Forum Histoire - Passion Histoire :: Consulter le sujet - Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitterrand

Souvenir perso matin du lundi 11 mai
Trajet transports en commun de Paris à St Cyr l’École, voyageurs exprimant leur joie dans les transports et dès que je franchis la grille d'entrée du Lycée Militaire : tout le monde fait la tronche...
les deux France ?

Les Américains, pour qui c'était l'arrivée des Rouges au pouvoir, se sont calmés lorsque Mitterrand, au cours d'un voyage à Washington, leur a dévoilé les renseignements obtenus à Moscou par la source Farewell : ces Français n'étaient donc pas passés à l'ennemi.

ticle intitulé Rien d'important. Il expliquait alors que rien d'important ne s'était passé, aucun changement fondamental à prévoir. Une fois de plus, l'avenir lui a donné raison.

Lorsque les résultats de l'élection présidentielle de 1981 sont proclamés à 20h, sanctionnant ainsi la victoire de François Mitterrand, une grande espérance nait dans tout le pays et plus particulièrement dans ce qui est appelé "le peuple de gauche".
En effet, le personnage qui en est l'incarnation permet aux Français de goûter à l'alternance politique, car depuis la naissance de la Vème République, en 1958, aucun autre candidat que ceux du parti gaulliste (UNR, UDR, RPR) ou de partis alliés (comme l'UDF), n'avait remporté l'élection présidentielle.
Dans la soirée du 10 mai 1981 de nombreuses places centrales de grandes villes de France se couvrent de groupes de personnes, sorties fêter cette victoire historique, à l'image de la place de la Bastille à Paris.

Cette espérance pour les uns, comme l'application du programme de la gauche, s'accompagne de craintes (parfois fantasmées) pour d'autres, comme l'arrivée de chars soviétiques à Paris ou l'expropriation de certains possédants.

Quel(s) héritage(s) de cette alternance historique 41 ans après ? Au niveau de la société, de l'économie, de la diplomatie ou encore des institutions de la Vème République, que François Mitterrand avait tant critiqué dans les années 1960 ?

D’autres cependant se veulent immédiatement plus rassurants. C’est le cas de Louis Pauwels qui, dans Le Figaro Magazine, fait cette prédiction : Mitterrand a changé de nature en changeant de fonction ; le président de la République déjugera vite le candidat socialiste.

Liber censualis a écrit :

Je pense plutôt que ce sont les limites budgétaires et les dévaluations successives ont imposé "le tournant de la rigueur. Il y a eu dans la mise en chantier du Programme Commun une foule de dépenses que la France n'était pas en mesure de payer.
Déjà, quand vous commencez par embaucher 200 000 fonctionnaires, il faut bien que l'argent sorte de quelque part.

Et puis +30% sur le Smic, c'est bien gentil, mais les entreprises pouvaient-elles absorber un tel choc ?

Auteur :	Duc de Raguse [ 10 Mai 2022 16:36 ]
Sujet du message :	Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitterrand
Lorsque les résultats de l'élection présidentielle de 1981 sont proclamés à 20h, sanctionnant ainsi la victoire de François Mitterrand, une grande espérance nait dans tout le pays et plus particulièrement dans ce qui est appelé "le peuple de gauche". En effet, le personnage qui en est l'incarnation permet aux Français de goûter à l'alternance politique, car depuis la naissance de la Vème République, en 1958, aucun autre candidat que ceux du parti gaulliste (UNR, UDR, RPR) ou de partis alliés (comme l'UDF), n'avait remporté l'élection présidentielle. Dans la soirée du 10 mai 1981 de nombreuses places centrales de grandes villes de France se couvrent de groupes de personnes, sorties fêter cette victoire historique, à l'image de la place de la Bastille à Paris. Cette espérance pour les uns, comme l'application du programme de la gauche, s'accompagne de craintes (parfois fantasmées) pour d'autres, comme l'arrivée de chars soviétiques à Paris ou l'expropriation de certains possédants. Quel(s) héritage(s) de cette alternance historique 41 ans après ? Au niveau de la société, de l'économie, de la diplomatie ou encore des institutions de la Vème République, que François Mitterrand avait tant critiqué dans les années 1960 ?

Auteur :	Pierma [ 10 Mai 2022 20:29 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
C'est anecdotique, mais je me souviens d'une brève du Canard cette semaine là : une cliente s'est précipitée au Crédit Lyonnais pour retirer tous ses avoirs (avant que les Rouges ne les prennent) et les employés amusés ont dû lui expliquer que sa banque était nationalisée depuis 1945 !

Auteur :	Pouzet [ 10 Mai 2022 20:57 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Jacques Attali a publié l'an dernier à la même date un ouvrage à ce sujet "Il y aura d'autres jolis mois de mai" Pas mal !

Auteur :	Barbetorte [ 10 Mai 2022 21:47 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Cette cliente du Crédit Lyonnais n’était pas la seule à être angoissée. Tandis que la jeunesse de gauche voyait arriver le grand soir, pour beaucoup l’élection de Mitterrand n’était pas seulement une défaite électorale mais une véritable catastrophe. Beaucoup de valises pleines de billets ou de lingots ont passé la frontière suisse. L’inquiétude était grande aussi à Washington ce qui a motivé une visite du vice-président des Etats-Unis, Georges Bush senior, à l’Elysée. Il y a au moins une personnalité du monde des affaires qui aurait pu avoir des motifs d’inquiétude mais qui a su garder la tête froide, c’était Marcel Dassault. Il avait vécu le Front Populaire et il s’en était bien tiré. Il avait pu aussi rentrer vivant de Ravensbrück grâce aux Communistes, mais c'est une autre histoire.

Auteur :	bourbilly21 [ 11 Mai 2022 7:28 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Souvenir perso matin du lundi 11 mai Trajet transports en commun de Paris à St Cyr l’École, voyageurs exprimant leur joie dans les transports et dès que je franchis la grille d'entrée du Lycée Militaire : tout le monde fait la tronche... les deux France ?

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Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitterrand http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=114&t=42751	Page 1 sur 3

Auteur :	supertomate [ 11 Mai 2022 12:18 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Pendant que le peuple de gauche exultait et croyait que l'on allait changer la vie (titre de l'hymne socialiste), que le peuple de droite exportait ses lingots ou tremblait pour son bas de laine, que des américains et d'autres craignaient les chars soviétiques, Jacques Ellul écrivait dans le monde du 27 mai 1981 un article intitulé Rien d'important. Il expliquait alors que rien d'important ne s'était passé, aucun changement fondamental à prévoir. Une fois de plus, l'avenir lui a donné raison. L'article est visible ici pour les abonnés au monde.

Auteur :	Duc de Raguse [ 11 Mai 2022 18:38 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Avait-il déjà compris le nécessaire "tournant" de 1983 et l'impossibilité de mettre réellement en place le programme économique de la gauche ?

Auteur :	Pierma [ 11 Mai 2022 19:14 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
bourbilly21 a écrit : Souvenir perso matin du lundi 11 mai Trajet transports en commun de Paris à St Cyr l’École, voyageurs exprimant leur joie dans les transports et dès que je franchis la grille d'entrée du Lycée Militaire : tout le monde fait la tronche... les deux France ? Les militaires l'avaient mauvaise : Charles Fitterman, communiste, ministre des transports, s'est finalement vu retirer, à la demande du CEMA, la gestion de la logistique civile en cas de guerre. (Réquisition des camions, des entreprises de transport, etc...) Ils craignaient un désordre délibéré. Les Américains, pour qui c'était l'arrivée des Rouges au pouvoir, se sont calmés lorsque Mitterrand, au cours d'un voyage à Washington, leur a dévoilé les renseignements obtenus à Moscou par la source Farewell : ces Français n'étaient donc pas passés à l'ennemi.

Auteur :	bourbilly21 [ 12 Mai 2022 7:23 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Pierma a écrit : Les Américains, pour qui c'était l'arrivée des Rouges au pouvoir, se sont calmés lorsque Mitterrand, au cours d'un voyage à Washington, leur a dévoilé les renseignements obtenus à Moscou par la source Farewell : ces Français n'étaient donc pas passés à l'ennemi. Moment essentiel Reagan d'abord sceptique puis impressionné Je découvre cette affaire avec Attali (Verbatim)

Auteur :	Pouzet [ 28 Mai 2022 21:39 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Citer : ticle intitulé Rien d'important. Il expliquait alors que rien d'important ne s'était passé, aucun changement fondamental à prévoir. Une fois de plus, l'avenir lui a donné raison. Je ne suis pas du tout d'accord ! Dans ma banlieue lyonnaise (Vénissieux) les semaines suivants le changement de président on a vu des dizaines, des centaines, puis au fil des ans des milliers de voitures incendiées et quelques années plus tard l'apparition du Front National, D'un autre côté des millions de personnes ont pu profiter des nouvelles radios libres, puis des nouvelles chaînes de TV, puis du Minitel, etc..., etc....

Auteur :	Pierma [ 29 Mai 2022 0:12 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Plusieurs économistes ont signalé que le passage par la case "Nationalisations" avait permis de recapitaliser (je veux dire redonné une capacité de financement) à des grandes entreprises industrielles qui ne margeaient pas assez. Et donc réduisaient la R&D. (Recherche et développement.) Re-privatisées par Chirac, elles se sont retrouvées en bien meilleure position, et l'état retrouvait et ré-encaissait le coût des nationalisations. Tout en gardant la main dessus grâce aux noyaux durs d'actionnaires qui ont fait couler tant d'encre à l'époque. Le cas emblématique est Alsthom. Dassault aussi, sans doute, qui n'a même pas changé de patron au cours de ce passage sous la tutelle de l'état.

Auteur :	Jadis [ 29 Mai 2022 18:26 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Pour l'anecdote, si on se souvient bien du "vote selon sa conscience", demandé par Jacques Chirac aux militants RPR, l'histoire a oublié la position des deux autres candidats gaullistes à l'élection présidentielle de 1981 : Michel Debré, l'ancien Premier ministre du général de Gaulle, se rallie à Giscard au 2nd tour... mais Marie-France Garaud préfère appeler à voter "blanc".

Auteur :	Liber censualis [ 10 Mai 2023 15:47 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Duc de Raguse a écrit : Lorsque les résultats de l'élection présidentielle de 1981 sont proclamés à 20h, sanctionnant ainsi la victoire de François Mitterrand, une grande espérance nait dans tout le pays et plus particulièrement dans ce qui est appelé "le peuple de gauche". En effet, le personnage qui en est l'incarnation permet aux Français de goûter à l'alternance politique, car depuis la naissance de la Vème République, en 1958, aucun autre candidat que ceux du parti gaulliste (UNR, UDR, RPR) ou de partis alliés (comme l'UDF), n'avait remporté l'élection présidentielle. Dans la soirée du 10 mai 1981 de nombreuses places centrales de grandes villes de France se couvrent de groupes de personnes, sorties fêter cette victoire historique, à l'image de la place de la Bastille à Paris. Cette espérance pour les uns, comme l'application du programme de la gauche, s'accompagne de craintes (parfois fantasmées) pour d'autres, comme l'arrivée de chars soviétiques à Paris ou l'expropriation de certains possédants. Quel(s) héritage(s) de cette alternance historique 41 ans après ? Au niveau de la société, de l'économie, de la diplomatie ou encore des institutions de la Vème République, que François Mitterrand avait tant critiqué dans les années 1960 ? Un an plus tard, je relance ce fil anniversaire, pour évoquer le fait que l’élection de François Mitterrand venait à contre-courant de l’ère néolibérale qui est la contre-révolution du moment (Thatcher accède au pouvoir en 1979, Reagan est élu en 1980). Même le chancelier social-démocrate allemand Helmut Schmidt, dont les relations avec Valéry Giscard d’Estaing étaient excellentes, est désappointé : lui aussi avait été un keynésien, avant de juger finalement que « les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain qui font les emplois d’après-demain » - formule qui devient aussitôt un théorème pour dissertation de science économique, tout en disant l’air du temps. D’autres cependant se veulent immédiatement plus rassurants. C’est le cas de Louis Pauwels qui, dans Le Figaro Magazine, fait cette prédiction : Mitterrand a changé de nature en changeant de fonction ; le président de la République déjugera vite le candidat socialiste.

Auteur :	Pierma [ 10 Mai 2023 21:17 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Liber censualis a écrit : D’autres cependant se veulent immédiatement plus rassurants. C’est le cas de Louis Pauwels qui, dans Le Figaro Magazine, fait cette prédiction : Mitterrand a changé de nature en changeant de fonction ; le président de la République déjugera vite le candidat socialiste. Je pense plutôt que ce sont les limites budgétaires et les dévaluations successives ont imposé "le tournant de la rigueur. Il y a eu dans la mise en chantier du Programme Commun une foule de dépenses que la France n'était pas en mesure de payer. Déjà, quand vous commencez par embaucher 200 000 fonctionnaires, il faut bien que l'argent sorte de quelque part. Et puis +30% sur le Smic, c'est bien gentil, mais les entreprises pouvaient-elles absorber un tel choc ?

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Auteur :	Liber censualis [ 11 Mai 2023 11:25 ]
Sujet du message :	Re: Ce jour là : 10 mai 1981, la victoire de François Mitter
Pierma a écrit : Liber censualis a écrit : D’autres cependant se veulent immédiatement plus rassurants. C’est le cas de Louis Pauwels qui, dans Le Figaro Magazine, fait cette prédiction : Mitterrand a changé de nature en changeant de fonction ; le président de la République déjugera vite le candidat socialiste. Je pense plutôt que ce sont les limites budgétaires et les dévaluations successives ont imposé "le tournant de la rigueur. Il y a eu dans la mise en chantier du Programme Commun une foule de dépenses que la France n'était pas en mesure de payer. Déjà, quand vous commencez par embaucher 200 000 fonctionnaires, il faut bien que l'argent sorte de quelque part. Et puis +30% sur le Smic, c'est bien gentil, mais les entreprises pouvaient-elles absorber un tel choc ? Je me positionnais au moment de l'élection, pas deux ans plus tard.