Jadis a écrit :
Comment comprendre ce départ précipité ? Mise en scène voulue par le général de Gaulle après les événements de mai 1968 ? Dérapage d'un référendum intensément souhaité par le chef d'Etat mais finalement mal organisé ? Faut-il y voir la répétition de sa démission en janvier 1946 ou la dernière révérence de son parcours politique ?
Pour comprendre ce départ, il faut avoir à l'esprit la conception que de Gaulle avait de la fonction de chef de l'Etat et du rapport particulier que celui-ci devait avoir au peuple (dont il procède directement), et réciproquement : ou bien il avait le soutien du peuple, ou il ne l'avait pas. C'est pourquoi il avait clairement annoncé : "
Si je suis désavoué, par une majorité d'entre vous, ma tâche actuelle de chef de l'État deviendra évidemment impossible, et je cesserai aussitôt d'exercer mes fonctions de chef de l'État".
Il est à supposer aussi que la "claque" de mai 68 l'avait atteint au moral (cf. notamment l'épisode de la "chaise vide"- Baden-Baden), et que le résultat de l'élection législative de juin 68 n'était pas de nature à le rassurer entièrement sur la question de sa personne, à savoir si les Français voulaient encore de lui, personnellement.
Son départ en 1946 était intervenu dans un contexte très différent de "tambouille politicienne", et pour des raisons différentes. Cette démission-là était peut-être une mise en scène : elle était consécutive à un désaccord avec l'establishment politique au sujet des institutions (et l'épisode du refus du vote du budget). Et l'image de de Gaulle aux yeux du peuple étant intacte, le Général pouvait penser que les partis de droite et du centre ne tarderaient pas à le rappeler pour contenir les avances du Parti Communiste.