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Message Publié : 12 Nov 2021 14:39 
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Salluste
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Je ne savais pas oublier ce texte donc je le place ici. C'est un extrait de ma page sur l'ancienne équipe de basketball de Montréal.

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La céations des Dragons

Dans les textes de la Presse que j'ai retrouvés dans BAnQ, il y a peu d'information.

C'est le 9 novembre 1992 que Montréal apprend l'arrivée du basketball! Le titre de l'article est plutôt simple : "Du basketball à Montréal au printemps."

Le 8 janvier 1993, Denis Arcand annonce la perspective de l'arrivée de Toronto dans la NBA. Dans l'article François Tremblay mentionne ça ne lui fait pas peur. Cela ne lui fait pas plus plaisir. L'article est intéressant puisqu'on y mentionne des informations sur la mise en place du club. Le coût d'entrée d'une franchise en NBL est de 150 000$ contre possiblement 100 millions pour la NBA (selon l'article). Le plafond salarial est de 200 000 pour la NBL contre 12,5 millions dans la NBA de l'époque.

La conférence de presse pour annoncer l'arrivée du club doit se dérouler le 14 janvier. Problème! La ligue annule le 12 janvier. Dans La Presse du 13 janvier 1993, on apprend que la NBL a décidé de déménager ses bureaux de Toronto à Hamilton suite à la demande d'un autre groupe d'acquérir une franchise de la NBA. Donc comme la NBL attend l'assentiment de la ville d'Hamilton, on doit retarder l'annonce. Le lendemain, on révèle à l'émission de Sonia Benezra le logo et les maillots. Malheureusement, je n'ai pas trouvé d'archives de cela!

La conférence de presse aura finalement lieu de 28 janvier à 13 heures à l'hôtel Delta. On annoncera 6 équipes dans les villes de Saskatoon, Winnipeg, Hamilton, Halifax, Sydney (Cap-Breton) et Montréal.

Le lendemain, dans un article promotionnel parût dans la Presse, on apprend que le calibre de la ligue pourrait être plus élevé que prévu. François Tremblay croit que le bassin de joueur sera important :

"C'est pas difficile à comprendre comme situation : il y a 2500 joueurs de basket qui sortent chaque année des universités américaines, et il n'y a que 25 ou 50 jobs par année dans la NBA. Faites le calcul..."

Le 17 mars, on annonce la date du premier match des Dragons, soit le 2 mai à Hamilton. Le premier match à l'Auditorium de Verdun se déroulera le 7 mai contre le Thunder de Winnipeg. Les Dragons affronteront 8 fois les cinq autres équipes de la ligue et vont disputer des matchs à deux autres équipes, une équipe d'étoile de la conférence Big East de la NCAA et une autre de la conférence atlantique. Ils affronteront aussi une équipe nommée Athletes in Action. De plus, trois matchs contre l'équipe nationale de basketball canadienne sont aussi prévus.

Le 21 mars, le projet montréalais commence à prendre une forme plus concrète. On peut lire dans la Presse que le club a mis sous protection huit joueurs des Wings de Dayton, une équipe de la défunte WBA : Alfredrick Hughes (ex premier choix des Spurs de San Antonio), Danny Jones, Sam Johnson, Willies Glass, Skeeter Henry, Corenelius Holden, Van Usher et Calvin Telford. Le repêchage aura lieu le 22 mars à... Montréal! (Non, mais sérieux, qui s'en souviens!)

Le 7 avril suivant, le dixième choix des Dragons, Mark Acres signe un essai de 10 jours avec les Bullets de Washington et un autre joueur André Spencer obtient un essai avec les Warriors de Golden States. Le 13 avril suivant, les Dragons font acquisition des droits pour Damon Sweet (Slam de Saskatoon) en échange de Sam Johnson. Le camp d’entrainement débute le 20 avril.

Mathias Brunet nous annonce dans un article du 23 avril 1993 que le club tiendra un tournoi pour permettre à de futurs joueurs de se mettre en valeur pour peut-être faire le club! Le tournoi aura lieu le week-end suivant au cégep Vanier. Le jeudi 29 avril 1993, on en apprend plus sur la ligue.

Le coût d'une franchise est de 150 000$, les activités débuteront le 1er mai. Si la NBA annonce la même semaine son intérêt de s'implanter au Canada, ce ne sera pas avant 1995 ou 1996. Donc la NBL a deux ans pour s'enraciner. Le plafond salarial sera de 150 000$ pour chaque équipe de 10 joueurs. On espère avoir des foules de 4000 à 5000 à Montréal. L'équipe disputera en tout 48 matchs. Les billets varient entre 5$ et 35$, entre 99$ et 695$ pour les billets de saison.

L'équipe devrait pouvoir compter sur au moins deux joueurs montréalais : Dwight Walton et Trevor Williams.

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Eric Dennis, le premier entraîneur chef.

Le 26 février 1993, à l'auditorium de Verdun, on annonce l'embauche du premier entraîneur-chef de la brève histoire des Dragons, Eric Dennis. Il y aura en tout 3 entraineurs pour les Dragons. Originaire de Floride, l'homme de 32 ans entrainait à Jacksonville l'année précédente. Il n'était pas le premier choix selon l'article d'André Trudelle dans LA Presse . On aurait tenté de recruter D.J. Johnson chez les Celtics. Ceux-ci ont toutefois refusé de le libérer.



On retient de cette conférence de presse cette affirmation d’Eric Dennis :

" Dans cinq ans, le basketball aura connu un essor sans précédent au Canada. Dans dix ans, les joueurs canadiens vont dominer la Ligue nationale de basketball."

(On attend toujours, petit commentaire de Garage Foot...)

S'il regrette de ne pas parler français, cette situation ne suscitera pas le même émoi que le PDG d'Air Canada, Micheal Rousseau, en novembre 2021!


Source : La Presse

2 mai 1993 : que le spectacle commence!

La saison débute enfin le 2 mai. Eric Dennis est toujours optimiste :

"Mon objectif principal est de rendre mon équipe la plus compétitive possible. Notre style de jeu sera axé sur la rapidité... en plus d'une défensive agressive."

En ce début de saison, les attentes sont élevées envers Alfredrick Hughes, premier choix des Spurs en 1985.

Le premier match des Dragons sera une défaite. 104 - 101 contre les Skyhawks de Hamilton. Les Dragons ont échappé leur avance (45-33) en concédant 71 points en deuxième mi-temps. Les meilleurs joueurs des Dragons furent Reggie Cross (26 points) Alfredrick Hughes et Daimon Sweet (18 points).

Le 6 mai, dans un article au titre suivant : Les Dragons: pas facile de gagner à l'extérieur, l'entraineur mentionne que son club n'a pas joué de façon régulière durant le match du 4 mai précédent, une défaite de 98 - 109 contre le Thunder de Winnipeg. Il espère que les partisans seront présents le lendemain à l'Auditorium de Verdun pour le premier match à domicile de l'histoire des Dragons.

Une courte saison difficile

C'est finalement le 7 mai 1993 que les Montréalais vont enfin rencontrer leur nouveau club! Michel Marois qualifie cette soirée dans le titre de son texte le match : Une entrée prometteuse! malgré la défaite de 88 - 80 contre le Thunder de Winnipeg. Encore une fois, les Dragons ont laissé filer une avance à la mi-temps.

Le public a répondu présent malgré une assistance modeste (3151 personnes). On apprend aussi que Reggie Cross est le favori de la foule. Il a le physique d'un joueur de football et démontre un jeu rude. Il a d'ailleurs failli provoquer une bagarre. De quoi faire plaisir aux admirateurs de hockey à la Slap Shot.

François Tremblay vise sur spectacle. Selon lui, les concurrents des Dragons sont les cinémas et les théâtres. Avait-il oublié que le Canadien était en séries ? Le club mise sur Magik, une mascotte amusante selon Michel Marois. Il qualifie aussi d'amusantes les Dragonnettes, les meneuses de claques. Un cracheur de feu était présent pour le début du match et le lendemain, on annonce un spectacle de rap pour la mi-temps. Michel Marois pose toutefois une question : "Va pour le rap, mais il ne faudrait pas oublier le basket, non ?"

Il faut aussi mentionner que la veille du match, le club subit un coup dur. Les Dragons doivent libérer deux des trois joueurs montréalais du club, Dwight Walton et Trevor Williams. En effet, la NBL refuse de libérer les deux joueurs pour la sélection nationale du Canada.


Le Dragon se meurt...

Le 9 mai, les Dragons subissent une nouvelle défaite de 117-110 contre les Windjammers de Halifax. Daimon Sweet a fait un excellent match avec 43 points. Après 5 matchs, les Dragons n'ont qu'une seule victoire. La fiche décevante du club mène au congédiement d'Eric Dennis. Il sera remplacé par ses adjoints, Jean-Guy Morin et Otis Hailey. Selon Simon-Olivier Lorange, c'est Hailey aura le rôle d'entraineur-chef. François Tremblay explique le congédiement de son entraîneur :

" Eric Dennis était certainement compétent mais il éprouvait des problème de communications épouventable. Le climat était pourri à tous les échelons de l'organisation à cause du comportement de Dennis." (La Presse du 11 mai 1993)

Le changement de direction ne change rien sur le terrain. Nouvelle défaite le 12 mai 142 - 129 contre les Breakers du Cap-Breton. Pourtant Alfredrick Hughes termine la rencontre avec 47 points. En revanche, du côté des Breakers, 7 joueurs ont marqué au moins 10 points... Dans La Presse du 14 mai, Mathias Brunet qualifie le congédiement de Dennis comme nébuleux. Les Dragons semblent vivent une intense crise à l'interne. Nouvelle défaite le 15 mai contre les Skyhwaks d'Hamilton, 105 - 98. Le 18 mai, on annonce l'arrivée de Mike Riley, un TROISIÈME entraineur-chef en... 18 jours!

Le club à une fiche de 2 victoires et six défaites. Et le mandat de Mike Riley commence sur la même note, une défaite de 107 - 102 contre les mêmes Skyhawks. Daimon Sweet marque 26 points, Alfredrick Hughes 25. Même histoire le 21 mai, défaite de 115 - 109 contre Halifax. Cette fois, c'est Reggie Cross qui mène l'équipe avec 30 points et 6 rebonds.

Une lueur d'espoir pour les Dragons le 24, ils remportent leur troisième victoire de la saison, 112 - 77, à l’Auditorium de Verdun devant 1751 spectateurs. Reggie Cross est encore en tête avec 37 points et 16 rebonds. Les Dragons procèdent à un échange. Roy Marble et Stan Kimbrough arrivent de Winnpeg en retour d'Eldridge Recasner et Alfredirick Hughes. Kimborough est un ancien de la NBA (Kings de Sacramento). Marble fait déjà sentir sa présence le 25 mai pour la quatrième victoire des Dragons contre Cap-Breton. Match suivant, une victoire de 96 - 88 contre le Slam de Saskatoon à Verdun devant 1000 spectateurs.

Si sur le terrain il y a de l'espoir, les Dragons sont en phase terminale...

La mort du Dragon

Gilles Bourcier nous apprend la nature du cancer qui ronge le Dragon dans La Presse du 28 mai 1993. Le club a de graves problèmes financiers. Le match contre le Slam a même failli ne pas se dérouler. La ligue a annoncé qu'elle allait payer les coûts pour le voyage à l'étranger du club. En effet, les équipes ont contribué en début de saison à un fonds d'urgence (100 000$ par club). Tremblay et son associé Nadeau sont prêts à vendre 51% des actions du club. Ils cherchent un acheteur ou un commanditaire. On cherche à éviter une mainmise de la ligue.

Le problème, c'est que l'acheteur potentiel doit être à doubler sa mise pour relancer le club. Le club aurait manqué de temps pour vendre des abonnements de saison et les commanditaires sont absents. Tremblay mentionne aussi que les Canadiens, avec les séries éliminatoires et sa future Coupe Stanley, font énormément mal aux Dragons. Finalement, ilfait deux constats : un mauvais choix d'entraîneur et le fait que de disputer les matchs à Verdun loin du public anglophone est une erreur.

De son côté, le président de la ligue, Sam Katz, affirme qu'il est confiant pour l'avenir des Dragons. Il mentionne que la ligue s'occupera des salaires et des dépenses du club pour les 4 prochains matchs qui sont à l'étranger. Il est sûr de trouver un acheteur. Il mentionne avoir des discussions avec le groupe Donald K. Donald avec qui il est déjà en affaires. Voici comment se conclut un bref article de Gilles Blanchard, qui après coup, en dit long :

"-Et les autres franchises, monsieur le président ? -

-Dieu merci, seuls les Dragons éprouvent pareilles difficultés. Mais je ne m'en réjouis pas. La franchise qui offre les plus grandes possibilités, c'est celle de Montréal. S'il faut que j'aille régler l'affaire sur place, je le ferai."


(Note de l'auteur, la ligue ne survivra pas à 1994, et les Skyhawks d'Hamilton vont déménager à Edmonton... pour le début des séries éliminatoires...)

Sur le terrain toutefois, les joueurs signent une quatrième victoire consécutive contre le Thunder de Winnipeg (103 - 93). Reggie Cross et Roy Marble ont dirigé l'attaque. Mais c'est trop peu trop tard. Le 8 juin, Sam Katz annonce une conférence de presse pour le 10 juin. Il affirme qu'il espère toujours avoir un nouveau propriétaire. Mais il n'en est rien. La conférence de presse annonce la mort des Dragons. Si un groupe avait manifesté son intérêt pour l'équipe, le projet visait la saison suivante. Le 17 juin, Ronald King a des mots durs dans son article L'été tiède... :

"À L'Auditorium de Verdun, les Dragons se sont éteints dans une mer de magouille et de mesquinerie. Notre équipe de basketball aura réussi un exploit : jamais la scène sportive montréalaise n'aura vu une aventure locale se terminer de façon aussi quêter pour manger. Un bras d'honneur pour ceux qui ont organisé ce fiasco"
.

La ligue, de son côté, disparaitra dans l'indifférence en 1994. Réjean Tremblay avait d'ailleurs eu une vision prophétique dans un article de La Presse du 4 mai 1993 :

"Peut-être que ça va faire comme la Ligue canadienne de soccer qui a fini par mourir de sa belle mort devant l'indifférence des amateurs."

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