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Message Publié : 11 Sep 2022 18:44 
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Pierma a écrit :
On peut même se demander si la convocation des Etats Généraux a réellement été voulue par le roi : lui a-t-on laissé le choix ?

C'était cela ou la banqueroute. La situation ne lui a pas laissé le choix (encore que les Etats d'autres monarques auparavant en Europe avaient déjà fait faillite).
D'un autre côté, ces réformes (fiscales et politiques) étaient déjà urgentes au début de son règne, on ne peut pas dire qu'il se soit empressé de les traiter autrement que par la politique d'un pas en avant, puis de deux en arrière (Turgot, Necker puis Calonne, pour finalement retomber sur Necker...)

Pierma a écrit :
Et bien entendu je ne pense pas que la lecture des cahiers de doléance aurait réduit Louis XVI à "un rôle de fonctionnaire". Un monarque mieux éclairé, peut-être ? (Mais je n'insiste pas sur ce point parce qu'on ignore jusqu'ici ce qu'il a pu en lire. En même temps cette ignorance est parlante : il a négligé - en tout ou partie ? - des demandes où le peuple exprimait tous ses espoirs. Préjugé ? On dirait bien...)

Effectivement, personne ne pense que Louis XVI se soit mis à lire, seul, le soir, avant de s'endormir, tous les cahiers de doléances du royaume. Mais des conseillers des ministres de son Conseil auraient très bien pu le faire afin d'en produire une "synthèse".
Si le roi n'est pas un "fonctionnaire", l'Etat existe déjà.

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Message Publié : 11 Sep 2022 20:38 
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Je suis allé voir la fiche Wikipédia de "cahiers de doléances" et voila ce qu'on trouve :

Wikipédia a écrit :
Après le dépouillement effectué pendant les premières semaines des États généraux, un rapport de synthèse du comte de Clermont-Tonnerre fut lu au Comité de Constitution de l'Assemblée nationale le 27 juillet 1789


Sans référence, ni d'autres commentaires, évidement rien sur Louis XVI, mais cela laisse supposer que ce sont les députés qui ont lu et fait la synthèse, en particulier le comte de Clermont-Tonnerre...La date donnée est surprenante le 27 juillet 1789...la révolution est déjà commencé depuis plusieurs semaines...

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
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Message Publié : 11 Sep 2022 21:25 
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Duc de Raguse a écrit :
C'était cela ou la banqueroute. La situation ne lui a pas laissé le choix (encore que les Etats d'autres monarques auparavant en Europe avaient déjà fait faillite).
D'un autre côté, ces réformes (fiscales et politiques) étaient déjà urgentes au début de son règne, on ne peut pas dire qu'il se soit empressé de les traiter autrement que par la politique d'un pas en avant, puis de deux en arrière (Turgot, Necker puis Calonne, pour finalement retomber sur Necker...).

Si le roi n'est pas un "fonctionnaire", l'Etat existe déjà.


Pour compléter, nous avons eu sur le forum une discussions sur le génie réformateur de Napoléon. En fait, Napoléon a pu lancer de nombreuses réformes car le constat avait été fait par les fonctionnaires royaux qui avaient fait leur boulot : constater ce qui ne fonctionnait pas, proposer des solutions pour pallier à ces dysfonctionnements. Dans de nombreux cas, les propositions qu'on trouve dans les archives correspondent en tout point à ce que l'administration napoléonienne à mis en place. L’École polytechnique, le Code Napoléon (en grande partie), et pas mal d'autres choses auraient pu être plus vieilles de 20, 30 voire 50 ans. Mais toutes ces réformes étaient bloquées à cause de l'immobilisme décisionnel au plus haut niveau de l’État. Mais aussi parce qu'en germe, elles contenaient la fin de la société de classe et l'avènement d'une société fondée sur le mérite personnel.

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Message Publié : 12 Sep 2022 8:28 
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Oulligator a écrit :
Je suis allé voir la fiche Wikipédia de "cahiers de doléances" et voila ce qu'on trouve :

Wikipédia a écrit :
Après le dépouillement effectué pendant les premières semaines des États généraux, un rapport de synthèse du comte de Clermont-Tonnerre fut lu au Comité de Constitution de l'Assemblée nationale le 27 juillet 1789


Sans référence, ni d'autres commentaires, évidement rien sur Louis XVI, mais cela laisse supposer que ce sont les députés qui ont lu et fait la synthèse, en particulier le comte de Clermont-Tonnerre...La date donnée est surprenante le 27 juillet 1789...la révolution est déjà commencé depuis plusieurs semaines...

ça donne l'impression que les "cahiers de doléances" sont arrivés à Versailles en même temps - ou à peu près - que les députés aux Etats Généraux. De fait les consignes de rédaction avaient été transmises en parallèle des convocations. (Processus compliqué que ces convocations : il s'agit d'obtenir des délégués élus par un collège représentatif, mais comme la France de 1789 est encore une mosaïque aux structures très diverses - et déjà très variables en nombre d'habitants, mais souvent aussi parce qu'il reste des découpages et particularités hérités de l'histoire - il n'est pas toujours facile de déterminer quel sera le collège électoral pour tel ordre à tel endroit.)

Par ailleurs on pourra voir sur ce lien Wiki que le texte même de la convocation par le roi emploie des termes de nature à soulever l'espoir populaire :
Citer :
LETTRE DU ROI, pour la convocation des Etats généraux à Versailles, 26 avril 1789.
Du 24 janvier 1789.
DE PAR LE ROI.

NOTRE AMÉ ET FÉAL, nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour nous aider à surmonter toutes les difficultés où nous nous trouvons, relativement à l'état de nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume. Ces grands motifs nous ont déterminé à convoquer l'assemblée des Etats de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour nous conseiller et. nous assister dans toutes les choses qui nous seront mises sous les yeux, que pour faire connaître les souhaits et les doléances de nos peuples : de manière que, par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l'Etat, et que les abus de tout genre soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique, et qui nous rendent à nous, particulièrement, le calme et la tranquillité dont nous sommes privé depuis si longtemps.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Convocation_des_%C3%A9tats_g%C3%A9n%C3%A9raux_de_1789

Je pense aussi que les députés des trois ordres devaient avoir une idée assez claire des doléances exprimées, chacun dans son secteur géographique, même s'ils ne les avaient pas vues dans leur rédaction définitive. Cela peut expliquer aussi pourquoi les députés du Tiers se sentent assez légitimes pour s'instituer en assemblée constituante : ils se savent en phase avec leurs électeurs, qui ont exprimé une forte demande de changement.

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Message Publié : 12 Sep 2022 12:57 
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Pierma a écrit :
ça donne l'impression que les "cahiers de doléances" sont arrivés à Versailles en même temps - ou à peu près - que les députés aux Etats Généraux.

Effectivement et c'est la règle sous l'Ancien Régime : le député apporte les doléances de son ordre de son bailliage (ou sénéchaussée).
Mais, même si le Tiers est rapidement à la manoeuvre, le Roi aurait pu anticiper certaines choses en se procurant une "synthèse".
Son immobilisme jusqu'au début du mois de juin revient à jouer avec une allumette dans une poudrière.

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Message Publié : 12 Sep 2022 13:32 
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Duc de Raguse a écrit :
Effectivement et c'est la règle sous l'Ancien Régime : le député apporte les doléances de son ordre de son bailliage (ou sénéchaussée).
Mais, même si le Tiers est rapidement à la manoeuvre, le Roi aurait pu anticiper certaines choses en se procurant une "synthèse".
Son immobilisme jusqu'au début du mois de juin revient à jouer avec une allumette dans une poudrière.

Il pouvait même s'informer au niveau local, pour anticiper, un peu comme on collecte les rapports des préfets. :rool:

Frappant aussi, le fait qu'il n'ait pas de "relais" dans le Tiers, autrement dit des interlocuteurs privilégiés avec qui il puisse évoquer les discussions en cours. (On s'apercevra plus tard que Mirabeau le faisait, mais j'ignore à quel moment cela a commencé.)

Comment a-t-il pu passer à côté du fait que les députés du Tiers allaient lui causer des soucis ? L'année qui venait de s'écouler avait démontré l'effervescence du peuple, et il était évident que ces députés ne manqueraient pas de combativité...

Et puis, cette concession qui n'en est pas une : le doublement des députés du Tiers, alors qu'il n'imagine pas autre chose que le vote par ordre ! (à la limite, ces députés peuvent juger qu'on les prend pour des ânes !) Là il y a quand même une absence criante de sens politique...

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Message Publié : 12 Sep 2022 19:48 
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Pierma a écrit :
... Il pouvait même s'informer au niveau local, pour anticiper, un peu comme on collecte les rapports des préfets. 

S'informer au niveau local aurait été une excellent initiative en effet. Par quels canaux ? Comment voyez-vous ceci sous Louis XVI ?
Citer :
... Frappant aussi, le fait qu'il n'ait pas de "relais" dans le Tiers, autrement dit des interlocuteurs privilégiés avec qui il puisse évoquer les discussions en cours. (On s'apercevra plus tard que Mirabeau le faisait, mais j'ignore à quel moment cela a commencé.)

Il y aura de la part des députés des demandes d'audition semble-t-il (post du 18 Août 2022 22:05) ; ceci sera géré par Barentin.
Les « relais » existent. La communication directe non. Noblesse et Clergé sont en ceci à la même aune. Il existe une hiérarchie tout en haut de la pyramide une étiquette. A chaque étage un protocole. Il est donc malaisé parfois de bien se comprendre.

Je vais prendre un exemple aisé.
Vous êtes invité à un repas où le service est "à la russe" ou "à la "place" : comment allez-vous faire ? A moins d'avoir les codes, vous devez attendre et scruter les personnes qui vous semblent à l'aise avec ces codes (se pencher à gauche, à droite, la place des couverts, comment boire, comment et quand utiliser sa serviette etc.). Si vous passez à côté de ces codes vous allez non seulement poser problème à votre voisin de gauche à celui de droite mais aussi et surtout à la personne qui vous sert. En faisant fi de ces codes, peut-être même en voyant que la personne qui vous sert "n'est pas un larbin" et bien vous gênez son service. Vous lui posez problème dans ce qui est son métier et dans lequel il s'est investi.
C'est la même chose avec le protocole et l'étiquette à Versailles. On est "invité", on ne peut voir ceci ou cela comme autant de vexations. Que l'on ignore les codes et que ceci "gêne" : c'est autre chose. D'où le geste du roi qui se découvre afin de se mettre au niveau du Tiers et non de le "gêner".
Cette approche me parait être la vision d'historiens assez marqués "politiquement". Ceci tient aussi peut-être d'une certaine tradition française qui vise à se présenter en opposition à tout protocole : je l'ignore dans la mesure où Versailles est encore vu comme le top pour recevoir. Allez comprendre...
Citer :
Comment a-t-il pu passer à côté du fait que les députés du Tiers allaient lui causer des soucis ? L'année qui venait de s'écouler avait démontré l'effervescence du peuple, et il était évident que ces députés ne manqueraient pas de combativité...

Le roi n'est pas passé à côté puisqu'il évoque d'emblée écarter toutes « nouveautés » autres que la consultation concernant la dette et les ajustements afin d'arriver à un consensus. On peut estimer sans trop d'erreurs que le roi est partiellement au courant.
La refonte fiscale oui, la refonte du système de gouvernement, non.
L'absolutisme est vu comme une « nouveauté » ; une discussion à la mode dans une frange de la société, frange nommée « Lumières » et vue comme détestable par la roi.

Louis XVI n'est pas sot. Le doublement du Tiers soit mais -il a dû justement avoir un juste topo du contenu des cahiers- pas le vote par tête.
En ceci, il protège les deux autres ordres piliers du trône. Il n'est pas totalement hors de toute compréhension, Montesquieu en son temps et pourtant souvent cité, n'envisageait pas autre chose qu'une société d'ordres, hiérarchisée.
Ceci a été discuté dans ce fil plus en amont.

Un roi absolu n'a pas à avoir de « sens politique » puisqu'il peut agir de manière arbitraire. Outre ceci dont Louis XVI n'abusera pas, le souverain ne peut comprendre le blocage « politique » des Parlements. Son entourage l'a pourtant prévenu : redonner pouvoir aux Parlements était une erreur. Il a trouvé ceci « libéral ». On ne peut nier qu'au début de son règne, Louis XVI a pris des positions libérales.

Maintenant le problème est la dette.
La consultation des EG ne devrait pas avoir d'autre sujet et d'autre travail via ses représentants. Qu'il y ait des doléances, c'est dans la normalité. Que les doléances montrent une refonte fiscale profonde à faire au plus vite, le roi y était préparé.
Que l'on arrive difficilement à mettre à l'ordre du jour certaines des idées de Turgot et -avec du mal- finalement obtenir une négociation, c'est très bien.
Que cette négociation tout à coup s'agrège avec l'idée d'une révision de l'absolutisme, Louis XVI ne peut pas comprendre : ceci entre dans ce qu'il nomme « nouveautés ». En discuter, s'échauffer etc. dans les salons, au sein même de la cour, dans les régions peut-être ; que l'on en fasse un sujet non négociable en corrélation avec la résolution de la dette, ceci est impensable.
Il se trouve soudain face à certain membre de sa famille (Orléans on peut imaginer que la leçon lui a été faite que rien de bon ne peut arriver des Orléans ; cf. : la Régence et les Parlements). Orléans se présente comme se positionnant sur une légalité très discutable. Il est évident que le roi ne peut avoir que des paroles d'humeur. Ces mêmes Orléans se retrouveront parmi les émigrés... Ce n'est pas franchement une position assumée mais une position opportuniste, le roi ne s'y trompe pas. Comme il voit bien l'opportunisme d'un Necker. Il rappelle Necker ce qui est vu comme une énième tergiversation mais rappeler Necker est faire un geste vis à vis de "son" peuple. Il ne se fait pas plaisir avec Necker bien conscient du marasme qu'il lui doit.

Les gestes du roi ne sont pas compris du Tiers et les demandes du Tiers sont hermétiques pour le roi. L'essentiel des uns était vu comme un HS pour l'autre. Avec ceci en préambule, on ne risquait pas "d'aboutir" sans dommages.

Supposer, sans texte, sans écrit, sans rien à présenter que le roi ceci, le roi cela (toujours à charge sans évaluer la marge de manœuvre dont il dispose) reste très discutable. Que ce roi ne soit pas celui qui aurait été souhaitable à ce moment peut-être et encore ceci dépend pour qui. Qu'il se soit montré piètre calculateur : certainement mais tout calcul ne visait pas à amoindrir le Tiers.
Rien qui n'ait déjà été évoqué dans le fil :
[url]viewtopic.php?f=55&t=41724[/url]
[url]viewtopic.php?f=55&t=21233[/url]
[url]viewtopic.php?f=55&t=28833[/url]
[url]viewtopic.php?f=55&t=39328[/url]

Je cite un intervenant concernant ce qui est « l'opinion publique » que l'on trouve comme force incontournable à ce moment :
Citer :
... mais pour travailler sur les sources de la presse, j'ai toujours en tête les remarques de Durand Echeverria, qui mettait en garde contre la tentation d'imaginer qu'une synthèse des documents littéraires, livres ou articles parus dans les périodiques représentait l'opinion. Ou Jacques Ozouf, qui écrivait en 1966 : "Certains auteurs, sans doute, continuent d'exprimer à l'égard des sources classiques - et singulièrement la presse - une confiance immédiate. Mais de plus en plus on se refuse à croire qu'une histoire de l'opinion se fabrique en cousant les unes aux autres des déclarations disparates. Même ingénieuse, toute revue se presse est un rapiéçage ; entre les citations retenues se creusent des trous vertigineux. A travers absences et présences, c'est en définitive la personnalité de l'historien qui se lit, et non l'état de l'opinion".
Bref, je crains que pour 1789-1815, l'état de l'opinion publique demeure inaccessible.


Si l'opinion publique ou ce qui est rendu comme telle est une erreur, il faut se tenir à un « échauffement » de certains esprits, échauffement très contenu dans le temps et loin d'être un relais qui ne puisse être apaisé voire un tour de passe passe de certains historiens.

Certains mettent l'opinion publique au centre du procédé qui aboutit aux doléances de 1789 (à noter que les campagnes ne voient pas plus loin que l'abolition des droits féodaux...) : je ne suis pas seule à m'interroger sur le monde rural.
Nous avons un recul de plus de 200 ans : comment attribuer à un homme (Louis XVI) une correcte lisibilité des faits qui le mettent très vite en mode « passif » ce qui lui est étranger ? C'est là que je ne comprends plus : comment charger un homme qui voit non pas un système mais une vision du monde (chez les voisins c'est quasi-identique, outre-Manche excepté) d'un monde remise en cause en prenant comme base les écrits de quelques "utopistes" ? Il suffit de constater les angoisses qui vont aussitôt se succéder au niveau du peuple et son incapacité à se "discipliner" sur une ligne. Ceci n'était pas inévitable pour Louis XVI qui en a sans doute retour : il suffisait de garder la monarchie en l'état et un état monarchique.

Et zut ! Je constate que je n'ai toujours pas compris comment sélectionner les liens !
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Message Publié : 12 Sep 2022 20:53 
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Rebecca West a écrit :
S'informer au niveau local aurait été une excellent initiative en effet. Par quels canaux ? Comment voyez-vous ceci sous Louis XVI ?

A la tête des généralités, se trouvent les intendants - visiblement frappés du même aveuglement que le roi à cette époque -, qui disposent d'une petite administration pour savoir ce qui se passe chez les populations de cette échelle locale.
Ils ont été utilisés pour mettre en pratique une politique centralisatrice, venant de Versailles, dans les provinces du royaume, trop peu comme relais informatif local, en dehors, peut-être, d'anticiper les troubles et de les mater rapidement.
Sur l'incurie qui règne majoritairement chez les fonctionnaires royaux à la fin du XVIIIème siècle, cet ouvrage, assez ancien, dispose d'éléments très éclairants :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7260j/f467.item.texteImage

Rebecca West a écrit :
Un roi absolu n'a pas à avoir de « sens politique » puisqu'il peut agir de manière arbitraire.

Dans un contexte révolutionnaire pluriel (Etats-Unis, Provinces Unies, et plus anciennement Angleterre), c'est un aveuglement total de penser qu'un monarque ne devait avoir de "sens politique" - Louis XVI le croyait-il vraiment ? Je ne le pense pas.
Quant à "l'opinion publique", elle est généralement façonnée par l'élite, qui profite des plaintes traditionnelles de la population (fiscalité trop lourde, arbitraire, corruption des fonctionnaires, etc.) pour distiller ses solutions dans les "médias" (pamphlets, caricatures, libelles, etc) dont elle peut assurer le contrôle.

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Message Publié : 12 Sep 2022 22:04 
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Duc de Raguse a écrit :

Rebecca West a écrit :
Un roi absolu n'a pas à avoir de « sens politique » puisqu'il peut agir de manière arbitraire.

Dans un contexte révolutionnaire pluriel (Etats-Unis, Provinces Unies, et plus anciennement Angleterre), c'est un aveuglement total de penser qu'un monarque ne devait avoir de "sens politique".

Je trouve peu réaliste cette vision d'un monarque absolu qui pourrait donc tout se permettre, et n'aurait même pas besoin de (bien) faire de la politique.

S'il n'en fait pas, d'autres en feront à sa place. J'ai déjà signalé que c'était le cas des parlements, mais le peuple qui ne se gène pas pour manifester son mécontentement en fait aussi.
De plus - Duc de Raguse l'a évoqué - depuis Louis XV (qui pensait que ça n'avait pas d'importance), il n'y a quasiment plus aucun contrôle sur les gazettes, les "petites feuilles", les "feuilles à la main" et je ne sais quoi encore, ou non seulement on parle politique, et avec des idées larges, mais où l'image du couple royal est détruite page après page. Quand le contenu n'est pas politique - ou informatif - il est tout bonnement ordurier !

Dans l'affaire du collier, Louis XVI, roi absolu qui aurait pu envoyer aux galères tous les protagonistes, laisse la reine défendre sa cause devant le Parlement, qui lui fera l'affront à peine pensable d'acquitter le duc de Rohan, ce qui signifiait que le Parlement validait publiquement et officiellement le fait que la reine avait tenu des rendez-vous nocturnes dans le parc de Versailles pour un colossal achat de bijoux clandestin et à crédit. 8-|

Un minimum de sens politique aurait averti le roi que le Parlement de Paris était son pire ennemi et qu'il n'y a pas d'audace qu'il s'interdise contre lui. En tout cas ce qui restait de prestige à la monarchie est balayé par cette erreur absolue, et les ordures vont pleuvoir sur Madame Déficit. (Je viens de lire sous la plume de Gilles Perrault que bien avant ce procès, il se publiait en feuilleton des titres du genre : "les amours d'Antoinette et du vizir Vergennes"...)

On discute de la perception du Tiers par Louis XVI et de son défilé de premiers ministres, mais il n'est pas inutile de rappeler que tout cela se déroule dans un climat "médiatique" épouvantable pour lui et son épouse. (Un Louis XIV aurait fait un massacre de tous ces imprimeurs et gazetiers, mais en fait, plus simplement, lui il avait une censure qui fonctionnait.)

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Message Publié : 13 Sep 2022 2:26 
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Pierma a écrit :
S'il n'en fait pas, d'autres en feront à sa place. ... (Un Louis XIV aurait fait ...

Je suis tout à fait d'accord concernant le climat plus que lourd. Vous amenez l'éternelle comparaison avec Louis XIV. Allons-y.
Louis XV et son image écornée par le choix de ses maîtresses ; d'où sortaient celles de Louis XIV ? Quel passé était celui de Madame de Maintenon ?
La Montespan ? C'est l'affaire des poisons et les bâtards légitimés (bien avant que la succession louisquatorzienne pose problème). Les branches Bourbon (Condé, Conti, Orléans) sont volontairement vérolées (les descendants en feront payer le prix aux deux souverains qui suivront).
Ceux qui cabaleront contre une Pompadour comme une du Barry et diffuseront des rumeurs -vraies ou fausses- concernant la dauphine seront souvent les rejetons de ces branches ou leurs affidés.

L'affaire du collier ? Louis XVI n'a pu s'appuyer sur une « chambre ardente » puis mettre la poussière sous le tapis. La mode n'était plus à un Parlement aux ordres du souverain et certains ministres sinon l'entourage proche du roi se seraient fait une joie d'avertir les libellistes de la suite avortée des événements. Les mots "affaires d'Etat" avaient à ce moment un sens bien différent.

La censure est un problème à double tranchant :https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1995-06-0120-015
Citer :
Je trouve peu réaliste cette vision d'un monarque absolu qui pourrait donc tout se permettre, et n'aurait même pas besoin de (bien) faire de la politique.

C'est vrai, je suis un peu à côté. :-) «... tout se permettre... » : ceci semble être ce que le « peuple » comprend.

La pensée a profondément évolué. Tout est tourné vers l'étude de "l'évolution" (choses, des êtres etc.). La royauté ne fait pas exception. Dans un monde où tout devient objet de discussion et où le débat se veut essentiellement rationnel, la "royauté" n'a plus lieu d'être. Comment le souverain peut-il combattre ce système de pensée ?

« … d'autres le feront à sa place... » vous avez totalement raison. Turgot était une opportunité. Le roi s'est laissé influencé pour certains par son épouse, pour d'autres par ses tantes, pour d'autres encore, le problème était plus personnel.
Un Louis XIV avait une famille réduite.
Monsieur lui fera de l'ombre lors d'une bataille (Boileau écrira à ce sujet) : Monsieur se verra renvoyé à ses rubans et ses talonnettes. L'armée : c'est terminé autrement qu'en carrosse-visiteur.
On ne peut plus agir ainsi sous Louis XVI, la Cour est le lieu de contre-pouvoirs qui s'expriment. Il faut gérer le tout en maintenant un équilibre avec l'extérieur. C'est un travail de titan dans une période où tout est négocié, discuté, disputé. La "carotte et le bâton" ceci ne fonctionne plus. Tout est bloqué : plus d'ascenseur.

Louis XVI a laissé passer de grandes opportunités, pas plus qu'un Louis XIV ou un Louis XV, ce qui en découle est bien différent.
Le côté « sacré » de la royauté a disparu ; seule une frange très populaire (ce n'est pas péjoratif) continue avec ce respect du « sacré », ceci est considéré comme une marque d'immaturité lorsque ce n'est pas d'aliénation.

Tout comme vous, je vois une influence prégnante que ce que l'on nomme « opinion publique » cependant je tiens compte de l'avis d'un intervenant qui est estimé incontournable dans l'analyse de la période.

Un autre aurait-il mieux fait : au final il semble que ce soit l'interrogation ? Nous ne saurons jamais.
Nous sommes à une période où l'essentiel de la France se trouve -pour diverses raisons- mal représentée par son souverain. Est-ce la personne ? Est-ce la fonction ? Les deux ? Est-ce vraiment l'essentiel du peuple  ? Une minorité qui va savoir agglutiner une majorité ? Aujourd'hui encore ceci semble ne pas faire consensus ; rien de plus normal : une dynamique est due à l'association de plusieurs forces avec -simultanément- l'opposition d'autres forces.
Duc de Raguse a écrit :
A la tête des généralités, se trouvent les intendants - visiblement frappés du même aveuglement que le roi à cette époque -, qui disposent d'une petite administration pour savoir ce qui se passe chez les populations de cette échelle locale.

Merci. J'avais trouvé ceci :https://www.persee.fr/doc/rhmc_0996-2743_1903_num_5_1_4256
On peut apprécier le pouvoir d'interprétation laissé aux intendants. Ils n'ont aucun intérêt à faire remonter des informations contenant l'éventualité de problèmes, ne serait-ce pas risquer la place ?
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Message Publié : 13 Sep 2022 15:48 
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Rebecca West a écrit :
Ils n'ont aucun intérêt à faire remonter des informations contenant l'éventualité de problèmes, ne serait-ce pas risquer la place ?

En théorie si, puisqu'ils sont les principaux "correspondants" du Conseil du roi et plus précisément du Contrôleur général des Finances, véritable principal ministre. Les intendants renseignent donc le roi sur l'état de leur généralité.
Cela dit, encore faut-il qu'on leur demande quelque chose et qu'ils en aient l'habitude.
Visiblement ce n'est pas ce qui s'est produit sous le règne de Louis XVI, s'ôtant par là de toute capacité de compréhension de ce qui pouvait se passer dans son royaume.
Restent les fameuses lectures des cahiers de doléances, en l'absence de sources concordantes, il semble que personne dans le Conseil du roi ne se doit donné la peine de les lire ou de s'en procurer une synthèse, à la fin du mois de mai ou après.

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Message Publié : 14 Sep 2022 11:13 
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Philippe de Commines
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Inscription : 23 Avr 2008 10:32
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Localisation : région de Meaux
Duc de Raguse a écrit :
il semble que personne dans le Conseil du roi ne se doit donné la peine de les lire ou de s'en procurer une synthèse, à la fin du mois de mai ou après.


J'aimerais soumettre une autre hypothèse pour expliquer l'aveuglement ou la surdité du gouvernement royal aux clameurs de mécontentement et revendications qui s'expriment dans le royaume. Je pense que les gens comme Necker, influencés peut-être par le despotisme éclairé en vigueur dans certaines monarchies du nord et de l'est de l'Europe, considère que, s'il faut gouverner dans l'intérêt du peuple, celui-ci n'est pas le meilleur interprète de son propre intérêt et que, pour son propre bien, il faut le tenir à l'écart de ses propres affaires. C'est l'idée que l'on retrouve dans ses écrits.
Dans ce cas, à quoi bon tenir compte du contenu des cahiers de doléances, puisque Necker conteste l'existence même d'une volonté générale. Le peuple dans son écrasante majorité ne possède pas les "lumières" lui permettant d’émettre une opinion éclairée sur quelque sujet que ce soit (opinion qui d'ailleurs prospère encore de nos jours)... Par conséquent, à quoi bon écouter... Les États généraux ne devaient être qu'une assemblée sensée approuver la politique éclairée du Contrôleur général des finances...

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Message Publié : 14 Sep 2022 17:17 
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Jean Froissart
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Inscription : 13 Juin 2017 16:04
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Duc de Raguse a écrit :
En théorie si, puisqu'ils sont les principaux "correspondants" du Conseil du roi et plus précisément du Contrôleur général des Finances, véritable principal ministre. Les intendants renseignent donc le roi sur l'état de leur généralité.

Se pourrait-il que Louis XVI ait vu dans la personne du Contrôleur Général des Finances, une source de tracas et la concentration des diverses oppositions qui faisaient corps autour de lui à ce moment ?
Il est à noter un consensus au sein des contre-pouvoirs quand il s'agit de l'éviction de l'un ou l'autre ou encore d'une pression usante pour le souverain qui finit par accéder aux demandes (il faut respirer). Tout semble alors être le fruit d'impulsions, ce qui est : Louis XVI se donne un temps de respiration et reconsidère ce qui a été lâché. Parfois, il rétropédale.
Je le répète, l'homme est entouré de fossoyeurs.
Le roi aurait-t-il placé/transféré cet état de marasme dans lequel il était empêtré sur la personne du Contrôleur en se rendant sourd à tout ce qui pouvait remonter via des canaux qui lui étaient personnels ?

Faute d'avoir des synthèses de Cahiers, il nous faut penser que Louis XVI s'est présenté devant les EG certain (?) d'une possibilité de négociation(s) avec les deux ordres (Clergé et Noblesse) en s'appuyant sur le Tiers Etat comme on agite un épouvantail. Si ceci fut, le calcul était bien mauvais et ceux du Clergé comme la Noblesse tout autant.
Il faut constater une chose : non seulement le roi mais encore le haut Clergé et la Noblesse n'étaient pas plus connectés au problèmes agitant le royaume.
Peut-on être aveugles et sourds à ce point ? A moins de n'y voir que des querelles ayant déjà secoué la monarchie, querelles ayant eu des conclusions bénéfiques pour les deux ordres privilégiés.
Liber Censualis a écrit :
Je pense que les gens comme Necker, influencés peut-être par le despotisme éclairé en vigueur dans certaines monarchies du nord et de l'est de l'Europe, considère que, s'il faut gouverner dans l'intérêt du peuple, celui-ci n'est pas le meilleur interprète de son propre intérêt ... il faut le tenir à l'écart ...

Je suis très preneuse de cette vision.
La conscience des représentants puis de leur autorité n'est pas niable. Elle est d''autant plus aigüe chez certains que l'ascenseur des « roturiers » est bloqué.
La force des événements rendent ensuite ces personnes incontournables. Cette nouvelle redistribution du pouvoir ne peut que les ancrer dans une analyse : ils sont les détenteurs encore tâtonnants d'un nouvel ordre des choses et des personnes.
Là est le "problème". Un Louis XVI a une vision et s'arcboute sur cette vision (le temps et ses incidences), les représentants une autre (il n'y a de projection que dans l'immédiat).
La notion de "temporalité" est faussée et le consensus ne peut se faire. C'est le choc de deux appréciations différentes du monde dans lequel chacun évolue.

Necker, protestant, est un habitué de cette dynamique. On applaudit Necker parce-qu'il est ressenti comme « proche du peuple », ce qui est une erreur mais montre bien que le « peuple » n'est pas encore « mûr » pour se gouverner voire choisir des représentants qui soient des courroies de transmission fiables.
Pour certains endroits dont les endroits : ruralité ou dits « entre terre et mer », c'est à côté. Lorsque l'on s'attache à reprendre le pourcentage de cette ruralité, la qualité des représentants (souvent des hommes flanqués d'une vision de juristes). Il est légitime d'avoir des doutes.
Au niveau du village, c'est encore bon. Ceci va être écrêté au bailliage pour ne conserver que les demandes incontournables qui vont servir d'assiette à des demandes législatives bref, d'une demande de redistribution des pouvoirs.
Ceci explique aussi ce qui est considéré comme "flou" chez Necker. Ce n'est pas "flou" mais évident : un peuple a besoin d'être éduqué/dirigé et il existe des pasteurs dont c'est le rôle.

Lorsque certains vont se rendre compte qu'ils ne sont plus réellement le centre des événements, ceci va se traduire par une désaffection et un abandon de "la cause". Ces querelles ne sont pas représentatives et ne les concernent pas. Ce qui sera qualifié postérieurement d'attitude "contre-révolutionnaire" avec ce que l'appellation comporte de sanctions.

Merci Liber :-)
.

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Message Publié : 14 Sep 2022 19:16 
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Inscription : 10 Fév 2009 1:12
Message(s) : 9070
Je crois que personne n'anticipait grand chose, si ce n'est l'anticipation fausse du clergé et de la noblesse qu'ils allaient être majoritaires aux Etats Généraux.

En tous cas personne n'a anticipé que le Tiers allait renverser la table ! (Sauf que l'idée d'une constitution devait courir dans pas mal d'esprits des délégués du Tiers, dans lequel vous soulignez avec raison le nombre de juristes.)

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Message Publié : 14 Sep 2022 21:28 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 16:04
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Pierma a écrit :
Je crois que personne n'anticipait grand chose,...

Vous avez raison. Je vais être plus claire : ce que je nomme anticipation est en grande partie (mais pas que) ce que vous nommez "sens politique".
Anticiper est avoir un sens politique, une vision politique additionnée à d'autres paramètres qui tiennent, par exemple, de la place au sein d'une société, d'une implication plus ou moins grande dans le fonctionnement du système qui régit cette société etc.
Ces personnes sont -ce n'est que mon avis- capables "d'anticiper" certains événements et, par là, avoir parfois "un coup d'avance". Il reste une part d'inconnu ; cependant, plus l'anticipation est grande, plus la "fortune" tient un rôle minime.
Je préfère ceci au p.-passé "éclairé".
On peut ne pas avoir lu Voltaire et consorts et posséder une capacité "d'anticipation" ou un "sens politique" entre autres choses ; on peut décliner du Rousseau et n'avoir aucun sens politique ou n'être guère capable "d'anticipation".
Necker, l'exemple n'est peut-être pas le meilleur, a digéré les "Lumières" et certaines choses tiennent -pour ce le concerne- tellement de l'évidence que son "sens politique", sa capacité "d'anticiper" va être biaisé(e). Cet homme -économiste et pragmatique- voit le besoin d'une société hiérarchisée pour impulser une dynamique là où certains -la plupart des "révolutionnaires"- vont opter pour une société "égalitaire" pendant un moment...
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