Liber censualis a écrit :
Pour l'auteur du "Déluge", l'armistice fut une aubaine pour l'Allemagne. Il intervient juste à temps, alors que l'Allemagne en état de déliquescence avancée sombre dans la révolution. Or, si Clemenceau et Lloyd George avaient eu conscience (ce qui selon Tooze n'était pas du tout le cas) de l'affaiblissement radical de leur ennemi, ils n'auraient jamais accepté d'entrer dans le jeu de Wilson.
Je me suis peut-être mal exprimé, mais Renouvin n'écrit pas l'inverse. Il y avait une méconnaissance au niveau de l'Entente de l'état de l'armée allemande qui était flagrante.
Cela dit, Ludendorff grossit le trait à la fin du mois de septembre, car avant le début du mois de novembre l'armée allemande résiste plutôt bien : elle recule, certes, mais en bon ordre et les cas de désertions sont finalement faibles. Il n'y a pas eu la panique et le risque de perdre l'armée comme Ludendorff le laissait croire fin septembre.
De toute manière, en demandant l'armistice et la paix en premier c'est bien l'Allemagne qui est maitresse du sablier. Pendant deux semaines cette demande - et surtout le fait que Wilson joue sa partition tout seul, sans convier les franco-anglais à ses réflexions - sera très mal vécue par les autres puissances de l'Entente. Certains penseront même (ce que cherchaient les Allemands ?) qu'un risque de paix séparée étaient à craindre. Mais la note de Wilson de fin octobre rassura tout le monde, sauf les Allemands.
Liber censualis a écrit :
Peut-être les allemands ont-ils déploré une certaine duplicité de Wilson, néanmoins il semble que pour eux l'armistice tombait à point nommé, car plus aucune résistance militaire n'était possible...
Effectivement, à cette date (début novembre), les Allemands ne pouvaient plus rien faire d'autre qu'accepter, sans conditions, puisque la révolution (entrainée, en partie, par toutes les lenteurs des échanges diplomatiques et l'immobilisme du gouvernement, sans compter la fameuse sortie de la flotte avortée à Kiel) avait éclaté et que l'Autriche-Hongrie avait fait défection.
Ce qui me surprend toujours, c'est à quel point Ludendorff et Hindenburg se sont couchés, alors que les conditions ne le justifiaient pas encore, uniquement pour éviter une capitulation quelques mois après. Plaçant les politiques en situation de négocier avec l'Entente, ils ont totalement fuit leurs responsabilités, pour, ensuite, inventer la thèse du "coup de poignard dans le dos" (qu'ils ont bien provoqué...).