Jean-Marc Labat a écrit :
La propagande est-allemande le qualifiait de antifaschistischer Schutzwall, mur de protection anti-fasciste, donc il n'était pas destiné à empêcher les citoyens de la RDA de partir, mais à interdire aux fascistes d'entrer
Gilles Perrault, qui a été amené à faire pas mal d'aller-retour d'est en ouest dans les années 70, raconte ceci : lors d'un de ses passages à Berlin-Est, où ses contacts sont les survivants berlinois de l'Orchestre Rouge (où ils sont décorés et honorés pour leur action contre Hitler, alors qu'à l'ouest on les considérerait volontiers comme des traitres à l'Allemagne) il passe sur une place de Berlin Est pavoisée de photos, intercalées, dont une sur deux porte le casque typique des Vopos.
Son compagnon très gêné lui explique que les affiches alternent un ancien membre de l'Orchestre Rouge (vu comme antifasciste pour avoir combattu Hitler, ce qui se justifie, ou alors plus personne n'est antifasciste et plus rien n'a de sens) et un membre des Vopos tué au cours d'un échange de coups de feu avec la police de l'ouest, comme il s'en produit régulièrement, notamment lors de passages de réfugiés. (Ce Vopo est vu comme antifasciste parce qu'il est mort en combattant les fascistes de l'ouest et en défendant le Mur qui protège la RDA, ce qui est totalement absurde.) Gilles Perrault fait part de son étonnement, son ami lève les yeux au ciel et fait un geste d'impuissance : tout est bon à prendre pour la propagande du régime...
(Il faudra que je parle de cet ouvrage "Check Point Charlie" où Gilles Perrault évoque des démêlées Est-Ouest où tout n'est pas noir et blanc, ce qui donne une couleur intéressante à la Guerre Froide : sans en être acteur, il en côtoie les protagonistes pour des raisons fort honorables, on est donc loin de John le Carré et c'est souvent inattendu.)