand on lit les BDs sur lesquelles il a travaillé, mais je me souviens aussi d'une vidéo avec Morris où il expliquait cela. Dans mon souvenir, il expliquait que quelque part, il avait envie de traiter de sujets historiques et que la BD lui en donnait l'opportunité.
"La guérison des Dalton", (avec un psychanalyste), c'est un sommet ! -Pour l'anniversaire d'Averell, maman avait fait un gâteau avec une lime dedans. Et l'après-midi on est allés attaquer une banque en famille, avec papa.
Encore quelque chose de génial.
En fait, le professeur va finir par reconnaître son "échec" et devenir, influencé par les Dalton, gangster, ah, ah... Bon, la dernière case laisse entendre que ses travaux, précurseurs et révolutionnaires, n'ont point été inutiles, et qu'ils seront suivis : on peut y voir la nounou de Freud sortir de la chambre du jeune Sigmund en hurlant quelque chose comme "Madame, si vous saviez ce que Sigmund a essayé de me faire...".
_________________ - "Heil Hitler !" - "Heil Myself !"
@ Pierma : Attention ! j'ai dit "plutôt bon cru", au regard des derniers albums, particulièrement décevants. Je n'ai pas dit exceptionnel...
Merci, c'est noté, mais ça va le faire quand même, je pense.
@Robert Spierre : Ne me lancez pas sur le théâtre et l'art contemporains, parce qu'on va en avoir pour un moment. Ou alors prévenez que vous serez en retard pour le diner...
A une époque, ces inepties ont pu être lancées par des marxistes, mais croyez-moi ils en reviennent. Franck Lepage, révolutionnaire patenté et intéressant (si vous avez le temps, regardez sa "conférence gesticulée" intitulée "L'éducation populaire, Monsieur, ils n'en ont pas voulu", qui parle, entre autres, de la genèse du ministère de la culture, et de sa dérive boboïste) est remonté comme un coucou suisse contre l'art contemporain, dont il dit que "la gauche s'est fait refiler une religion strictement capitaliste". En notant qu'aller uriner sur une scène - gros scandale dans une "pièce" jouée à Avignon - c'est sûrement transgressif, mais absolument pas subversif. Le pouvoir, dit-il, n'en tremble pas sur ses bases. Un court extrait : https://www.youtube.com/v/a23aQOpwhCY&t=365s
Comment le baptiser, ce personnage? Cet Anarchiste couronné qui se raccroche à sa couronne ? Ce Pensionné de la société ? Ce Transgresseur décoré ? Ce Non-conformiste subventionné et qui entend le rester ? Cet Avant-gardiste cramponné ? Ce Novateur à perpétuité et à subsides d'État ? Ce héros de l'aventure moderne en train de se défaire ? Qu'importe son nom, à vrai dire. Laissons-le dans l'imprécision, ça lui fera peut-être plaisir, lui qui a tant aimé l' "ouvert ", 1' " aléatoire ", 1' " inachevé ", le " flottant ". Saisissons-le en pleine action, plutôt, en pleine bouffée d'adrénaline et de réflexe de survie. C'est là, dans ses gesticulations vertueuses, dans ses sursauts d'outragé, que se manifeste son ultime visage : celui de quelqu'un qui avait mis, et depuis longtemps, tous les atouts modernistes dans son jeu, qui avait pris l'habitude de considérer le "nouveau " comme une rente de situation, et que l'on voit soudain courroucé parce qu'un jeune écrivain, en détaillant calmement ses exploits, en cherchant à le comprendre à travers ses pompes, ses oeuvres, ses propos, a osé finalement le problématiser.
Enfin, dans un registre plus populaire, une excellente description de la Biennale de la danse contemporaine par Laurent Gerra, imitant Fabrice Lucchini. C'est à partir de 6 mn 20 : https://www.youtube.com/v/WPqA9yUQl3s
Cela dit, le théâtre contemporain vu par Goscinny c'est un régal. Merci pour vos extraits de BD, à propos.
_________________ Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)
Et puisqu'on est sur un forum d'histoire, ce que je remarque aussi, dans l'écriture de Goscinny, ce ne sont pas seulement les blagues brillantes ("Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide" ), c'est surtout le niveau culturel. Je n'ai compris certains dialogues qu'une fois adulte et un peu plus cultivé (je dois préciser que c'est un copain de lycée qui m'a fait comprendre la blague sur le nom de l'homme de main d'Iznogoud... ) [...] Un grand nombre de références sont maintenant datées ("mon tailleur est riche", certes c'est entré dans la culture populaire, mais est-ce que ça parle encore à tout le monde ?), mais je trouve quand même que le niveau de connaissances et de culture qui était attendu des lecteurs était plutôt élevé.(
Comme ici, par exemple?
Une que j'ai découverte cette semaine, tiens. Je n'avais jamais remarqué l'allusion à la course Paris-Roubaix (c'est dans le Tour de Gaule, entre Cambrai et Reims je crois)
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